Détective privé ? Oubliez

Détective privé ? Oubliez Sherlock Holmes, pensez plutôt à un maître zen

Loin des idées reçues issues de la littérature, du cinéma et des séries, le détective privé en France est une personne de terrain qui doit surtout faire preuve de patience et de sang-froid.

«  On imagine plein de choses qui sont souvent assez éloignées de la réalité », raconte Éric Axelson, détective privé depuis plus de trois ans, installé à Nice mais qui opère dans toute la France. «  Avec cette image d’Épinal selon laquelle, en gros, un détective est un chasseur de cocus. Ou alors on pense à Vidocq, Sherlock Holmes et Hercule Poirot. » Mais alors que font les « privés », qui seraient entre 800 et 1 000 en France ? « Il est vrai que les détectives s’intéressaient aux histoires d’adultère jusque dans les années 60, quand c’était pénalisé  », reconnaît le fondateur de Riviera Private Investigation. «  Il n’y avait pas de diplôme particulier, il suffisait de faire une déclaration en préfecture. Depuis une vingtaine d’années, il y a eu une révolution de la profession, avec un code de déontologie et le contrôle du CNAPS » (Conseil national des activités privées de sécurité). Ce dernier, qui délivre un agrément aux cabinets (valable 5 ans), est un établissement public administratif de l’État sous tutelle du ministère de l’Intérieur. « Le CNAPS s’occupe essentiellement des sociétés de sécurité privée mais contrôle également l’activité des détectives, même si à mon sens on est plus proche de la sphère juridique  », relève Éric Axelson. Il existe quatre formations pour devenir détective privé : deux au sein des universités de Paris-Panthéon-Assas et Nîmes et dans deux écoles privées, l’ESARP à Paris et l’IFAR à Montpellier.

« Extrêmement scrutés »

Le détective azuréen poursuit l’inventaire des clichés qui entourent sa profession : «  Les détectives n’ont pas le droit de porter des armes (contrairement aux Etats-Unis). Nous sommes extrêmement scrutés. Nous devons respecter la loi à la lettre, notamment la protection sur la vie privée. L’une des finalités de nos actions est de produire des rapports d’enquête qui vont le plus souvent être utilisés en justice. Le but est donc d’obtenir les preuves de manière légale ». Il aime ainsi se voir comme «  un artisan de la preuve  ». « C’est un métier d’artisanat, qui reste très concurrentiel  », prévient-il. «  Nous n’avons aucun pouvoir particulier par rapport à un citoyen lambda. »
Quelles sont alors les « armes » dont dispose un détective pour mener à bien ses missions ? « Les meilleures qualités sont la patience et l’observation. On est souvent amené à observer un site pendant de nombreuses heures. Et l’action qui nous intéresse, la remise d’un document par exemple, ou un baiser s’il s’agit d’une affaire familiale, va se passer en quelques secondes. Il faut être extrêmement patient et avoir la capacité de maintenir son attention pendant longtemps. Et il faut aussi que nous soyons extrêmement précis dans nos observations car notre rapport va être lu par le juge. »

Éric Axelson. ©DR

Diplomatie et improvisation

Éric Axelson n’occulte pas que c’est un métier à risques : «  On essaie de rester à distance le plus possible mais il m’est arrivé d’avoir des confrontations un peu violentes. Il faut être diplomate, avoir un bon sang-froid et des capacités d’improvisation ». Il aime son métier, « passionnant  », car il permet de toucher à beaucoup de domaines : « On fait aussi bien le développement commercial, le conseil, la réalisation des missions, l’analyse juridique, les recherches, les rapports d’enquête… ». Il explique travailler généralement seul mais peut occasionnellement demander du renfort à des confrères. « On est soumis à une obligation de moyens, pas de résultats », précise-t-il.
Parmi ses missions du moment : l’observation de sites de dépôts sauvages et, au long cours, un dossier complexe de succession, en lien avec le notaire et les avocats. Il collabore aussi efficacement avec des commissaires de justice. Éric Axelson aspire à une plus grande reconnaissance de sa profession de la part des pouvoirs publics, afin d’avoir plus de prérogatives, regrettant qu’un citoyen peut parfois avoir plus de facilités à obtenir certains documents que les détectives privés.

Plus d’informations sur le métier de détective privé
Formation Paris-II
Formation Unîmes
ESARP
IFAR
SNARP

Photo de Une : illustration ©DR