
Nice : le Barreau de Nice lance une campagne choc face à la montée de l’intelligence artificielle
- Par Valérie Noriega --
- le 4 septembre 2025
« Cette avocate a été générée par une IA. Les nôtres, par la vie. » Le ton est donné. À partir de ce lundi 15 septembre, les Niçois découvriront sur les tramways et les abribus une campagne d’affichage inédite lancée par l’Ordre des avocats du Barreau de Nice. Son objectif : rappeler, dans un monde bouleversé par l’intelligence artificielle, le rôle irremplaçable de l’avocat en chair et en os.
Sous le slogan « Le droit, pour de vrai » et le hashtag #AuthentiqueIntelligence, l’initiative veut alerter sur les dérives possibles de la déshumanisation du conseil juridique. « Le progrès ne doit jamais sacrifier l’humain. Écouter, comprendre, interpréter, défendre : aucun algorithme ne remplacera cela », martèle Maître Emmanuel Brancaleoni, bâtonnier du Barreau de Nice, aux côtés de sa vice-bâtonnière, Maître Valérie Serra.
L’avocat, un repère humain
Concrètement, la campagne joue sur des contrastes visuels : avatars d’avocats générés par intelligence artificielle, figés et stéréotypés, opposés à des portraits d’avocats bien réels, souriants et engagés. Une manière directe de poser la question : « Peut-on vraiment confier sa vie à un algorithme ? »
Pour le Barreau de Nice, la réponse est sans équivoque. Si les outils numériques peuvent accompagner la profession, ils ne sauraient garantir ni confidentialité, ni discernement, ni accompagnement sur mesure. « Une IA restitue des données. Mais elle ne lit pas entre les lignes d’une détresse », résume l’Ordre.
Une campagne qui dépasse l’affichage
L’opération se décline également en ligne, sur les réseaux sociaux, avec une série de contenus humoristiques pointant les absurdités possibles de certaines réponses générées par des IA juridiques. En détournant des expressions courantes comme « prendre une prune » ou « choisir un régime », le Barreau veut démontrer de façon pédagogique les limites de ces technologies quand elles ne sont pas encadrées par une expertise humaine.
L’IA, outil mais pas substitut
Le bâtonnier désigné Cédric Porteron, qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2026, entend poursuivre ce mouvement avec la création d’une commission intergénérationnelle dédiée à l’IA et l’organisation d’un forum sur le sujet. Loin de toute opposition stérile, le Barreau de Nice se dit favorable à un usage maîtrisé et éthique des technologies, tout en rappelant une conviction forte : « L’IA n’est pas l’ennemi. Mais elle n’est pas l’avocat. »
En phase avec les réflexions nationales – du rapport du Sénat sur l’IA et le droit (2023) à la tribune publiée dans Le Monde en avril dernier – cette campagne marque une prise de parole forte d’une profession en quête de proximité et de reconnaissance.
« L’avocat n’est pas un dernier recours, c’est un premier réflexe. Le meilleur moment pour consulter un avocat ? Avant que le problème ne devienne un litige », rappelle le communiqué.