Edition 2023 du concours d’éloquence Nikaïa : Un jury et un public conquis
- Par Sébastien Guiné --
- le 14 avril 2023
La finale du concours organisé par le Bureau des étudiants de droit de l’Université Côte d’Azur a été « d’un très haut niveau », de l’aveu même du Doyen Xavier Latour.
Personne n’aurait aimé être à la place de l’un des membres du jury tant il était difficile de départager Louis Sounthavong, le premier à s’élancer, et Constant Richard, qui sera finalement déclaré vainqueur. Ils ont tous les deux brillé, chacun dans son registre. Louis avec un rythme enlevé, plein de fougue maîtrisée, très à l’aise avec les sonorités. Constant dans un style plus posé, avec une grande douceur dans la voix, contrebalancée par des propos d’une redoutable efficacité.
- Le jury attentif aux joutes oratoires ©S.G
Le vendredi 7 avril dernier, dans le magnifique amphithéâtre du Centre universitaire méditerranéen, l’assistance s’est régalée, du début à la fin.
Les étudiants devaient débattre autour du bonheur et plus exactement répondre à la question : « Doit-on suivre le bonheur de peur qu’il ne se sauve ? ». Louis Sounthavong, étudiant en première année de droit, devait appuyer le « oui », Constant Richard, étudiant en Master 1, défendre le « non ». À l’applaudimètre, c’était extrêmement serré et le jury a finalement tranché en faveur de Constant Richard, vainqueur de la petite finale l’année dernière et rompu à l’exercice du débat grâce à l’association EPN (Entrepôt politique niçois) dont il est vice-président. « C’est une bonne école », a-t-il glissé après son succès. « C’était une finale d’un très haut niveau », a confié Xavier Latour, doyen de la Faculté de droit et science politique et membre du jury aux côtés de Me Candice Baudoux, avocate au Barreau de Nice, de Laëtitia Antonini-Cochin, vice-présidente de l’Université Côte d’Azur, d’Eva Mouial, vice-doyenne de la Faculté de droit, d’Emmanuelle Perreux, présidente du Tribunal judiciaire de Grasse, de Me Cécile Antelmi, avocate au Barreau de Nice et de Ugo Bellagamba, professeur à la Faculté de droit.
« Heureux d’être prof »
Le jury devait évaluer les qualités d’éloquence des candidats (attitude, débit de parole, vocabulaire…) et le traitement du sujet proposé (originalité, argumentation…). « Nous avons été tout simplement bluffés par vos prestations, à l’un et à l’autre », a admis Xavier Latour. « Nous nous sommes même demandé si avec notre expérience nous aurions été capables de faire aussi bien que vous. Je dois dire avec beaucoup d’humilité qu’en ce qui me concerne je n’en suis pas du tout certain. En tout cas c’est avec des étudiants comme vous qu’on est heureux d’être prof ». Louis, attiré par l’enseignement, a déclenché les - aimables - hostilités avec une pique à son contradicteur : « Le bonheur, c’est le mouvement. Le bonheur n’est sûrement pas constant ».
L’étudiant de Master 1, qui souhaite devenir avocat, lui a répondu dans son exposé, affirmant être un « heureux constant ». Plus tard, dans le temps réservé aux questions du jury et aux échanges directs, ils ont proposé une joute verbale captivante à suivre : « Je vois que vous haussez le ton », a dit Constant à l’attention de Louis avant d’asséner, en citant François Mauriac : « Moins les gens ont d’idées, plus ils parlent fort ». La réponse de Louis a été immédiate : « Quand on ne sait pas, on cite ». Mais il ne faut pas s’y méprendre, la finale, comme toute la soirée, parfaitement organisée par le BDE de la Fac de droit, s’est déroulée dans un très bon esprit. Jusqu’au fair-play impeccable des deux finalistes lors des discours. « C’est une aventure qui était magnifique et je trouve que la fin est d’autant plus belle. Je voulais remercier toutes les personnes qui m’ont aidé et, surtout, je voulais féliciter mon contradicteur pour sa splendide performance », a déclaré Louis Sounthavong, qui à n’en pas douter reviendra encore plus fort l’année prochaine et postulera à la victoire finale. « Merci à Louis d’avoir été un si bon finaliste. J’ai eu chaud. Tu es très bon, continue comme ça », a reconnu Constant Richard. « Merci à mes parents qui m’ont supporté jusqu’à minuit en train de réciter mes discours pendant ces derniers mois et à tous mes amis qui m’ont soutenu », a-t-il ajouté.
- La finale avec Louis Sounthavong et Constant Richard. ©S.G
« Pas de perdants »
En préambule aux trois « affrontements » du soir (finale, petite finale et prix du public), Xavier Latour a rappelé toute l’importance de ce rendez-vous annuel : « Ce concours d’éloquence est un moment particulièrement important de la vie de notre Faculté. Notre Bureau des étudiants, qui est très actif, l’a ressuscité il y a quelques années avec beaucoup de bonheur. À une époque où nous avons plus ou moins l’habitude d’oublier l’oralité pour préférer le tweet, le chat, le message bref, la punchline, nous considérons, nous à la Faculté, que le débat posé, argumenté, civilisé, structuré, est un exercice extrêmement formateur qui mérite de retrouver toutes ses lettres de noblesse. Et ce concours d’éloquence permet à nos étudiants de comprendre à quel point la maîtrise de l’art oratoire est un élément extrêmement important dans leur formation mais également, au-delà de leur formation, dans les relations interpersonnelles. Il n’y aura pas de perdants. Il faudra bien désigner un vainqueur mais les finalistes de ce soir et toutes celles et ceux qui ont participé aux tours précédents en ressortiront enrichis d’une très belle expérience. L’éloquence, ce n’est pas simplement se faire plaisir, ce n’est pas être narcissique et vouloir éblouir la galerie. L’éloquence, c’est finalement aussi la traduction d’un grand sens du partage ». La petite finale, dont le sujet était « L’homme est-il fondamentalement mauvais ? », a été remportée par Michael Molle (pour) face à Anita Carrasco (contre). Le prix du public (« Fallait-il croquer la pomme ? ») a été remporté par Beril Karakoyun (oui), devant Adrien Pech (non), tous deux repêchés après avoir quitté le concours lors des tours précédents.
Le concours d’éloquence Nikaïa a fait son grand retour l’année dernière après deux éditions annulées en raison du Covid-19. Après cette édition en tout point réussie, il est bel et bien reparti.
- Le public s’est levé pour saluer les performances des finalistes. ©S.G