Éric Dupond-Moretti : (...)

Éric Dupond-Moretti : la surprise du chef !

Vous vouliez du changement ? Vous allez être servi ! Avec Eric Dupond-Moretti installé depuis mardi à l’Hôtel de Bourvallais en lieu et place de Nicole Belloubet, la Justice va passer d’un monde feutré et tout en nuances à un autre radicalement différent, davantage "brut de décoffrage".

Empêtrée dans une réforme de la justice dont aucun - ou presque - des acteurs ne veut qu’elle soit maintenue telle quelle, fragilisée par l’épisode du Covid-19 qui a mis nombre de juridictions à l’arrêt tandis que magistrats, avocats, greffiers et autres pénitentiaires eurent toutes les peines du monde à faire fonctionner l’état de droit (et à obtenir des masques), la désormais ancienne garde des Sceaux quitte son poste sur la pointe des pieds. Sans avoir ni séduit ni démérité, avec sans doute le sentiment du devoir accompli avec une grande loyauté.

Pendant le confinement, elle fit montre de toute la patience du professeur des universités qu’elle fut pour répondre de façon circonstanciée aux questions, parfois tordues, des parlementaires.

Avec Dupond-Moretti, on ne prend guère de risque à annoncer un changement radical de style. Le pénaliste - surnommé "Acquitator", ce qu’il déteste- est habitué à cogner de tout son poids, qui est important, avec les mots, avec des formules choc. Également comédien à ses heures - très convaincant là aussi - il y allait encore à l’emporte-pièce il y a quelques jours lorsqu’il apprit qu’il fut placé sur écoutes dans une affaire touchant
Nicolas Sarkozy : "Même en Corée on ne fait pas ça. Ras-le-bol de ces méthodes, de ces juges qui s’affranchissent de toutes les règles au nom de la morale publique. […] On a basculé dans la république des juges. C’est un immense danger pour la démocratie".
Du Dupond-Moretti dans le texte. C’est pour cela qu’on l’aime, parfois, ou qu’on le déteste, souvent. Aucune crainte en tous cas qu’il laisse indifférent. Certains voient même l’arrivée d’un éléphant dans un magasin de porcelaine... Mais en acceptant le ministère, il passe du rôle de plaideur à celui de mécanicien d’une machine lourde et complexe.

Les mains dans le cambouis, ça ne lui a jamais fait peur.

Visuel de Une : Passation de pouvoir officielle entre Nicole Belloubet et Éric Dupond-Moretti. DR (CAPTURE D’ÉCRAN)

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