La pression exercée (...)

La pression exercée par les Avocats contre la réforme de la Justice n’est pas retombée après la manifestation de la semaine dernière

Pour preuve, le nouveau rassemblement organisé ce jeudi matin à partir de 10h devant le parvis de la Gare de Nice à l’appel du SAF (syndicat des Avocats de France), de la FNUJA (Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats) et du Bâtonnier Cesari pour exiger le retrait de la réforme. "La Ministre s’obstine à vouloir défendre et porter ce projet qui ne vise qu’à faire des économies au mépris des droits des justiciables" dénonce le SAF pour qui "la Garde des Sceaux continue d’alterner les concertations pour la forme et les dissimulations au moyen d’ordonnances, de décrets à venir, subtilisant le débat démocratique".

Procès reportés

Suite à la "grève illimitée" des conseils perturbant depuis deux semaines environ le fonctionnement normal de la juridiction niçoise, l’ensemble des dossiers inscrits au rôle du Tribunal de Grande Instance ont été renvoyés. Notamment celui de Cédric Herou, le berger de la Roya, poursuivi par le préfet des Alpes-Maritimes pour injures publiques.
Le mouvement de protestation des Avocats a également entraîné ce lundi le report du procès en assises prévu pour durer toute la semaine. L’accusé, qui avait été condamné à vingt cinq ans de prison par un jury des Bouches-du-Rhône, aurait dû en effet être jugé en appel à Nice.
Le renvoi de son procès ne fut pas une simple formalité : les policiers ont empêché le Bâtonnier Valentin Cesari, entouré de plusieurs avocats, de pénétrer dans la salle d’audience. Leur intervention a provoqué quelques bousculades inhabituelles dans la salle des pas perdus.

"Tentative d’intimidation"

Cette obstruction a été jugée "scandaleuse" par les conseils qui ne voient "rien de bon" dans "cette tentative d’intimidation qui ne fait que nous renforcer".
La semaine dernière déjà, "les cheminots en robe noire" avaient obtenu le renvoi d’un procès d’assises après plusieurs heures de flottement et une grosse colère du président Véron.
Ce mardi après-midi, une quarantaine d’avocats niçois ont accompagné leur bâtonnier à la Maison d’Arrêt pour une commission d’application des peines devant laquelle devaient comparaître quatre détenus n’ayant pas de défenseur.
Le Bâtonnier et plusieurs conseils ont pu entrer dans les lieux sans difficulté, a t-on constaté sur place. Le Bâtonnier a pu désigner ensuite quatre confrères commis d’office pour assurer la défense de ces personnes détenues.
"Notre présence est totalement justifiée. Le projet de loi prévoit en effet au moins un Juge d’Application des Peines (JAP) par département, ce qui nous semble très insuffisant. Le nombre de JAP sera fixé ultérieurement par décret. Mais pour les Alpes-Maritimes, avec les tribunaux de Nice et Grasse, on ne peut imaginer qu’il n’y ait qu’un seul juge pour statuer sur les demandes de liberté. Cela n’est pas acceptable" a expliqué Valentin Cesari. "Nous sommes totalement solidaires du JAP qui va tenir l’audience".

Magistrats-Avocats "même combat"

Celui-ci, Julien Ficara, syndiqué à l’USM, a déclaré "réserver un accueil bienveillant à la démarche des Avocats. Leur combat est proche du nôtre, pour une justice plus humaine et plus accessible alors que le projet de loi ne va pas dans le bon sens".
Pour ce magistrat, il y a risque que le JAP débordé "traite des dossiers plutôt que voie des personnes. Que ce soit pour la justice pénale ou l’application des peines, le contact est véritablement essentiel". Il craint donc qu’après la réforme le JAP n’accorde plus aucun aménagement de peine et n’intervienne plus "que pour les refuser". Il a estimé qu’il est bien, pour le symbole, que les Avocats se mobilisent pour défendre des gens. "Cela donne une bonne image du Barreau de Nice".

Début de la manif générale CE JEUDI 19/04 devant la gare de Nice à laquelle participent des « cheminots en robe noire » (JMC)

Photo de Une : les avocats sont venus rejoindre le mouvement général devant la Gare de Nice (JMC)

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