Commissaires-priseurs (…)

Commissaires-priseurs : des chasseurs de trésors

Anaïs Ripoll est commissaire-priseur à Villefranche-sur-Mer. Elle est également commissaire de justice salariée. Une polyvalence qu’elle doit autant à sa formation qu’à son expérience.

« On ne sait jamais sur quoi on va tomber »

Anais Ripoll ©SG

« Il y a de nombreux confrères qui avaient déjà la double casquette avant la fusion (en juillet 2022). Ils étaient commissaires-priseurs et commissaires-priseurs judiciaires et faisaient, à ce titre, des ventes aux enchères judiciaires », explique Anaïs Ripoll, qui a ouvert sa salle de ventes, Villefranche Enchères Riviera, en octobre 2023. Sa particularité (ils sont peu nombreux dans ce cas) tient au fait qu’elle exerce également en tant que commissaire de justice salariée, depuis mars 2024, au sein de l’étude de Michael Sebrier, commissaire de justice à Contes. « Il était très intéressé par la partie ‘commissaire-priseur’ puisqu’il avait des demandes d’organismes de tutelle pour réaliser des inventaires chez des personnes protégées. De mon côté, cela m’a permis de compléter mon activité avec la partie ‘commissaire-priseur judiciaire’ et je suis amenée à faire également des activités propres à l’huissier, comme des constats et des significations ». Anaïs Ripoll milite pour ce genre
d’entente car la fusion des professions de commissaire-priseur judiciaire et d’huissier, qui s’est faite « dans la douleur  », comporte selon elle un danger non négligeable : celui d’avoir « des huissiers qui se mettent à estimer des bijoux » et des commissaires-priseurs judiciaires «  qui se lancent dans des procédures très encadrées comme l’expulsion alors que nous n’avons pas du tout la formation pour  ».
En 2026, il n’y aura plus que des commissaires de justice. Les professions d’huissier de justice et de commissaire-priseur judiciaire disparaitront, quatre ans après la fusion.
Anaïs Ripoll, diplômée de l’École du Louvre à Paris, titulaire d’un master « marché de l’art », licenciée en droit et qui a travaillé quatre ans avec des huissiers à Toulouse, s’épanouit pleinement dans toutes ses missions, même si ce n’est pas de tout repos.

Expertises gracieuses

©SG

« Dans une salle des ventes, normalement, vous avez un clerc, un comptable, une secrétaire qui répond au téléphone, des stagiaires et un manutentionnaire qui accroche et qui décroche parce qu’on ne fait que porter et déplacer des objets. Nous, nous ne sommes que deux pour faire tout ça et nous faisons deux ventes par mois. » Pour l’heure, Anaïs Ripoll et son associée, Hülya Perrier, ne peuvent compter que sur l’aide ponctuelle de stagiaires. Son associée aimerait le renfort d’un comptable, elle d’un manutentionnaire. Mais pour rien au monde elle ne ferait autre chose : «  Ce qui est formidable dans ce métier, c’est qu’on ne sait jamais sur quoi on va tomber. C’est un métier qui permet de rêver parce qu’on peut trouver le trésor ! ». Lors d’inventaires, elle est ainsi tombée sur deux lingots d’or ou sur des tableaux chinois qui valaient une fortune. Elle aime aussi l’aspect « redécouverte du patrimoine » avec, se souvient-elle, des objets achetés par les archives de Nice et par l’aéroport lors d’une vente consacrée à l’aviation. « Nous aimons ce rôle de passeurs, nous ne sommes pas que des commerciaux qui ne pensent qu’honoraires  ».
Ce métier comporte toutefois son lot de déceptions. «  Il y a beaucoup de faux, des faux Picasso, des faux Bernard Buffet… ».

Anaïs Ripoll et son associée, qui font dans certains cas appel à des spécialistes, proposent tous les mois des expertises gracieuses, en lien avec les mairies : à Saint-Jean-Cap-Ferrat, Beaulieu-sur-Mer, Èze et bientôt à La Turbie. «  Il y a de la demande. Les gens ont des choses à montrer ». Leurs prochaines ventes devraient plaire à un large public : une vente bijoux et mode au casino de Beaulieu, en octobre, puis une vente passion sport, en novembre, avec notamment un maillot signé de Diego Maradona et des balles de tennis de Roland-Garros signées par Rafael Nadal.

Plus d’informations pour les prochaines expertises gracieuses et les prochaines ventes sur le site de l’étude : www.villefranche-encheres-
riviera.fr

Photo de Une ©S.G