Clélia Cassé présidente

Clélia Cassé présidente 2025 du conseil de prud’hommes de Nice : "Notre meilleur atout est la connaissance du monde de l’entreprise"

Le Conseil de Prud’hommes de Nice a tenu son audience solennelle de rentrée ce lundi 3 février 2025. L’occasion de dresser le bilan de l’année écoulée et d’annoncer les enjeux de la nouvelle année judiciaire. La présidence a changé de mains, passant de Christophe Probst à Clélia Cassé, qui avait déjà occupé le poste il y a deux ans. Clélia Cassé a prononcé un discours marqué par la volonté d’adaptation face aux défis économiques et organisationnels.

Une forte hausse des affaires traitées en 2024

©DR

Dans son dernier discours en tant que président du CPH de Nice, Christophe Probst a dressé le bilan 2024 de la juridiction. Il a souligné une augmentation de 17 % des affaires traitées en 2024, atteignant 1 319 saisines contre 1 150 en 2023. Il a attribué cette hausse à la conjoncture économique difficile, notant que «  la situation économique actuelle de notre pays n’est sans doute pas étrangère à cette augmentation des saisines  ».
Les sections les plus impactées par cette hausse sont la section Activités Diverses (+41 %) et la section Industrie (+11 %), tandis que les référés connaissent une hausse significative de 25 %. Autre donnée marquante : le nombre de saisines du juge départiteur a bondi de 51 %.
La durée moyenne de traitement des affaires a elle aussi légèrement augmenté, passant de 9,9 mois en 2023 à 11,4 mois en 2024, en raison notamment d’un manque de personnel au greffe.
Le président sortant a tenu à saluer les "membres du greffe pour leur dévouement malgré la charge soutenue de travail et des conditions matérielles parfois difficiles, plusieurs semaines sans climatisation cet été et un chauffage central défaillant cet hiver notamment.
Merci à tous les greffiers et agents administratifs pour votre rigueur et votre professionnalisme sans faille tout au long de l’année
. Il a conclu en se tournant vers l’année 2025 qui "s’annonce pleine de challenges" et a chaleureusement félicité "Clélia Cassé et Monsieur Alexandre Malod pour leur élection à la présidence et vice-présidence du Conseil. Avec vous j’ai l’assurance que la juridiction est entre de bonnes mains."

Un passage de relais sous le signe de la continuité

Clélia Cassé président et Alexandre Malod vice-président CPH Nice pour 2025 ©DR

Prenant la parole en tant que nouvelle présidente, Clélia Cassé a d’abord tenu à saluer le travail de son prédécesseur : «  Au nom de tout le conseil, je te remercie cher Christophe pour ton implication et ta détermination à mettre le justiciable au centre de toutes les attentions.  ».
Elle a ensuite dressé un état des lieux de la juridiction et ses défis pour 2025. Les enjeux principaux de cette nouvelle année sont doubles :
 La stabilisation des effectifs du greffe, fortement touché par des départs en 2024.
 La préparation à la transition avec le renouvellement des conseillers, en raison de nouvelles règles limitant la durée des mandats (le nombre de mandats sur un même conseil est limité à 5 et une limite d’âge a été fixée à 75 ans pour les conseillers).
Mme Cassé a insisté sur l’importance de la formation pour accompagner les jeunes greffiers et conseillers prud’hommes, mettant en avant l’arrivée prochaine du logiciel Portalis, qui vise à digitaliser les procédures mais nécessitera une adaptation des équipes.

Un climat économique incertain

La nouvelle présidente a signalé le contexte économique préoccupant : «  L’année 2025 est ardue à appréhender du fait de l’instabilité politique et économique qui nous entoure. Les défaillances d’entreprises sont effectivement en hausse (+20 % en 2024 par rapport à 2023), et les ouvertures de nouvelles procédures collectives sont aussi en croissance. Le plus gros risque pour 2025 est l’effet domino avec des défaillances d’entreprises en chaîne. Le défi pour nos entreprises dans ce contexte est grand. La remontée du chômage se confirme : le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail a connu une hausse marquée au cours du quatrième trimestre 2024. Autre signe inquiétant, l’Urssaf a rapporté la semaine dernière que les déclarations d’embauche sont reparties à la baisse au quatrième trimestre, perdant 2,4 % par rapport au trimestre précédent. Notre instabilité politique joue en la défaveur de la santé de nos entreprises, les chefs d’entreprises restant attentistes et les investisseurs préférant d’autres pays. ». Ces éléments pourraient encore accroître le volume des saisines au CPH en 2025.

Des remerciements et une volonté d’unité

Alexandra Malod et Clélia Cassé ©DR

L’audience s’est conclue par des remerciements appuyés aux équipes du greffe et aux conseillers prud’hommes. Clélia Cassé a notamment salué le travail de Jean-Luc Lecoq, greffier qui a assuré seul le fonctionnement du Conseil durant une période critique en 2024 : "Il vient d’ailleurs de recevoir une médaille d’honneur des services judiciaires et vient d’être promu au rang de cadre greffier. C’est largement mérité !  a précisé Mme Cassé. Elle a souhaité la bienvenue aux nouveaux conseillers : Mme MASSENA Jeany, Mme LAUER Cécilia, Mme ABOULIKAM Cécile, Mme LORRAIN Vanille, Mme MARTIN Michèle, M. BOLLIER Xavier, M. DEFRASNE Thomas, M. CUNY Benoit, et Mme DONZELLI Patricia. "La formation initiale et continue de nos conseillers sera au cœur de nos préoccupations pour cette année 2025. Heureusement nous pouvons nous appuyer pour cela sur de formidables formateurs et des conseillers d’expérience."

Elle a mis l’accent en fin de discours sur l’importance des principes déontologiques qui guident le travail des conseillers prud’hommes :"Notre meilleur atout est la connaissance du monde de l’entreprise, tellement indispensable pour rendre des décisions justes et équitables. Vous l’avez compris, notre rôle de magistrat non professionnel est à la fois complexe mais aussi passionnant. Les principes déontologiques qui nous régissent sont primordiaux et comptent notamment l’indépendance, l’impartialité, l’intégrité, le secret la confidentialité et la réserve".

L’année 2025 s’annonce chargée pour le Conseil de Prud’hommes de Nice, avec des défis organisationnels et économiques de taille. Une juridiction en pleine adaptation, mais prête à répondre aux besoins des justiciables et du monde du travail.

Visuel de Une : ©DR