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Bruno Mercadal (FHRT NCA) : "Redévelopper un tourisme de saison intermédiaire et d’hiver"

Entretien avec Bruno Mercadal, vice-président de la branche hôtellerie de la Fédération hôtellerie restauration tourisme Nice Côte d’Azur (FHRT NCA).

Combien de nouveaux hôtels 4 ou 5 étoiles doivent ouvrir leurs portes à Nice en 2023 ?

- Uniquement dans la catégorie 4 et 5 étoiles, environ 5 hôtels devraient ouvrir leurs portes entre 2023 et 2024, et une dizaine tous classements confondus. Il y aura aussi des marques comme Mama Schelter qui sont habituellement classées en 3 étoiles mais qui s’adressent à une clientèle plus "branchée", plus jeune, en quête de concepts novateurs, mais aussi en quête de qualité. Il ne faut pas non plus négliger notre offre dans les catégories d’hôtels plus économiques.

Tous ces hôtels trouveront-ils leur clientèle dans une période compliquée pour le pouvoir d’achat ?

- L’année 2022 a démontré que malgré une situation tendue avec le Covid toujours présent et la guerre en Ukraine, l’activité touristique avait atteint un niveau record, toutes catégories d’offres confondues, avec une augmentation du prix moyen des hôtels. Dans cette embellie nationale et internationale, Nice a encore démontré son fort pouvoir d’attractivité en atteignant un niveau d’activité jamais atteint, et ce malgré le fort ralentissement de l’activité MICE.
La stratégie de notre maire et président de la Métropole repose sur une forte amélioration qualitative de ce que notre ville a à offrir aux touristes, et dans le prolongement de cette stratégie engagée depuis plusieurs années, il est logique que le parc hôtelier soit capable de répondre à cette vision à moyen et long terme. Les hôtels de luxe aident à conforter le positionnement haut de gamme d’une destination en attirant et en répondant aux exigences d’une clientèle nouvelle. Les grands travaux ont fortement modifié le visage de notre ville et ont modifié dans le même temps la perception qu’en ont les étrangers. Nice a tous les atouts pour faire partie des destinations prestigieuses et pour redévelopper, comme c’était le cas à l’origine de la destination, un tourisme de
saison intermédiaire et d’hiver.

En moyenne, combien d’emplois sont créés avec l’ouverture d’un hôtel 4 ou 5 étoiles ?

- Il est difficile de répondre à cette question car cela dépend du nombre de chambres, du positionnement de la restauration et des services offerts dans chaque établissement. Je dirais qu’un hôtel 5* de 100 chambres emploie entre 100 et 150 collaborateurs. En catégorie palace, ce chiffre peut facilement doubler.

Est-il toujours aussi difficile de recruter dans l’hôtellerie-restauration ?

- Le recrutement est aujourd’hui le problème numéro 1. La situation était déjà difficile avant le Covid, elle s’est aggravée en 2022. Le président national de notre fédération, Thierry Marx, rappelait récemment qu’il manquait
environ 200 000 postes dans la restauration. Il en manque également dans la partie hébergement. Cela en dit long sur la situation et sur l’impact qualitatif que cela risque d’avoir sur nos exploitations. C’est déjà en partie le cas. Certains mettent en cause les aides de l’État pour expliquer cette situation, je crois plutôt à un problème sociétal, voire philosophique. Jamais depuis la guerre, le peuple n’avait pris conscience que la vie même peut être remise en cause, quel que soit l’âge, par un virus ou par une guerre à nos portes. Chacun a pris conscience de l’importance de vivre, de partager du temps avec les siens, de faire les choses qu’on aime en trouvant un équilibre travail/vie personnelle harmonieux. L’hôtellerie et la restauration ne sont pas les seuls secteurs touchés par cette difficulté à trouver du personnel. Notre profession
réfléchit beaucoup, vous vous en doutez, et pas seulement en termes de salaire. Il est question d’organisation du temps de travail, de formation en coordination avec les différents acteurs de l’éducation, et de manière plus générale, de répondre à cette demande d’harmonie qui est au cœur de tous les salariés. L’harmonie est un enjeu majeur !

Des hôtels de Nice doivent-ils s’inquiéter de la disparition du Palais Acropolis et de la perte de l’activité congrès ?

- Je comprends l’inquiétude des hôteliers et de tous les commerces impactés par cette disparition. Mais là encore, nous n’avons d’autre choix que de regarder devant et de faire confiance à la stratégie de la Métropole. Le volume de nuitées habituellement généré par l’actuel palais des congrès a été cette année largement compensé par l’afflux d’une clientèle individuelle. Les chiffres le montrent sans ambiguïté. Le classement UNESCO, les grands travaux, l’ouverture de nouveaux hôtels haut de gamme, l’arrivée de grands événements culturels et sportifs, entre autres, vont faire leur travail de locomotive et générer une clientèle nouvelle à plus fort pouvoir d’achat en attendant la construction annoncée du nouveau palais des congrès. Nous sommes dans une période de transition où il va falloir conjuguer nos efforts pour à la fois conforter la clientèle individuelle d’aujourd’hui, et convaincre la future clientèle plurielle de demain. C’est en regardant tous dans le même sens, et en travaillant ensemble, professionnels et institutionnels, que nous y arriverons.

Photo de Une : Bruno Mercadal ©DR

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