BTP : les trois quarts

BTP : les trois quarts des chantiers ont repris, mais pas encore à plein régime

La filière a réussi à réunir les conditions du redémarrage des chantiers qui n’ont pas encore retrouvé leur vitesse de croisière. En amont, la délivrance des permis est aussi assurée.

"Quand le bâtiment va..." Si la vie économique de notre pays est fréquemment résumée par cette petite phrase, pour les Alpes-Maritimes, l’immobilier constitue en effet l’un des principaux moteurs avec le tourisme et l’industrie. D’où l’extrême attention qui lui est portée par les pouvoirs publics en ce moment : s’il redémarre "normalement" après l’arrêt soudain de la mi-mars, il entraînera derrière lui beaucoup d’autres secteurs économiques du territoire...

Serge Castel, directeur départemental des territoires et de la mer (DDTM), s’est entretenu par "webinaire" avec les membres du Club de l’immobilier de la Côte d’Azur. Il a fait un point de situation alors que l’on voit les chantiers sortir progressivement de deux mois de torpeur.

Mairies : le lent retour du "présentiel"

"Selon nos décomptes, 74% des chantiers ont repris dans le département. C’est une bonne dynamique, qui place les Alpes-Maritimes en tête, même s’il y a encore des problèmes sur le terrain qui sont liés à la difficulté de respecter les règles sanitaires" estime le DDTM. Mais avant de voir tourner à nouveau les camions-toupie et s’activer les grues dans le ciel, il y a en amont la partie "administrative" de la délivrance des autorisations et des permis de construire qui préoccupe encore les professions immobilières. "Nous sommes revenus rapidement au niveau de production dans nos services. Par exemple, nous venons de signer trois gros permis sur Nice Meridia. Nous continuons à progresser. Cette crise montre que le télétravail permet de produire malgré les difficultés. Nous poursuivons maintenant normalement nos activités, de plus en plus en présentiel" assure Serge Castel.
À Benjamin Mondou, agent immobilier niçois, qui s’inquiète du blocage des déclarations d’intention d’aliéner (DIA) constaté depuis la mi-mars, le DDTM a annoncé que ce n’était pas le fait de ses services, mais plutôt de ceux des petites mairies, dont certains sont encore à l’arrêt complet. Il a expliqué signer une vingtaine de DIA par jour actuellement, contre le même nombre par mois avant la crise, preuve du rattrapage en cours. Les efforts portent prioritairement sur les gros projets, mais les petites communes ne sont pas oubliées. "Elles recommencent à nous appeler" note le DDTM. L’Ordre des Architectes s’est livré à une enquête : en date du 12 mai, sur les 57 villes et villages des A-M qui ont répondu, cinq avaient complètement rouvert leur service d’urbanisme y compris avec accueil physique, dix étaient encore fermés et quarante-deux confinés mais instruisant tout de même les demandes. Pour faciliter la délivrance des permis, Serge
Castel suggère aux petites collectivités de se faire aider par les architectes, mais aussi de se regrouper et de se professionnaliser. Des
réunions régulières sont tenues entre le préfet Bernard Gonzalez, le président de la Métropole Christian Estrosi et le DDTM pour s’assurer des conditions d’une reprise dynamique tandis que les perspectives d’un plan de relance se précisent chaque jour davantage.

Marchés publics : de la "souplesse"

Concernant les marchés publics, qui ont pris du retard et préoccupent les entreprises du BTP quant à d’éventuelles pénalités, le préfet a écrit aux donneurs d’ordres pour leur demander de faciliter tant que possible la reprise des chantiers et de trouver des solutions à l’amiable. "On n’en sortira pas en luttant les uns contre les autres, il faut trouver une convergence, un équilibre dans la réalité" déclare le DDTM.
Pierre Mario, vice président du BTP-06 et représentant les métiers des travaux publics, a souligné que le guide de reprise des activités a été plutôt bien accueilli par la profession. "Il a fallu faire beaucoup de pédagogie. Dans nos métiers, le port du masque est quasi obligatoire. On s’y habitue après deux ou trois jours".
La Métropole a réalisé plusieurs visites sur quatre chantiers sur la plaine du Var pour vérifier que les conditions de reprise sont bien respectées. "Les retours sont satisfaisants. Il a pourtant été signalé quelques cas d’entreprises n’étant pas issues du territoire qui ne respectaient pas les obligations sanitaires et qui sont reparties, après avoir été sanctionnées".
Le BTP souligne aussi les "frais importants, hors productivité, induits par les protections anti-Covid", invitant les donneurs d’ordre à être "dans le compromis et la discussion" pour permettre le redémarrage.
Enfin, des participants ont souhaité qu’en cette période exceptionnelle, plus encore qu’à l’ordinaire, le Tribunal Administratif de Nice soit "sensibilisé" aux recours abusifs qui retardent ou annulent des chantiers.

Photo de Une : ¨Pendant le confinement, les chantiers ont été mis à l’arrêt dans leur quasi totalité. (DR JMC)

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