Benalla : un agenda (...)

Benalla : un agenda judiciaire chargé

Il fait aussi sa rentrée, elle a une évidente dimension politique, mais il s’en serait sans doute bien passé. Alexandre Benalla comparait à partir d’aujourd’hui devant le tribunal judiciaire de Paris pour répondre de « violences en réunion » et de port d’armes. Son procès est prévu sur deux jours, qui ne seront pas de trop pour aborder les différentes facettes d’une personnalité aujourd’hui contestée, qui réussit à intégrer pendant plusieurs mois l’équipe rapprochée du président de la République.

Premier dossier, celui des violences en réunion : le 1er mai 2018 à Paris, le chargé de mission à l’Elysée est intervenu manu militari sur la place Contrescarpe contre un jeune couple qui a toujours affirmé ne pas manifester, être sur les lieux pour prendre un pot à la terrasse d’un café d’où il aurait balancé des projectiles sur des CRS. Les images de cette interpellation musclée par Benalla ont fait le tour du web, provoquant gêne et indignation. On y voit Benalla, portant un casque, tirer par le cou la jeune femme puis s’en prendre violemment à son compagnon, déjà à terre, pourtant déjà maîtrisé par des CRS.

Deuxième dossier : il devra aussi expliquer pourquoi il a continué à voyager avec des passeports diplomatiques plusieurs mois après son licenciement de l’Elysée. Une affaire gênante pour le pouvoir qui, à tout le moins, n’a pas fait preuve d’une grande vigilance ni réactivité après les révélations sur les agissements violents de l’ancien collaborateur du « Château ».

Après son licenciement, Alexandre Benalla a fait jouer ses réseaux – qui semblent nombreux et influents à l’époque – pour se reconvertir comme intermédiaire d’affaire. On le retrouve d’abord au Maroc, puis dans plusieurs pays africains, en contact avec des chefs d’entreprises qui ont été en délicatesse avec la justice et/ou en relation avec des chefs d’Etats ou leur entourage. Il s’intéresse alors à la cybersécurité, à l’électricité, dans le but de créer une société de conseil. Pour ces déplacements, il utilisait donc de manière surprenante des passeports diplomatiques qu’il aurait dû rendre après s’être fait virer par l’Elysée. On dit à l’époque qu’il veut se présenter aux élections municipales de Saint Denis, mais s’il en a eu le projet, celui-ci n’a pas abouti. Un nouveau coup de bluff, ou une provocation vis-à-vis de ses anciens employeurs ?

Demain soir, Alexandre Benalla n’en aura pas fini avec la justice. D’autres procédures judiciaires le concernant sont toujours en cours. L’une porte sur des soupçons de corruption dans un contrat passé entre une entreprise et un oligarque russe. Une autre vise des soupçons de faux témoignages devant la commission d’enquête du Sénat. Le tribunal aura fort à faire pour jeter la lumière sur les activités réelles ou supposées de cet homme de l’ombre qui aime quand même beaucoup la lumière des projecteurs…

Photo de Une : Alexandre Benalla DR : Public Sénat

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