Père Noël : cette fois,

Père Noël : cette fois, son "conte" est bon !

Les policiers ont mis la main sur un odieux personnage le soir du 24 décembre. Figurez-vous que, pour cette seule nuit de Noël, il a collectionné les délits, à tel point que tous les avocats des deux barreaux des Alpes-Maritimes se sont mobilisés pour tenter de défendre quelqu’un de vraiment... indéfendable.

Tout a commencé à Nice sur l’avenue Jean Médecin, lorsqu’une patrouille de police a repéré un drôle d’équipage : un traîneau, tiré par des rennes, mal stationné (PV à 135 euros), en défaut de carte grise (PV de 4ème classe) mais aussi sans contrôle technique (135€). Le conducteur, un bonhomme habillé en rouge avec une barbe blanche, n’avait pas mis de masque (135 €). Il n’avait pas non plus de permis de conduire (amende forfaitaire 640€), ni d’assurance (amende de 3 750€). De surcroît, les patins de son traîneau étaient lisses (135€).
L’éthylotest a confirmé ce que dénonçait son haleine : une imprégnation bien supérieure au seuil autorisé. Il risque donc trois ans d’emprisonnement, 9 000 € d’amende, un retrait de six points, une suspension ou annulation de trois ans du permis.

Il aggrave encore son cas

Ce n’est pas tout ! Poursuivant leur enquête, les policiers se sont aperçus que leur client qui prétendait s’appeler Santa Klaus s’était encore rendu coupable d’une usurpation d’identité (un an de prison et 15 000 € d’amende, article 226-4-1 du Code pénal). Il faisait aussi travailler en bande organisée des lutins non déclarés, ce qui lui vaudra une mise en examen pour travail dissimulé (jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende).
À cela, il faut rajouter des déguisements ridicules dans le but de tromper la maréchaussée et les petits enfants. Et un abandon d’animal sur la voie publique (article 521-1 du Code pénal : deux ans de prison et 30 000€ d’amende).
Passons rapidement sur l’abus de confiance qui va de soit, sanctionné par trois ans de prison et 375 000 euros d’amende. Le bonhomme était aussi en situation irrégulière sur le territoire national. Il disait arriver de Laponie et n’avait pas de carte de séjour.
Cédric Herrou a accepté, paraît-il, de l’héberger sur son exploitation de la Roya les quelques jours de sa tournée, mais cela n’a pas pu encore être établi formellement. Pour ce dernier chef, il risque vraiment gros : être obligé de relire tous les discours sécuritaires de Castaner et de Darmanin (ça, c’est vraiment dissuasif !)

Des dégradations volontaires

Les policiers ont aussi relevé qu’il avait grimpé par escalade sur les façades et les toits de Nice pour s’introduire frauduleusement dans les logements tandis que les petits enfants dormaient (article 311-5 3° du Code pénal, sept ans d’emprisonnement et amende de 100 000€). "Pour y déposer des
cadeaux
" a t-il expliqué, mais qui pourrait le croire ? Ces violations de domicile (article 226-4 du Code pénal, un an de prison et 15 000 euros) ont été établis après le passage de la scientifique qui a relevé ses empreintes et son ADN, le tout confirmé par le bornage de son portable en 5G (il aggrave encore son cas).
On ajoutera que, souffrant d’embonpoint, le visiteur nocturne a provoqué des dégâts dans les conduits de cheminée (dégradations volontaires : deux ans et 15 000€), qu’il a aussi commis du "tapage nocturne" (article R 623-2 du Code pénal, amende de 3ème classe, 450€) en réveillant des parents endormis. Et, comble de tout, certains des jouets qu’il transportait avaient été importés illégalement et ne répondaient pas aux normes européennes (quatre ans de d’emprisonnement et 400 000 euros d’amende selon l’article L 716-9 du Code de la Propriété intellectuelle). Il faudra tout le talent des robes noires des barreaux de Nice et de Grasse pour le tirer d’un si mauvais pas. Fidèles à leur serment, les avocats n’ont pas hésité à sacrifier leurs vacances de Noël au ski pour préparer la défense, travaillant tard le soir et renonçant aussi au restaurant, au cinéma et au théâtre pour se concentrer sur cet épineux dossier. Ils utilisent l’intelligence artificielle et les legaltech pour démêler une situation inextricable.

En préventive

Les experts judiciaires travaillent également sur les différents aspects techniques de cette curieuse affaire. Les magistrats ont constitué un pool d’experts pour instruire ce dossier. En attendant l’ouverture promise à Pâques ou à la Trinité de la nouvelle maison d’arrêt de Nice inscrite sur la "liste prioritaire" de la Chancellerie du temps de Mme Belloubet, l’Administration Pénitentiaire a trouvé une cellule dans l’hôtel du 12 rue de la Gendarmerie de Nice où cet individu a été conduit sous bonne escorte et placé à l’isolement.
On ne sait pas encore s’il est vraiment "une ordure" comme le prétendent certains, mais il vaut mieux éviter de le croiser au coin d’une rue. "Je reviendrai l’année prochaine !" a été sa seule déclaration devant le juge d’instruction. Et en plus, il aggrave son cas de possibles récidives !

Photo de Une : L’odieux personnage a été interpellé la nuit de Noël sur l’avenue Jean-Médecin à Nice. La police a mis fin à une incroyable série de méfaits. DR

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