Une nouvelle ministre

Une nouvelle ministre pour s’attaquer au chômage et à la réforme du Code du travail

Myriam El Khomri, nouvellement nommée ministre du Travail va devoir s’atteler à des chantiers essentiels, au premier rang desquels le taux de chômage qui demeure très élevé. Mais la voie politique est étroite pour celle qui est la benjamine du gouvernement.

L’annonce a créé la surprise. Myriam El Khomri, auparavant secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la ville, a été nommée ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social, ce 2 septembre. Elle remplace François Rebsamen, démissionnaire, qui part pour Dijon reprendre son poste de maire laissé vacant depuis fin juillet par le décès de son successeur à la mairie, Alain Milot. Agée de 37 ans, Myriam El Khomri n’est pas une technicienne du droit du travail. Encartée au PS depuis 2002, puis élue du XVIIIe arrondissement de Paris, et ex-adjointe de la mairie de Paris, elle s’était alors spécialisée dans les questions de sécurité, avant de rejoindre l’équipe du Premier ministre lors du dernier remaniement ministériel. Peu de temps après sa toute nouvelle nomination, l’actuelle benjamine du gouvernement a déclaré sur son compte Twitter : « Je mesure la responsabilité qui est la mienne. Comptez sur la combativité et ma détermination au service des Français ». Un engagement bien nécessaire, face à l’ampleur des défis auxquels est confrontée la nouvelle ministre du Travail.

Sur le plan de l’emploi, il lui reviendra de s’attaquer à l’inversion de la courbe du chômage, qui tarde. Lors de sa dernière présentation des résultats des chiffres du chômage, François Rebsamen avait pu annoncer une très légère baisse : en juillet dernier, le nombre de personnes sans aucun emploi a diminué de 0,1%. Néanmoins, en prenant en compte les chômeurs qui ont exercé une activité réduite, le nombre de demandeurs d’emplois ( 5,7 millions) a augmenté de 0,6%, d’après les chiffres du ministère du Travail. Autre signal inquiétant, le nombre de chômeurs de longue durée a lui aussi continué d’augmenter. L’enjeu, avant tout social et économique, revêt également une dimension politique majeure, puisque François Hollande a conditionné sa candidature pour 2017 à l’inversion de la courbe du chômage.

Une voie politiquement étroite

Une autre mission délicate attend Myriam El Khomri : la poursuite de la révision du Code du travail, engagée en 2013 et propulsée au rang de priorité politique par le Premier ministre, lors des rencontres du PS de la Rochelle, fin août. « Ce qui m’intéresse ce n’est pas le passé, c’est l’avenir et notre agenda pour écrire le contrat social du XXIe siècle », avait alors déclaré Manuel Valls, rapporte le quotidien Les Echos du 31 août. « Il faut donner plus de latitude aux employeurs, aux salariés et à leurs représentants pour décider eux-mêmes de leur politique de formation, d’organisation du travail, d’insertion des jeunes par des négociations au plus près de leurs besoins », avait précisé le Premier ministre, évoquant un Code du travail « si complexe qu’il en est devenu ineficace ». Dans cette lignée, le rapport de la commission dirigée par le conseiller Jean-Denis Combrexelle, lequel prévoit une évolution du Code du travail qui privilégie les négociations de branche et d’entreprise pour modifier les conditions ou le temps de travail, devrait arriver très prochainement sur le bureau de Myriam El Khomri. Lors de sa conférence de presse du 7 septembre, le président de la République a annoncé une loi dans les prochains mois, pour rendre le Code du travail « lisible » et « mieux adapté aux entreprises ».

Pas question, en revanche, de toucher aux 35 heures, pomme de discorde entre Manuel Valls et Emmanuel Macron, ministre de l’Economie. « Sur la réforme du droit du travail, il n’y a pas de préalable. Il faut bien sûr écouter les salariés à travers les organisations syndicales mais écouter aussi les entreprises », a déclaré Myriam El Khomri , d’après l’AFP, le 3 septembre. Au-delà des dissensions au sein du gouvernement, Myriam El Khomri va devoir s’atteler à faire discuter des organisations syndicales et patronales, lors de la conférence sociale prévue les 19 et 20 octobre prochains, alors que le climat social est déjà tendu. La voie politique est étroite pour la jeune ministre, mise face à des enjeux économiques et sociaux vitaux pour lesquels une heureuse surprise sur le front de l’emploi serait bien nécessaire.

Photo de Une : Myriam El Khomri, DR, gouvernement.fr

deconnecte