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Bilan semestriel de conjoncture économique des Alpes-Maritimes : vers un début de reprise ?

Rendez-vous très attendu de la rentrée, la CCI Nice Côte d’Azur, la CMA 06 et l’UPE 06 ont présenté lundi 21 septembre, dans les locaux de Schneider Electric à Carros, le bilan semestriel de conjoncture économique des Alpes-Maritimes. L’occasion de revenir sur les signes annonciateurs d’une timide reprise économique dans le département, notamment pour l’industrie et le commerce, même si la santé de nombreuses entreprises azuréennes demeure encore fragile et l’emploi, toujours en berne.

C’est une première. Pour présenter le bilan du 1er semestre 2015 et les perspectives pour l’économie azuréenne, la Chambre de Commerce et d’Industrie Nice Côte d’Azur a délaissé ses locaux niçois du boulevard Carabacel pour investir ceux de Schneider Electric à Carros afin de recueillir le témoignage d’une entreprise azuréenne emblématique. Car, après une année 2014 morose pour les entreprises du département, certaines, tel Schneider Electric, voient leurs indicateurs repasser timidement au vert. Et cela fait du bien ! « On ne peut pas encore parler de reprise car la situation financière de certains secteurs est toujours très incertaine », tempère Bernard Kleynhoff, le président de la CCI Nice Côte d’Azur. « Néanmoins, les entreprises profitent de cette légère amélioration pour essayer de se désendetter auprès de leurs créanciers ». Une tendance qui devrait se confirmer dans les mois à venir, avec des réalités différentes selon les secteurs d’activités.

Vers une amélioration de l’activité des entreprises azuréennes

L’économie des Alpes-Maritimes commence à se consolider au 1er semestre 2015. L’activité arrête de se dégrader, comme en témoignent les carnets de commandes qui s’étoffent de nouveau. Le chiffre d’affaires des entreprises augmente ainsi légèrement par rapport à l’an dernier (+ 0,5%). Cette augmentation concerne 52 % des entreprises du panel.
Ce sont les secteurs de l’industrie (+ 1%) et du commerce (+ 1,5%) qui sont les principaux moteurs de ce regain d’activité en ce début d’année. L’activité industrielle tire son épingle du jeu avec un volume d’affaires qui s’est consolidé au premier semestre (+ 0,5%) pour les entreprises de plus de 50 salariés. Les plus petites parviennent, de leur côté, à se maintenir. Les prévisions de fin d’année semblent bien orientées pour le secteur industriel, d’autant que la baisse des prix des matières premières sur les marchés extérieurs devrait permettre aux industries azuréennes d’être plus compétitives qu’en 2014. Autre bonne nouvelle : le sentiment des chefs d’entreprises industrielles par rapport à leur activité est nettement meilleur au second trimestre. Le solde d’opinion est positif (+ 2 points).
Côté commerces, le second trimestre permet de compenser un début d’année difficile. Le commerce de gros (+1,5%) et le commerce de détail (+1%) voient leur activité progresser au premier semestre 2015. Ces résultats encourageants devraient encore se préciser dans les prochains mois.
Concernant les services (hors hôtellerie café restauration), le volume d’affaires demeure stable par rapport à 2014, notamment grâce à la progression des exportations au premier semestre (+ 1,5%). La situation financière demeure globalement stable, avec néanmoins des marges faibles et une capacité d’investissement limitée.
Pour l’hôtellerie, les prévisions plutôt positives (notamment pour l’hôtellerie de luxe) se sont confirmées pendant la période estivale et devraient encore progresser au second semestre grâce à l’embellie des réservations de l’arrière saison automnale, ce qui rend les professionnels du tourisme optimistes pour les prochaines semaines à venir.
Dans les bassins économiques, le volume d’affaires progresse de manière globale sur le second trimestre 2015. C’est le bassin de Cannes qui connaît la plus belle progression par rapport à 2014 (+ 3,5%), portée par une fréquentation touristique record à très fort pouvoir d’achat dans le secteur Hôtellerie Café Restauration, ainsi que dans le commerce. Si le bassin grassois se stabilise, le volume d’activités du bassin de Nice recule sur le début de l’année 2015. Enfin, pour les exportations, c’est le bassin d’Antibes qui enregistre la meilleure performance (+2,5% par rapport à 2014).

