Bâtiment : "les conditions

Bâtiment : "les conditions de la reprise ne sont pas encore réunies" pour Laure Carladous

Laure Carladous est la présidente du BTP dans les Alpes-Maritimes. Elle fait le point de la situation actuelle pour son secteur d’activité et trace des pistes pour la reprise..

Quelle est la situation dans ce département pour les entreprises du BTP ?

"Nous avons ici beaucoup de marchés privés avec des promoteurs, et ce sont nos entreprises, pas les maîtres d’ouvrage, qui ont décidé d’arrêter les chantiers. Notre souhait, maintenant, c’est que la période de confinement ne s’impute pas sur les délais de livraison. Elle doit être gelée, et nous ne devons pas subir de pénalités.

Un guide des bonnes pratiques a été validé entre la fédération et plusieurs ministères. Ce n’est pas suffisant ?

Aujourd’hui, il n’est toujours pas possible d’appliquer les mesures de sécurité sanitaire qui ont été décidées. Elles sont trop onéreuses car elles demandent des installations supplémentaires sur les chantiers, comme davantage de cabines de vestiaires, de douches, d’espaces de restauration avec des normes de distanciation sociale ; etc. Tout cela demande du temps, c’est un travail non facturé représentant un surcoût important qui évidemment n’était pas prévu au départ. À cela s’ajoute que l’on peut aussi mettre moins de monde sur les chantiers, que les cadences sont forcément ralenties et que les approvisionnements risquent de connaître des ruptures.

Vous craignez pour l’avenir ?

Si nous ne réussissons pas à négocier des avenants qui prennent en compte tous ces paramètres, nous allons mourir. Il faudra donc trouver le juste équilibre pour se partager les charges nées de cette crise.
Actuellement, la délivrance des permis de construire est gelée, les délais s’allongent. Les nouveaux conseils municipaux ne sont pas en place. Or les collectivités locales sont pour nous des donneuses d’ordre importantes. Cela veut dire qu’il risque de ne rien se passer dans les six mois qui suivront le déconfinement alors que nos entreprises auront besoin de trésorerie à cette époque pour la reprise. Ce sera d’ailleurs la même chose pour les architectes. Le gouvernement a fait beaucoup pour soutenir l’activité, mais pour les professions du BTP, ce n’est pas suffisant.

Vous êtes pessimiste ?

Non, réaliste, car tout finira bien par reprendre. Il faut garder le moral et que tout le monde se donne les moyens de surmonter cette crise.

Recueillis par J.-M. Ch

Photo de Une DR JMC

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