Ça vous chatouille ou (...)

Ça vous chatouille ou ça vous chatouille ?

Le grand sujet politique du moment n’est pas la prochaine Loi de Finances. Avec 3 000 milliards de dette, soit deux fois le montant total des comptes courants de tous les Français, il y aurait pourtant de quoi philosopher…

Ce n’est pas non plus le hold-up prévisible sur la caisse complémentaire du privé Agirc-Arrco : la gestion de bon père de famille par les syndicats patronaux et salariés, qui présentent des comptes à l’équilibre (quelle horreur !) et même des économies, pourrait être « récompensée » d’un siphonnage par l’État, entre un et trois milliards par an jusqu’en 2030.

Et encore moins le débat sur l’anonymat numérique sur les réseaux sociaux, dont on mesure pourtant les dérives avec le harcèlement suivi parfois, hélas, du suicide des victimes. La volonté politique de réguler ce qui est quand même un grand n’importe quoi, liberticide quand les paroles et les écrits n’engagent pas leurs auteurs, s’est heurtée à la peur d’être accusé d’une volonté de censure sous-jacente. Un rendez-vous manqué, pour l’instant, car il est possible que l’actualité repasse un jour les plats, après un nouveau scandale de cyber-harcèlement.

Non, le seul vrai sujet qui passionne et inquiète nos concitoyens depuis quelques jours, ce sont les punaises de lit. Des bestioles difficiles à éradiquer, qui sont aussi très « contagieuses » puisqu’il suffit d’utiliser une fois un fauteuil ou un lit pour les « attraper » et les disséminer. C’est donc un sujet du quotidien, bien palpable, un mauvais numéro bien « grattable », pour lequel des secteurs de l’économie s’inquiètent (les cinémas, les hôtels, les transports en commun, etc.), surtout à quelques mois des Jeux Olympiques. La presse étrangère se gausse, en particulier américaine, de la situation, en oubliant au passage que cette infestation est aussi très présente à New York par exemple, et depuis longtemps…
Personne ne peut prouver que ces hôtes détestables ont franchi l’Atlantique dans les vêtements des touristes en classe économique ou dans les costumes griffés de la Business. De la même façon, est-il a minima hasardeux de lier punaises de lit et... migrants. Comme le fit sous forme d’interrogation, comme ça, en passant, l’air de ne rien dire, Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée. On subodore dans cette intervention des intentions cachées aussi évidentes que nauséabondes, en tous cas indigne du représentant d’un grand parti démocratique. Même le RN et Éric Zemmour n’ont pas osé un tel raccourci.
Par comparaison, le cirque de la députée LFI Mathilde Panot, qui a exhibé dans une éprouvette des punaises de lit à l’Assemblée, a-t-il semblé pour une fois modéré.
C’est dire.

J.-M. CHEVALIER

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