Corinne Lepage : en marche vers l’écologie

L’économie et l’écologie sont-elles compatibles ?

Oui, et heureusement, parce que nous n’avons pas le choix ! Le développement des années à venir passe par la transition énergétique mariée avec le digital. Ceux qui ne comprennent pas ces paramètres sont voués à la disparition...

Mais vivre, c’est consommer, et consommer c’est détruire...

Il faut s’engager dans l’économie circulaire, qui consiste à réutiliser la matière première pour fabriquer de nouveaux produits tout en limitant les déchets. Ce concept est un profond vecteur de transformation du modèle économique. Le recyclage et la réutilisation des produits sont économes en matière première et en énergie.

Sortir du nucléaire, est-ce envisageable ?

Le premier point acquis - sauf pour M. Fillon et Mme Le Pen - c’est qu’il y a un problème nucléaire en France. Du fait de l’extrême dépendance du pays à cette énergie, du vieillissement du parc de nos centrales, de problèmes de sécurité croissants, et surtout d’une équation économique et financière qui devient ingérable.

C’est-à-dire ?

Nos plus anciens réacteurs dépassent les 40 ans d’âge pour lesquels ils ont été conçus. L’autorité de sûreté nucléaire s’est rendue compte à Flamanville qu’il y a des défauts très graves dans la cuve des réacteurs. Il est donc indispensable de renforcer les moyens et les pouvoirs de l’Agence qui est le gendarme du nucléaire !

Mais alors quelle alternative proposez-vous ?

Vous avez sans doute remarqué qu’Emmanuel Macron a évolué sur ce sujet comme sur d’autres qui touchent à l’écologie. Sa proposition est raisonnable : il retient l’objectif très ambitieux de la loi énergétique qui est de réduire à 50% la part du nucléaire en 2025. Pour y parvenir, il faudra renforcer l’efficacité énergétique car la France a un retard abyssal en ce domaine. On a trop dit injustement que l’électricité nucléaire n’est pas chère et depuis quarante ans on a installé des chauffages électriques dans des logements qui sont de véritables passoires. Il faudra donc rénover les bâtiments, publics et privés.

Tout cela va coûter cher. Comment procéder ?

Il faut proposer aux Français un audit gratuit de leurs logements pour qu’ils aient une idée des améliorations à apporter. Il faut aider les familles à aller dans cette direction et prévoir des investissements lourds pour la rénovation des bâtiments publics, et des encouragements concrets pour le privé.

Plus concrètement ?

Par exemple, alors qu’aujourd’hui on peut déduire de ses impôts une partie des investissements réalisés pour la rénovation énergétique, il faut transformer ce budget en allocation de départ, afin que les ménages n’aient pas à faire l’investissement au démarrage des travaux. C’est très incitatif ! Il faut aussi pousser sur le circuit court, autoproduction et autoconsommation, qui fait gagner de l’énergie. Aujourd’hui, 33% seulement du courant produit par les centrales est consommé, le reste se perd sur le réseau du fait de l’éloignement entre le lieu de production - les centrales - et celui de la consommation.

Le grand fichier national TES est-il une menace pour les libertés ?

Je pense que oui. Mais globalement, tous nos comportements personnels vis à vis du big data sont très préoccupants. Ce fichier posera des problèmes si, un jour, nous avons un gouvernement totalitaire...

Que pensez-vous de la candidature de François Bayrou, est-ce une menace pour Macron ?

Oui, mais Emmanuel Macron est dans les sondages devant
Fillon(*). J’ai été adhérente du Modem, et même si je ne partage pas toutes ses idées, François Bayrou est quelqu’un de respectable. Mais je trouve triste qu’il termine une carrière politique avec une candidature qui va l’amener à un score très faible. À quoi cela sert-il sinon à favoriser François Fillon ? En 2007, je voulais être candidate à la présidentielle. J’ai arrêté, parce qu’il y avait Bayrou et que je pesais 2% dans les sondages. Je n’ai pas voulu gâcher ses chances d’aller au second tour...

Corinne Lepage et Philippe Buerch, soutiens d’Emmanuel Macron - déplacement du 21/02/17 dans les AM- DR

Fillon aurait dû se retirer après le Pénélopegate ?

Je ne suis pas juge. La France ne vit pas dans une ile. L’image que la presse internationale est en train de donner de notre pays est une horreur absolue. Nous sommes présentés comme le pays de la corruption, de l’impunité. Imaginez que Fillon soit élu : quelle serait sa crédibilité pour imposer des mesures aux gens ? Et, surtout à l’international, comment pourrait-il donner du crédit à la France ?

(*) Interview réalisée mardi 21 Février à Nice.

Philippe Buerch : protéger l’environnement

"Je suis respectueux de nos paysages et de la diversité de notre environnement, qu’il faut préserver. Mon objectif, c’est que la campagne d’Emmanuel Macron se développe dans le 06. Je souhaite la protection des espaces verts. Vous savez que j’ai été le notaire en l’an 2000 qui a instrumenté à Cannes le transfert du Parc de la Croix des Gardes au Conservatoire du littoral. C’est par des actions comme celle-ci que nous devons agir. Il y a une détérioration des rivages qui me préoccupe, il faut être vigilants et sans doute empêcher les gros bateaux de croisière d’approcher autant des côtes. Pour les migrants, on ne peut pas tous les accueillir, mais nous avons en France des valeurs, celles des Droits de l’Homme ; que nous devons respecter."