
Tribunal de Grasse : « Redonner confiance »
- Par Sébastien Guiné --
- le 10 octobre 2025
Les nouveaux chefs de juridiction du TJ de Grasse, la présidente Françoise Decottignies et le procureur Éric Camous, entendent tout faire pour rapprocher les justiciables de leur justice.
« Répondre au mieux aux attentes de nos concitoyens »
Le tribunal judiciaire de Grasse retrouve en cette rentrée 2025 un peu de stabilité après avoir dû se réorganiser au pied levé à la suite des départs en début d’année de sa présidente Emmanuelle Perreux, nommée à Bordeaux, et de sa directrice de greffe Pascale Darras, partie à Marseille et remplacée par Vanessa Cenzato. À ces départs s’est ajouté cet été celui du procureur Damien Savarzeix, nommé à Créteil, quatrième parquet de France. Il est ainsi revenu à Marie-Laure Guemas, vice-présidente du tribunal et présidente par intérim pendant plusieurs semaines, jusqu’à l’arrivée de Mme Decottignies au printemps, et à la procureure adjointe Émilie Taligault d’ouvrir l’audience solennelle du 3 octobre. Une fois installés, devant de nombreuses personnalités, dont le préfet Laurent Hottiaux, Françoise Decottignies et Éric Camous ont exposé leurs priorités, dans la continuité du travail mené par Emmanuelle Perreux et Damien Savarzeix, parfaitement épaulés par Pascale Darras. Françoise Decottignies, qui vient du TJ de Saverne, a commencé par remercier Mme Guemas, « pilier » du tribunal, dotée d’une « parfaite connaissance de la juridiction ».
Chiffre « consternant »
Elle a ensuite salué les actions d’Emmanuelle Perreux, qui « a marqué de son empreinte ce palais en développant la PPN (procédure pénale numérique), la politique de l’amiable, la médiation animale, l’accès au droit et en multipliant les actions en matière de qualité de vie au travail ». En comptant les chefs de juridiction, ce sont 12 magistrats qui ont été installés au tribunal. La nouvelle présidente a ainsi fait part de sa « satisfaction de disposer d’un effectif quasi-complet de magistrats du siège » tout en ajoutant que cela ne devait « pas masquer le sous-dimensionnement de la juridiction qui impacte lourdement notre capacité à juger les affaires dans des délais raisonnables ».
Elle a également évoqué son « cap » en tant que cheffe de juridiction : être « attentive à la qualité de vie au travail de tous » et « donner à notre tribunal une meilleure attractivité et à notre justice une meilleure visibilité ». « Il nous faut expliquer notre métier, sa dureté, ses enjeux, pour ne pas être exposé à la critique trop facile du laxisme ou de la lenteur, a-t-elle relevé. Mais surtout, il faut redonner confiance aux citoyens en la justice, le fait que près des deux tiers des Français n’aient pas confiance en leur justice est un chiffre tout simplement consternant. »
« Engagement collectif »
Selon Françoise Decottignies, les magistrats ne sont « guère aidés à restaurer cette confiance » en raison de « la généralisation des attaques » qu’ils subissent et qui fragilisent « gravement les fondements de notre démocratie ». La présidente prône ainsi la « pédagogie envers la jeunesse, envers les citoyens » avec des « actions concrètes en direction des jeunes ».

Éric Camous partage cette volonté de pédagogie et entend veiller à plusieurs équilibres, dont l’équilibre démocratique, « exigeant que nos concitoyens soient honnêtement, loyalement et concrètement informés de ce qui a été fait, de ce que sont les victimes et les auteurs, et de ce qu’est une décision de justice ». À l’attention de ceux qui n’ont pas hésité à parler d’un pouvoir trop grand des juges, l’ancien procureur de Narbonne a déclaré que les magistrats n’avaient pas de pouvoir et surtout qu’ils n’en voulaient pas. « Nous n’avons que des attributions […] celles que la loi nous accorde dans le respect des textes et des principes qui les éclairent. » Il a lui aussi rendu hommage à son prédécesseur : « C’est dans le prolongement de ce qui a été réalisé que j’entends inscrire mon action face à des enjeux et des attentes qui sont de taille et réclament un engagement qui ne pourra être que collectif ». Pour lutter contre la criminalité, il entend travailler main dans la main avec les services de la préfecture, du conseil départemental et de l’Éducation nationale, « cette autre maison, miroir de ce que nous faisons ». « Plus dynamiques sont les écoles et moins nous incarcérons », a-t-il assuré.