Démarchage téléphonique :

Démarchage téléphonique : non, quatre fois non…

Les lobbyistes sont passés par là. Alors que les usagers se plaignent d’un harcèlement téléphonique permanent de la part de sociétés commerciales – au point de mettre au placard leur appareil fixe pour ne plus être dérangés - un décret prévoit d’autoriser «  le démarcheur à appeler jusqu’à quatre fois au cours du même mois  », et cela même si la personne jointe a décliné la proposition commerciale dès le premier appel.

« Alors que le démarchage téléphonique s’est accentué avec la crise sanitaire, on attendrait du gouvernement qu’il use de sa prérogative pour instaurer des règles intransigeantes pour garantir la tranquillité des consommateurs » rouspètent douze associations de consommateurs, dont Que-Choisir, Familles de France, la CLCV etc. Elles entendent protéger notre quiétude – le droit de déjeuner sans être interrompu pour l’achat de fenêtres par exemple – et les plus vulnérables. Pour elles, ce décret « aboutit à légitimer le harcèlement dont sont victimes les consommateurs » en autorisant « des créneaux de plus de cinquante heures d’appel par semaine, sur six jours  ».
Le texte prévoit que vous pourrez être appelés du lundi au vendredi de 9 heures à 19 heures, et le samedi de 10 heures à 18 heures le samedi. Et cela jusqu’à quatre fois dans le mois par le même démarcheur d’une même entreprise, à raison d’un appel par semaine. Quel dommage tout de même que nous ne soyons pas aussi appelés entre 2 heures et 5 heures du matin, créneau pendant lequel nous avons généralement des « parts de cerveau disponibles »…
«  Cette tolérance est d’autant plus inacceptable qu’elle constitue un quasi blanc-seing aux professionnels, comme ceux de la fourniture d’énergie ou des travaux de la maison, qui échappent encore à tout encadrement sectoriel » tempêtent les associations qui demandent « la réécriture intégrale du projet de décret ». Elles exigent aussi que soit gravé dans le marbre « le droit des consommateurs qui déclinent une proposition commerciale à ne pas être rappelés ».
Le gouvernement s’est régulièrement parfumé du service « Bloctel » qui permet (théoriquement) de ne plus être dérangé par des appels non souhaités. Mais l’expérience montre qu’il y a des trous énormes dans la raquette, quand bien même les opérateurs ont l’obligation légale de filtrer les numéros de leurs fichiers Bloctel.
Il serait bien avisé de revoir sa copie pour assurer un minimum de paix dans les chaumières…

Illustration de Une DR Dan Brady

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