Alain Defils Directeur général Nicexpo : « la vie de notre entreprise est aujourd’hui sur un fil »

Comment gérez-vous l’annulation de la Foire de Nice ?

Il faut gérer une situation inédite d’urgence pour la Foire de Nice dont ça aurait dû être la 76ème édition et avec deux objectifs en tête, la survie des entreprises de nos exposants et la nôtre qui est en première ligne.

Quelles sont les conséquences de cette annulation ?

Alain Defils directeur général Nicexpo (DR)

Nous étions à quelques jours de l’ouverture et le principe d’un organisateur de manifestation c’est que toutes les dépenses sont engagées avant même d’avoir les recettes normales. Un exposant paye son stand en arrivant donc aujourd’hui j’ai plus de dépenses engagées que de recettes, c’est pour ça que la vie de notre association Nicexpo est dans une situation de précarité que d’ailleurs certains exposants ne veulent pas comprendre, pensant que nous dépendons de la mairie, d’une administration ou de capitaux privés. Nous sommes une association totalement indépendante qui ne reçoit aucune aide publique ni privée.

Avez-vous des assurances pour couvrir les pertes que vous subissez ?

Non car ça n’existe pas pour ce type de manifestation. Notre fédération qui est très impliquée, car tous les organisateurs les appellent chaque jour, nous précise bien, que nous avions un devis qui excluait tout risque de fermeture administrative lié à une pandémie. Elle nous explique que l’on ne peut pas s’appuyer sur l’assurance Responsabilité Civile Professionnelle puisque ce type de contrat compense les pertes d’exploitation résultants d’un sinistre lié à un dommage subi par l’entreprise (un incendie, une inondation…). Ceci étant cela pourrait changer en fonction des annonces de l’État que nous attendons.

Quel est le retour de la part des exposants ?

Nous avons une inquiétude des exposants justifiée, puisqu’il y a des frais engagés auprès de la Foire de Nice, souvent des acomptes puisqu’ils règlent en général en arrivant. Ils ont aussi des frais engagés par rapport à leurs stocks, ils ont commandé du matériel et leurs stocks sont plats et, ajouté à cela il y a une absence potentielle de chiffre d’affaires. On estime sur la Foire de Nice que 60 000 contrats et devis sont échangés dans les semaines qui suivent et que le chiffre d’affaires réalisé par les exposants s’élève à 28 millions d’euros. Donc nous sommes nous Nicexpo en péril et également l’ensemble de nos exposants - qui peuvent parfois être aussi des TPE et des PME - est en grand danger. Nous avons une partie d’exposants locaux et une majorité qui ne vivent que de foire, c’est-à-dire que la Foire de Nice est annulée, c’est une chose, mais si Lyon dans 15 jours est annulée puis Toulouse, Nantes voire si la Foire de Paris est annulée, ces entreprises seront mortes !

Comprenez-vous cette annulation ?

Nous faisons face à des choix politiques liés à un état sanitaire, donc on le comprend bien évidemment et il est de notre responsabilité d’appliquer ce qui nous est demandé mais les répercussions sont au-delà de la simple annulation de la Foire de Nice. Il faut également prendre en compte les remarques justifiées de nos exposants qui se demandent pourquoi annule-t-on la Foire de Nice et ne ferme-t-on pas les centres commerciaux par exemple.

Serez-vous en capacité d’organiser la Foire de Nice en 2021 ?

Nous y mettons depuis samedi toute notre énergie, mais quatre jours après cette annulation, nous sommes bien incapables de répondre à cette question sachant que Nice Expo co-organise le Salon de l’immobilier Nice-Matin au mois de mars qui est d’ores et déjà reporté et nous ne pouvons à ce jour prendre aucune décision sur le programme de nos autres salons de l’année. C’est la vie de notre entreprise qui est aujourd’hui sur un fil.