Anthony Borré - Locations

Anthony Borré - Locations saisonnières : "Mieux repérer les changements d’usage"

Le premier adjoint au maire de Nice, notamment délégué au Logement, rappelle que la stratégie de la Ville repose sur un référencement permettant de "mieux repérer les changements d’usage".

Combien de logements à Nice sont utilisés pour des locations de courte durée, dont celles réalisées sur la plateforme d’Airbnb, cette dernière étant je suppose largement majoritaire ?

- Sur la ville de Nice, nous comptabilisons à peu près 20 000 logements en ligne sur les différentes plateformes de locations saisonnières (Booking.com, Airbnb...etc.). Cette dernière reste bien évidemment majoritaire sur le marché car elle représente à elle seule 12 500 annonces. Nous avons pu obtenir ces données grâce à un outil informatique expérimenté par nos services depuis l’année dernière, Touriz, pour rendre plus précis notre connaissance du tissu des meublés de tourisme sur notre territoire. Cet outil facilite
également l’application de nos réglementations et contrôles. L’importance du marché des locations saisonnières au sein de la ville de Nice et de sa métropole nous a conduits à prendre des mesures rapides et efficaces pour préserver un équilibre touristique et économique sur notre territoire.

Quelle est la position de la Ville de Nice (et de la Métropole) à l’égard des plateformes comme Airbnb ? Quels dispositifs existent déjà pour réglementer ?

Anthony Borré, premier adjoint de Christian Estrosi, délégué à la Sécurité, au Logement et à la Rénovation urbaine. DR Ville de Nice


- Nice est la 2e ville après Paris en nombre d’annonces sur les plateformes de locations saisonnières. Cette offre témoigne d’une demande touristique appuyée et de l’attractivité de notre territoire. Les recettes de la taxe de séjour imposées aux locataires passant par la plateforme Airbnb seule, nous ont permis de récolter 1,2 million € en 2021. Les plateformes sont des acteurs économiques majeurs, leur offre est complémentaire à l’offre hôtelière. Les retombées économiques générées contribuent directement au développement de nos commerces et à la dynamisation de notre économie. Toutefois, leur mode de fonctionnement, qui exige la rentabilité, ne doit pas se faire au détriment des habitants et des commerçants. C’est pour cette raison que Christian Estrosi, maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d’Azur, a souhaité mettre en place dès 2014 un dispositif d’encadrement et de contrôle fort. (Depuis fin 2018, avec la loi ELAN, les contrôles et sanctions pour les loueurs et plateformes ne respectant pas la loi sont renforcés, ndlr)
Le point fondamental de notre stratégie est de mieux repérer les changements d’usage grâce à un référencement des mises en location, préalable à leurs annonces sur les plateformes. Nous demandons aux propriétaires de se signaler. Un numéro d’enregistrement exclusivement émis par la Ville leur est délivré. Ces propriétaires doivent également faire une démarche de changement d’usage en s’assurant au préalable que le règlement de copropriété autorise la mise en location saisonnière de leur logement. Cette mesure, en plus d’assurer une condition de cohabitation décente entre les locataires et les résidents permanents, limite le nombre de mises en location et rééquilibre l’offre sur ce marché. Notre politique a porté ses fruits. Depuis février, Airbnb retire automatiquement toutes les annonces qui ne comportent pas ce numéro.

Faudrait-il aller plus loin alors qu’il devient difficile pour les actifs de la Côte d’Azur de se loger ?

- Légalement, la responsabilité des éventuelles nuisances liées aux mises en location est l’affaire des propriétaires, les plateformes ne faisant office que d’intermédiaires - elles ont raison de s’en défendre. Le rôle du service "Mission
Protection des Logements, créé en 2018, est de travailler en intelligence avec les plateformes et la police municipale afin de rassurer les habitants niçois et métropolitains avec une réglementation efficace.
Les contrôles effectués par nos agents incitent les propriétaires à se mettre en règle, limite la mise en location abusive, et empêche ainsi de faire grimper les loyers. Nous restons vigilants sur l’évolution de ce marché et ne manquerions pas de renforcer une nouvelle fois nos mesures si nécessaire.

Les venues de touristes dans ces "logements Airbnb" entraînent aussi des retombées économiques non négligeables pour les commerçants (restaurants, bars, boutiques de vêtements...). Comment réussir à satisfaire tout le monde ? 

- Tout simplement en maintenant le lien et la communication avec les acteurs concernés par ce sujet. Nous travaillons avec tout le monde et trouvons des solutions équilibrées. Il est tout à fait juste que les locations Airbnb nous soient d’un grand apport économique, tout comme le sont nos hôtels. Notre seul objectif est de servir l’intérêt des habitants de Nice. Nous restons à l’écoute, nous proposons des canaux de communication aux résidents qui subissent des nuisances et des services pour les accompagner, tout en faisant profiter de l’appariement innovant des plateformes de locations à nos visiteurs.

Que peuvent faire les résidents face aux nuisances éventuelles liées aux allées et venues de voyageurs dans leur immeuble ?

- Comme j’ai pu le mentionner, il existe le service "Mission Protection des Logements" créé spécifiquement pour répondre à ce genre de problématiques rencontrées par les résidents. Les agents sont mobilisés pour prévenir le non-respect des règlements de copropriété, et ce de manière aléatoire, aux différentes adresses des locations de courte durée
référencées par la Ville, mais aussi à la suite de plaintes reçues directement des copropriétaires. Si une personne se trouve dans une situation inconfortable, nous l’invitons à se rendre au commissariat le plus proche de son
domicile pour déposer plainte, ou à appeler directement le 04 89 98 10 50, le numéro de la Mission Protection des Logements spécialement mis en place à cet effet.

Photo de une (archive) ©Ville de Nice

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