Christian Estrosi : (...)

Christian Estrosi : "la Métropole est indispensable pour notre avenir"

Le président de la Métropole Nice Côte d’Azur explique pourquoi le territoire a choisi la high tech et le développement durable pour que les enfants d’aujourd’hui aient du travail demain.

- L’ambition, c’est d’être au niveau des grandes métropoles européennes. Pourquoi est-ce si important ?

Pour la simple raison que nous sommes entrés depuis dix-neuf ans dans le 3ème millénaire, il ne faudrait pas l’oublier ! Le monde se transforme à une vitesse encore jamais vue dans l’Histoire. Si nous restons dans le monde étriqué d’avant, nous disparaîtrons. Voilà pourquoi, pour répondre aux multiples défis de la mondialisation, il nous faut de grandes métropoles européennes. Et Nice, avec ses quarante-neuf communes doit en être.

- De la recherche à haut niveau, des startups… On entre de plain-pied dans le 2.0. Le but, c’est de développer l’économie, les emplois ?

Il nous faut épouser la révolution numérique sinon, c’est elle qui nous dévorera ! à Nice, nous avons décidé d’aller de l’avant. Depuis dix ans, nous multiplions les initiatives en faveur de tout ce qui est novateur, sans précédent. Nous avons été la terre d’expérimentation pour des procédés et des inventions qui, depuis, sont entrés dans l’usage courant.
Les startups comme les grandes entreprises ont trouvé ici une terre d’accueil, avec, à terme, des retombées positives pour toute la population. La Smart city que nous sommes en train de construire innerve tous les secteurs : l’économie, l’urbanisme, l’enseignement supérieur et la recherche, les arts et la culture. C’est un formidable vecteur d’expansion.

- Malgré la volonté d’aller vers le développement durable, est-ce que ce développement que l’on constate déjà sur la plaine du Var ne va pas se réaliser au détriment des espaces naturels ?

Le développement que nous avons entrepris, et plus particulièrement dans la plaine du Var, est durable, par définition. C’est notre choix. Il est bâti sur l’essor des énergies propres et renouvelables. Il n’y a aucune contradiction. Quant aux espaces naturels, nous les protégeons comme jamais cela n’a été fait par le passé. Dans le nouveau Plan Local d’Urbanisme Métropolitain, les zones urbaines sont réduites de près de 800 hectares et la surface des zones agricoles augmente de plus de 1 000 hectares sur l’ensemble de la
Métropole. Sur Nice, la protection de notre ceinture collinaire est renforcée. On se développe, oui, mais on ne bétonne pas ! Et je rappelle que dans la plaine du Var, nous avons prévu et commencé à aménager un grand parc urbain de plus de trente hectares.

- Serons-nous en mesure de recevoir les nouveaux habitants qui voudront s’y installer ? Par exemple pour le logement…

L’Eco Vallée est bâtie sur le principe que les gens y vivent et y travaillent. Ce ne sera pas une zone que l’on désertera le soir venu. Qu’il s’agisse du Grand
Arénas ou de la technopole urbaine de Nice Meridia, de nombreux logements sont prévus pour accueillir au mieux la population active. Et l’un des meilleurs exemples, c’est le magasin Ikea, à Saint-Isidore, qui sera inclus au cœur d’un éco-quartier, partie intégrante d’un urbanisme novateur.

- N’y a t-il pas trop de densification des constructions, sur l’avenue Simone Veil ou à l’Arénas par exemple ? Que dites-vous à ceux qui reprochent une architecture banalisée, finalement la même qu’à Barcelone, Milan ou Lyon ?

Si l’on veut protéger efficacement l’environnement, il faut à tout prix éviter l’étalement urbain qui mange l’espace et qui est générateur de nombreux maux. Il faut densifier des secteurs bien précis pour en libérer d’autres. Quant à la qualité architecturale, je rappelle que nous avons fait appel à quelques-uns des plus grands architectes contemporains : Jean-Michel Wilmotte, Marc Barani, Jean Nouvel, Christian Devillers, Josep Lluis Mateo, le
japonais Sou Fujimoto et d’autres…

- L’orientation choisie – recherche, digital etc. – est tournée vers la high tech. Est-ce que ces filières développeront aussi des métiers plus traditionnels pour les gens qui ne sont pas très qualifiés ?

Aujourd’hui, la High Tech investit tous les secteurs, même les plus traditionnels. Mais, bien sûr, nous allons continuer de développer les autres axes forts de notre économie azuréenne : le tourisme, le commerce et l’artisanat, le bâtiment et les travaux publics. Autant de secteurs qui continueront de faire appel à une main d’œuvre abondante.

- Transfert du MIN, gare multimodale, lignes 2 et 3 du tram, projets sur l’Arénas… Doit-on s’attendre à un impact sur l’imposition locale pour le financement de ces équipements ?

Notre Métropole a fait le choix d’investir pour garantir l’avenir, préserver les emplois, accroître à terme le niveau de vie de tous. Les grands équipements que nous construisons sont un formidable stimulant pour l’ensemble de l’économie. Une fois achevés, ils vont considérablement renforcer notre attractivité. De nouvelles entreprises vont s’installer chez nous, et elles seront génératrices de nouvelles rentrées fiscales. Bref, c’est un cercle vertueux dont tout le monde sera bénéficiaire.

- Est-ce qu’au final l’image de Nice et de la Côte d’Azur ne sera pas "brouillée" avec cette entrée rapide dans le monde moderne ?

Au cours de ses 2 500 ans d’histoire, Nice a toujours su s’adapter sans renier son identité. Une nouvelle fois, elle va changer en restant elle-même. En tout cas, nous agissons en ce sens. Et j’en veux pour preuve l’ampleur des travaux de restauration et d’embellissement de notre patrimoine que nous conduisons depuis dix ans.

Photo de Une : (DR et courtesy Métropole Nice Côte d’Azur)

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