Christian Estrosi : (...)

Christian Estrosi : "accélérer les marchés publics pour reconstruire les vallées"

Il y a un mois, la tempête Alex d’une violence exceptionnelle ravageait nos vallées des Alpes-Maritimes. Passé le moment de l’urgence immédiate - "monter" des vivres aux populations, rétablir les routes, l’eau, l’électricité - le temps de la résilience et de la reconstruction est maintenant venu. Président de la Métropole, Christian Estrosi explique aux "Petites Affiches" comment pourront se passer les marchés publics et quelles sont les aides que nous pouvons attendre.

Le PLUm devra t-il être modifié pour tenir compte des enseignements de cette catastrophe ?

- La reconstruction des vallées de la Vésubie et de la Tinée va s’inscrire dans la continuité du Plan Local d’Urbanisme métropolitain (PLUm). Celui-ci sanctuarise plus de 1 000 hectares de zones agricoles et plus de 500 hectares d’espaces naturels supplémentaires. Il nous a permis de fermer 760 hectares à l’urbanisation, dont 105 en zone U sur le seul territoire de l’arrière-pays. Je souhaite aussi que nous réduisions le nombre de logements dans la Plaine du Var.

Les dégâts vous conduisent-ils à revoir la copie sur l’OIN ?

- C’est une décision que nous avions prise avant les intempéries et qui prend tout son sens aujourd’hui. Avant les années 2000, le rythme d’artificialisation des sols sur le territoire métropolitain était de 200 hectares par an. Avec le PLUm, nous l’avons collectivement limité à 30 par an. Et sur le seul territoire de l’OIN, il est ne dépassera pas 35 hectares sur quinze ans !
Cette catastrophe vient rappeler la pertinence de notre PLUm que je souhaite que nous révisions au prochain Conseil métropolitain en novembre avant d’engager ce plan de reconstruction durable dans les quatre à cinq ans.

Le formalisme des marchés publics sera t-il allégé pour que ceux-ci puissent être passés plus rapidement afin de répondre aux urgences sur le terrain ?

- Nous disposons actuellement d’accords-cadres à bons de commandes qui nous permettent d’être réactifs et de répondre aux besoins liés à la tempête Alex.
En cas de besoins non couverts par ce dispositif, nous avons également la possibilité de passer par la procédure dite "d’urgence impérieuse", qui permet de faire appel à des procédures accélérées pour passer commande. Cette procédure d’urgence a d’ailleurs déjà été mise en place au sein de la Ville et la Métropole pour exécuter des travaux d’urgence, se fournir en produits pharmaceutiques, assurer une offre d’hébergement d’urgence ou alimentaire pour les personnes sinistrées ayant perdu leur logement.

Nécessité du Small Business Act pour intégrer les entreprises locales dans ces marchés gigantesques ?

- C’est une mesure que nous avons adoptée en 2013 pour encourager les PME locales à participer aux marchés publics et simplifier leurs démarches. Dans ce contexte de crise sanitaire et d’intempéries, le "Small Business Act" métropolitain est plus que nécessaire pour aider ces entreprises. Une attention particulière est portée sur l’accès des petites et moyennes entreprises locales aux marchés publics lancés par nos collectivités. Nous essayons, par exemple, de systématiser l’obligation d’avoir recours aux circuits courts ou d’aider les entreprises, notamment les TPE-PME, dans leurs démarches de réponse à une consultation. Nous allons donc continuer à appliquer ces dispositions.

La Métropole devra t-elle faire un emprunt "spécial reconstruction" pour financer les travaux ?

- Nous allons bénéficier d’une aide spéciale de l’Etat sous la forme d’une dotation intempérie. Nous avons également demandé, lors du dernier Conseil métropolitain, à bénéficier d’une aide supplémentaire avec le déblocage du Fonds calamité publique qui permettra de faire financer jusqu’à 100 % du coût des travaux de reconstruction par l’Etat.

Comment faire perdurer la mobilisation de tous - Etat, collectivités, associations etc - pendant les années nécessaires à la reconstruction ?

- Cette catastrophe a montré que nous sommes tous unis dans l’épreuve. Le travail n’est pas fini, c’est même maintenant qu’il commence. L’heure est à la solidarité vraie où chacun de nous doit travailler main dans la main. Le rôle de la Métropole, mon rôle, sera justement de faire perdurer cette mobilisation et de rappeler chacun à ses responsabilités.

L’accès aux stations sera possible dès cet hiver ?

- Nous mobiliserons tous les moyens nécessaires pour que nos stations de ski du Mercantour soient opérationnelles et accessibles dès cet hiver. Je souhaite que la saison d’hiver se déroule dans les meilleures conditions pour nos commerçants, nos touristes et nos habitants de la Métropole, si la situation sanitaire le permet. Les services métropolitains sont à pied d’œuvre pour rétablir les accès.

Comment vont s’articuler les missions entre les collectivités et le préfet chargé de la reconstruction ?

- L’Etat doit être présent et sa décision de nommer un préfet chargé de la reconstruction des zones sinistrées est plus que bienvenue et indispensable. Il n’est pas concevable que les collectivités et les particuliers se retrouvent seuls face aux conséquences dramatiques de cette tempête. Aux côtés de l’Etat et du préfet Xavier Pelletier, nous allons reconstruire nos vallées de manière résiliente et durable. Ce travail ne sera pas facile. Il ne s’agira pas seulement de rétablir des routes et des réseaux. Mais nous avons anticipé ces nouveaux défis. C’est tout le sens de la création en juillet dernier de notre Agence métropolitaine de sécurité sanitaire, environnementale et de gestion des risques.

Déjà des mesures concrètes ?

- J’ai demandé à l’Etat de la souplesse pour les dépôts de dossiers de catastrophe naturelle ainsi que des mesures de dégrèvement d’impôt sur le revenu, de taxes et cotisations foncières, de taxe d’habitation et de contribution sur la valeur ajoutée des entreprises au bénéfice de tous les particuliers et des entreprises touchés par la tempête.

Photo de Une DR

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