La construction encore pleinement touchée par la crise

Si les prévisions pour le commerce et l’industrie semblent plutôt encourageantes, il n’en va pas de même pour le bâtiment, qui continue de reculer sur les six premiers mois de l’année 2015. La situation financière et la trésorerie restent compliquées, d’autant que les prévisions pour les prochains mois ne laissent pas entrevoir une amélioration significative. Petite lueur d’espoir cependant : le solde d’opinion des chefs d’entreprise du secteur sur leur activité est positif pour la première fois depuis deux ans ! Les carnets de commandes semblent, quant à eux, se stabiliser.

Le développement des Sciences du Vivant et des TIC se poursuit

Avec quatorze nouvelles entreprises créées dans le département en 2014, le pôle des Sciences du Vivant poursuit sa croissance, mais à un rythme moindre que les mois précédents (+2% au 2ème trimestre 2015). Les chefs d’entreprises prévoient une nette hausse de l’activité, notamment à l’international, dans les mois à venir, portée par le marché en plein essor de la « Silver Economie ».
Le pôle des Technologies de l’Information et de la Communication enregistre, de son côté, une nette croissance au premier semestre (+4%). Ce sont les exportations qui sont à l’origine de la hausse du chiffre d’affaires. La croissance devrait encore se poursuivre dans les mois à venir, d’autant que l’obtention du label French Tech va permettre aux jeunes entreprises et startups du département de se rencontrer et de créer des synergies. Deux entreprises des Alpes-Maritimes, Inventy (conseil informatique) et Myxyty (domotique-maison connectée) viennent d’ailleurs de se voir labellisées Pass French Tech pour la promotion 2016. Ce dispositif permet d’accélérer la croissance des entreprises labellisées et de les accompagner à l’international. Une nuance cependant : Bernard Kleynhoff a insisté sur le fait de rester vigilant dans l’accompagnement des accélérateurs afin de ne pas créer un déséquilibre trop important entre les TPE et les grandes entreprises du secteur numérique.

Le marché azuréen de l’emploi enregistre toujours des pertes

Si les perspectives économiques du département semblent montrer quelques signes d’embellie pour les mois à venir, le marché azuréen de l’emploi du premier trimestre 2015 subit, lui, une nouvelle dégradation au premier trimestre 2015, comme l’a souligné Laurence Chaleil, vice-présidente de l’UPE 06. La tendance à la baisse du nombre d’emplois sur le département se poursuit : à la fin du mois de mars 2015, l’emploi dans les Alpes-Maritimes a diminué de -0,6% par rapport au premier trimestre 2014, avec 449 400 emplois.
Le taux de chômage du premier trimestre 2015 est de 10,8% de la population active dans les Alpes-Maritimes (+0,4 point par rapport à 2014). C’est son niveau le plus élevé depuis plus de dix ans. A titre de comparaison, il est de 11,6% en région PACA (+0,2 point par rapport à 2014) et de 10% en France (+0,2 point par rapport à 2014). Des taux départementaux qui sont donc supérieurs à ceux constatés au niveau régional et national.
Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A inscrits à Pôle Emploi (sans emploi et n’ayant exercé aucune activité) dans le département des Alpes-Maritimes s’établit à 68 594 personnes à fin juillet 2015, soit une évolution de +4,6% sur un an.
Cette conjoncture difficile se répercute à l’ensemble des secteurs même si elle touche plus lourdement la construction qui a perdu plus de 1 000 emplois en un an, soit la plus forte baisse (3,2%). L’emploi non-salarié enregistre une légère hausse de +1% dans l’industrie et reste stable dans le commerce (+0,2%).
Ces chiffres négatifs s’expliquent par le fait que la croissance générée dans certains secteurs (industrie et commerce notamment) n’est pas encore suffisante pour créer de l’emploi. Signal optimiste cependant : une amorce du recours au travail intérimaire, généralement annonciatrice d’une reprise plus générale.

Après une année morose, l’activité économique azuréenne semble donc donner quelques indicateurs positifs de reprise, qui devraient se préciser dans les prochains mois et permettre à plus long terme d’avoir un réel impact sur le marché de l’emploi.

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