
Élection bâtonnat de Nice 2026-2027 : Cédric Porteron, « rassembler sans uniformiser »
- Par Sébastien Guiné --
- le 16 mai 2025
Avocat depuis 2003, Cédric Porteron a fait le choix de se lancer seul dans l’élection pour le prochain bâtonnat. Avec une vision claire, qui repose sur quatre axes, la formation en tête.
Pourquoi souhaitez vous être bâtonnier et pourquoi ce choix de vous présenter seul ?
Me Cédric Porteron : Dès que j’ai prêté serment, j’ai souhaité m’investir au service de tous les confrères. Je l’ai fait naturellement. Toutes mes missions au conseil de l’Ordre et à la CARPA (Caisse des règlements pécuniaires des avocats) m’ont permis de prendre conscience, au-delà de ma pratique professionnelle, de ce que beaucoup de confrères vivent, voire subissent. J’ai une idée en tête : mettre de la synergie dans nos solitudes et rassembler sans uniformiser. Pourquoi seul ? Il est vrai que, depuis huit ans, il existe dans notre barreau une pratique qui consiste à avoir des candidatures en binômes. Cela étant, notre profession est régie par des textes et ces textes donnent lieu à une multiplicité de pratiques : un homme et une femme, une femme et un homme, deux femmes, deux hommes ou un homme ou une femme, comme cela se voit dans d’autres barreaux. Mais la pratique ne doit pas faire oublier la règle : il n’existe qu’une seule tête. Le vice-bâtonnier est juridiquement un délégataire. Je souhaite un bâtonnier fort, ce qui ne veut aucunement dire un bâtonnier solitaire, mais au contraire avec des délégataires. Être seul dans sa candidature ce n’est pas être solitaire dans son exercice. J’aspire à être un bâtonnier fort et entouré. Je bénéficie d’une équipe à mon cabinet. Je bénéficierai d’une équipe de délégataires comme l’autorise le texte. L’exercice de l’autorité, à mon sens, implique l’unité. Mais elle n’exclut pas, loin de là, le travail en équipe.
Quelles sont les grandes lignes de votre candidature ?

Me Cédric Porteron : Elle repose sur quatre axes : se former, former et toujours se former ; prendre soin, par la solidarité et l’entraide ; continuer de créer du lien et bâtir la confiance ; et un ordre fort, des institutions plus ouvertes, un travail mieux perçu, dans une démarche participative. Je pense que les mesures concrètes doivent se rattacher à des idées phares et ce sont ces quatre axes que je souhaite, modestement, défendre. Il y a à mon sens la nécessité de former les jeunes confrères à l’entrepreneuriat. Je souhaite qu’ils aient également une formation sur la vie ordinale. D’une manière générale, je pense qu’il faut diversifier notre formation, avec de nouveaux partenaires, avec de nouveaux intervenants. La formation n’est pas une option. Elle nous est consubstantielle, sinon nous disparaissons. Et il y a un thème majeur, celui de l’intelligence artificielle, sur lequel il nous faudra localement sensibiliser et créer une culture commune. Pour le deuxième point, le fait de prendre soin par la solidarité et l’entraide, il faut renforcer l’existant et faire attention à l’isolement. Je souhaiterais créer une commission maternité, paternité et petite enfance pour faciliter l’exercice professionnel de nos consœurs, pendant la grossesse et le congé maternité, et de nos confrères, pendant le congé paternité. Troisième axe : continuer de créer du lien, en développant des activités culturelles, dans des lieux de rencontre, afin de créer une dynamique d’échanges. Quatrième point : partant du principe que l’Ordre est au service des confrères, il ne faut pas qu’il soit vécu comme un frein et je pense qu’il faut fluidifier l’accès aux services. Nous avons un site qui est déjà en cours de refonte mais il ne faudra jamais cesser de l’améliorer. Il doit être pour nous une source d’informations : des numéros, des adresses mail, des modèles, des rapports… Pour faire en sorte que l’Ordre ne soit pas perçu comme lointain, un certain nombre d’informations doit être porté à la connaissance de nos confrères, comme la teneur d’une partie des procès-verbaux mais aussi le travail important réalisé dans les commissions.
Est-ce que certaines difficultés rencontrées par vos confrères vous ont marqué plus que d’autres ?
Me Cédric Porteron : Ce qui m’a marqué dans les discussions c’est la manière dont l’Ordre est perçu. Les avocats rejettent, par nature, l’autorité. En même temps, leur solitude ne peut être vécue que dans le rassemblement. Et la difficulté est souhaitée : si tout le monde était d’accord, nous ne serions pas avocats. L’autre chose qui m’a marqué, en termes d’étendue, c’est la fatigue, ou le dépit, que l’on peut rencontrer chez bon nombre de confrères. Ce sont les difficultés du quotidien, c’est Sisyphe : l’ordinateur et le RPVA (Réseau privé virtuel des avocats), le guichet unique, qui dysfonctionnent, les audiences à rallonge, les copies de dossiers qui mettent du temps à arriver, les renvois qui sont subis ou qui sont refusés… Tout ce qui fait obstacle à l’exercice du métier, à la défense, au conseil. Et cela peut générer de l’anxiété. Les avocats sont un réceptacle. Les clients viennent chercher chez nous de la réassurance, une solution, une rapidité, une compréhension par rapport à un jugement. Tout cela dans une société qui a disjoint plus que relié. Nous tentons de remettre du lien. Mon idée est d’être un facilitateur. Et d’arriver à introduire la nuance.
Comment vous est venue l’idée du carnet de campagne sur les réseaux sociaux ?
Me Cédric Porteron : J’aurais tendance à dire que l’idée m’est venue par nature. J’ai une prédisposition à l’écoute, naturelle. Avant d’essayer de trouver une solution à quelque problème que ce soit, je demande à ce qu’on me l’expose. Et donc il est nécessaire de rencontrer les gens. S’est ajouté à cela le fait que mes enfants m’ont dit : « Pourquoi ne ferais-tu pas un journal de campagne ? ». Je me suis dit qu’un journal de campagne était aussi un journal de vie. Cela oblige à une régularité et à approfondir sa réflexion.
Propos recueillis par Sébastien GUINÉ