Locations : les villes

Locations : les villes encadrent les activités des plateformes

Moteur de recherche, Airbnb, Alpes-Maritimes et clic : "plus de 1 000 logements" annonce en première page le site devenu en quelques années, avec le développement du numérique, la plus importante agence de location de vacances.

De la modeste chambre de bonne jusqu’à la villa prestigieuse avec vue mer, on y trouve tout et à tous les prix. Un succès qui n’est pas sans poser de problèmes de tous genres : aux copropriétés qui n’en peuvent plus de recevoir des fêtards jusqu’au bout de la nuit (les locataires doivent s’engager à ne pas faire de fêtes pendant leurs séjours pour sauvegarder la tranquillité du voisinage), aux villes qui voient leurs cœurs se "airbnbiser" en repoussant les ménages dans les banlieues, aux candidats locataires à l’année qui ne trouvent plus de biens disponibles puisque ceux-ci sont souvent proposés "à la découpe", sachant qu’un mois de location en été peut rapporter autant à un propriétaire qu’une année en vide.
Barcelone, Amsterdam, Los Angeles et d’autres villes dans le monde ont mis en place des dispositifs pour freiner les impacts du développement de la plateforme. Berlin est même allée jusqu’à prévoir une amende de 100 000 euros en cas de location illégale ! Sans aller jusque-là, plus près de chez nous, Nice et Cannes ont aussi modéré les ardeurs des plateformes.

Premier "hôtelier" de la ville de Nice

Nice, par exemple, est avec 20 000 locations en ligne, dont 12 500 sur Airbnb, la deuxième ville de France après Paris en nombre d’annonces. C’est davantage que la capacité hôtelière. La municipalité fait le constat que "certains quartiers sont devenus quasi exclusivement touristiques, ce qui entraîne une forte tension sur le prix du foncier et des loyers, des dégradations des parties communes des immeubles concernés, une commercialisation toujours plus importante de petits logements ou encore la division de grands logements ou villas en petites cellules rentables". Pour ne rien dire de la concurrence à l’hébergement touristique hôtelier traditionnel.
Depuis 2014, une série de mesures a été prise pour encadrer l’activité des plateformes : mise en place d’un observatoire pour une connaissance plus précise du tissu des meublés de tourisme présents sur le territoire, ce qui facilite les contrôles et contribue à limiter le développement des offres irrégulières ; obligation de déclaration en mairie et retrait automatique des annonces ne comportant pas de numéro d’enregistrement ; obligation pour les loueurs de compenser sur le marché immobilier les appartements mis en location dès le second logement mis en location pour les personnes physiques et dès le premier pour les personnes morales ; mise en place d’un dispositif partenarial à la fois expérimental et innovant, inédit en France, permettant une location "mixte" étudiants/tourisme.

Un service municipal, composé de six agents assermentés, est chargé des vérifications (1 113 effectuées en 2021 à la suite de dénonciations, contrôles aléatoires, refus d’autorisation). Le renouvellement des autorisations est annuel et tacite "sous réserve que des nuisances n’aient pas été constatées par des agents en charge du contrôle des troubles à l’ordre public".
La durée maximum accordée à un particulier est de cinq ans. Diverses restrictions sont prévues comme la location d’une résidence principale interdite plus de 120 jours par an.

Un difficile équilibre à trouver

À Cannes, les locations saisonnières représentent environ 80% de l’offre touristique contre 20% pour les hôtels. Là aussi, une déclaration préalable en mairie, assortie d’un numéro d’enregistrement, est obligatoire avant de publier une annonce sur les plateformes.
La municipalité a aussi bloqué quatre opérations qui visaient à transformer des immeubles d’habitation du centre en meublés de tourisme. "Il ne s’agit pas de s’opposer à cette nouvelle pratique, mais bien d’en contrer les abus. (...) Les opérations massives commerciales par acquisition d’immeubles, les vidant de leurs habitants, doivent être combattues, car elles accentuent la crise du logement et génèrent une concurrence déloyale vis-à-vis des hôteliers" justifiait la mairie à la suite de cette décision.

Enfin, last but not least, sachez qu’à Cannes comme ailleurs, la SACEM adresse sa petite note aux propriétaires-bailleurs saisonniers au motif qu’ils mettent à disposition de leurs locataires un téléviseur, un lecteur de CD ou une enceinte connectée. Comptez 200 euros par an. Les hôteliers traditionnels applaudissent cette mesure puisqu’eux-même supportent cette redevance pour leurs chambres.

Photo de Une : Au hasard des pages, de belles propositions de location sur les plateformes. DR

deconnecte