Nice : un réseau soupçonn

Nice : un réseau soupçonné d’aide au séjour irrégulier et de blanchiment d’argent démantelé

Le parquet de Nice a annoncé, dans un communiqué ce 5 décembre, une vaste opération visant un réseau familial soupçonné d’aide à l’entrée et au séjour d’étrangers en situation irrégulière en bande organisée, de travail dissimulé et de blanchiment. L’enquête, confiée à l’antenne niçoise de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM), avait débuté en août 2024 à la suite d’un renseignement.

Une vingtaine d’employés dans six salons de coiffure gérés en sous-main

Les investigations ont permis d’établir qu’un membre central de la famille assurait la gestion effective de six salons de coiffure situés notamment rue de France et rue de la Californie, bien que ces commerces aient été déclarés au nom d’autres proches. La surveillance des établissements a mis en évidence une activité quasi ininterrompue, sept jours sur sept de 8 heures à 20 heures, parfois jusqu’à minuit, avec des paiements presque exclusivement en espèces. Une vingtaine d’employés étaient mobilisés, dont plusieurs en situation irrégulière ou non déclarés.
Pour l’un des salons, le chiffre d’affaires mensuel était estimé entre 18 000 et 33 000 euros. Les mis en cause assuraient également l’hébergement d’une partie de ces travailleurs.

Un circuit de blanchiment alimenté par des virements de sociétés de BTP

Les enquêteurs du Groupe interministériel de recherches (GIR – SIPJ 06) ont mis au jour un mécanisme de blanchiment reposant sur les comptes bancaires de plusieurs membres de la famille. Le seul compte du principal mis en cause a reçu près de 213 000 euros depuis 2021, notamment via des chèques et virements émis par des entreprises du BTP. D’autres comptes présentaient des flux similaires.
Des interceptions téléphoniques ont également révélé l’usage possible d’un système de compensation de type hawala, ainsi que des transferts et investissements à l’étranger, principalement en Tunisie.

Opération coordonnée : contrôles, interpellations et saisies

Le 2 décembre, une opération conjointe a été menée par les services du CODAF pour contrôler les établissements et interpeller les suspects.
Plusieurs travailleurs étrangers en situation irrégulière ont été identifiés dans les salons et font l’objet de procédures d’éloignement. Les auditions d’employés ont confirmé les pratiques relevées au cours de l’enquête.
Les perquisitions ont abouti à la saisie de 20 000 euros en espèces, d’un véhicule, d’un scooter, de matériel électronique, ainsi que 50 000 euros sur un compte en Belgique.
Les enquêteurs ont également constaté qu’un des salons de la rue de France était en cours de transformation pour devenir un coffee shop.

Garde à vue et suites judiciaires

Au total, 11 personnes ont été placées en garde à vue : six membres de la famille et cinq entrepreneurs du secteur du BTP. Trois suspects présentés comme les principaux acteurs du réseau sont déférés ce jour dans le cadre d’une comparution immédiate pour aide au séjour irrégulier en bande organisée, travail dissimulé en bande organisée et blanchiment. Deux entrepreneurs ont reconnu leur participation aux flux financiers litigieux et feront l’objet de convocations ultérieures, notamment en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC).
Enfin, conformément à la convention liant le parquet à la Caisse d’allocations familiales des Alpes-Maritimes, le parquet précise que la CAF sera destinataire des éléments permettant de mettre fin au versement de prestations indues et d’en engager le recouvrement.

Visuel de Une : TJ de Nice ©DR