Juge antiterroriste, (...)

Juge antiterroriste, "un quotidien extrêmement grave"

Lundi 3 octobre était organisée au Tribunal judiciaire de Grasse une soirée-débat consacrée à "la justice face aux défis de la lutte contre le terrorisme".

Interrogé par Emmanuelle Perreux, présidente du Tribunal judiciaire de Grasse, David De Pas, ancien coordonnateur du pôle de l’instruction antiterroriste à Paris, a qualifié le quotidien d’un juge antiterroriste "d’extrêmement grave, d’extrêmement pesant". "C’est la première fois que je me livre à une sorte de retour d’expérience de ces années professionnelles, très particulières, qui démarrent en septembre 2015, soit quelques semaines avant le chaos", a-t-il expliqué, en référence à la vague d’attentats qui allait s’abattre sur la France à partir du 13 novembre.
"Ces premiers temps, bien que juges expérimentés, nous les avons vécus de manière sidérée. Comme tous les Français, nous avons vécu ces actes de guerre de manière très personnelle. Il a fallu qu’on se mette à réfléchir à notre action pour pouvoir lui donner une vraie pertinence et, surtout, une vraie efficacité. Comment répondre à la guerre quand on est un juge ? C’était cela en réalité notre quotidien. Le quotidien d’un juge antiterroriste est d’abord un quotidien extrêmement grave, extrêmement pesant, car le cœur de notre office consiste à anticiper un passage à l’acte. Quand un attentat se produit c’est que nous, les services de renseignements, les services spécialisés, sommes passés à côté. Notre responsabilité, c’est d’intervenir avant un passage à l’acte donc cela nécessite une organisation extrêmement concentrée, minutieuse et qui consiste à travailler réellement en équipe".
David De Pas a expliqué que le principe de la co-saisine avait ainsi été systématisé. "Au pôle antiterroriste, on a fait le choix de ne jamais travailler seul". Il a également confié que les juges antiterroristes étaient "très exposés" car "très observés par les médias et très attendus par la population".

Pour cette première soirée-débat organisée au TJ de Grasse, dans la salle des pas perdus, David De Pas était entouré sur l’estrade d’Emmanuelle Perreux, de Christiane Besnier, ethnologue, de Jean-Michel Hayat, ancien premier président de la cour d’appel de Paris, de Maître Melissa Merceret, avocate au Barreau de Grasse, du procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, et de celui de Grasse, Damien Savarzeix. Le maire de Grasse, Jérôme Viaud, était également présent pour l’introduction de cette soirée, qui a attiré de nombreuses personnes.

Photo de Une : Discours introductif de Jérôme Viaud, maire de Grasse. Assis derrière lui : Damien Savarzeix, Xavier Bonhomme, Me Melissa Merceret, Jean-Michel Hayat, Christiane Besnier, David De Pas et Emmanuelle Perreux. ©S.G

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