Coup de pousse Jeunes

Coup de pousse Jeunes Pousses #6 : Reador

[Long format] - Nos interviews « Coup de Pouce Jeunes Pousses » souhaitent valoriser le travail de jeunes entrepreneurs dont le projet et le parcours professionnels nous ont séduits, et, donner un coup de pouce en terme de visibilité à leur entreprise.

Cette semaine nous allons à la rencontre de Christophe Desclaux- créateur de la start up Reador : Une interview qui tombe à pic au moment même où Reador fait un bond de géant et vient de signer un partenariat avec Hootsuite !

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre société READOR ?

Nous développons notre outil de filtrage, d’analyse sémantique et émotionnelle de posts sur les réseaux sociaux tel quel Twitter, Instagram ou Facebook.
Notre startup, créée le 27 février 2015, est accompagnée par l’Incubateur Paca-Est à Sophia Antipolis. Nous sommes issus de l’institut de recherche Inria au travers du groupe de travail Wimmics spécialisé dans la sémantique.

demoReadorFR from Christophe Desclaux on Vimeo.

Retour sur la phase de création de la société

Vous avez commencé très tôt à vous intéresser à l’entrepreneuriat : à 15 ans vous créez déjà avec des amis un réseau d’hébergement web Zouig précurseur dans le domaine du cloud computing : d’où vous est venu cet intérêt précoce pour l’entrepreneuriat ??

Whouw ... on sort de suite les dossiers casseroles là ! Effectivement, j’avais déjà le goût de l’entrepreneuriat (et des cheveux en plus). Zouig était pour moi surtout l’occasion d’expérimenter technologiquement tout ce qui m’attirait dans l’informatique : le logiciel libre et le web. Le logiciel libre représente, je pense, le meilleur moyen de débuter dans l’entrepreneuriat et fut ma meilleur école :
- Construire une communauté = Trouver des clients
- Faire coder d’autres personnes = Trouver vos associés qui travailleront gratuitement au début
- Présenter votre code en conférence = Convaincre clairement
Bref, c’est sûrement en découvrant le monde du logiciel libre que j’ai compris ce que je voulais faire ensuite et ce certainement qui m’a donné envie de me lancer.

Pouvez-vous nous raconter l’inspiration créatrice de votre projet professionnel qui vous fait basculer définitivement dans l’entrepreneuriat à la fin de vos études d’ingénieur ?
Tout est venu d’un problème tout bête : j’en avais marre de voir des chatons et autres contenus inutiles dans mon fil Twitter. Je trouvais débile de faire ma « veille » uniquement sur des personnes à suivre plutôt que sur des thématiques.
Et la machine a pris : mes profs de l’époque m’ont tout de suite encouragé à travailler sur ce projet et m’ont permis de le faire sur des projets scolaires.
Au fil du développement, de ce qui allait devenir Reador, je me suis éclaté à tester toutes les technos utiles, à poser plein de questions, à imaginer un tas d’évolutions possibles du projet.

En 2012, vous avez été accompagné financièrement dans cette phase de développement de « prototype » par l’INRIA : comment avez-vous eu l’idée de solliciter ce partenariat ?
C’est tout bêtement venu de la communauté du logiciel libre. J’avais entendu parler de l’Inria qui organise tous les ans le concours BoostYourCode. Mes profs m’ont tout de suite encouragé à foncer et à présenter le projet.
Je me souviens de ces deux semaines de folie que j’ai passé à préparer mon pitch de 20 minutes pour le jury BoostYourCode. Alors que j’étais en stage je bossais tous les midis et soirs le pitch avec les enseignants de l’école.

Cette année là vous étiez encore concentré sur le développement de votre projet technologique plutôt que sur la création de votre entreprise ?
Oui, en théorie je devais me consacrer uniquement au développement... Mais en même temps, j’avais choppé le virus et il était pour moi hors de question de redevenir salarié. Avec l’équipe D2T et Wimmics on a accompli un travail fabuleux pour construire techniquement Reador, et pour communiquer en parallèle sur le projet.

Dès décembre 2013 vous avez été accepté par l’Incubateur PACA EST pour financer la montée en puissance de votre projet : D’après vous qu’est ce qui a séduit le jury de l’incubateur dans votre projet ?
Sûrement pas le business model … J’avais beau avoir bossé sur un joli tableau excel, il ne valait pas grand-chose !
Je pense les avoir convaincu avec mon pitch et la problématique soulevée. Notamment cette phrase clé dont m’a souvent reparlé André Labat de l’incubateur :
« On estime à 4 millions de Tera Octets la production d’informations uniques sur l’année 2012 … C’est plus que sur les 5000 dernières années réunies ».

Et, bien sûr, déjà ma super mascotte, elle les a fait craquer c’est sûr !!!

Vous présenter, pitcher, défendre votre projet a-t-il était simple ? Aviez-vous suivi une formation de prise de parole par exemple ?
C’était la cata au début du projet... Mais à force de présenter le projet à un tas de gens il a bien évolué, et j’ai appris à aller droit au but. Je suis de nature timide et j’ai suivi plusieurs formations pour améliorer l’impact de mes pitchs.

En septembre 2014 vous avez reçu une Bourse de la Fondation Unice pour la 3ème édition du concours pour la création d’entreprises. Qu’est ce qui était à ce moment là le plus important pour vous : Les fonds alloués ou la reconnaissance de la pertinence et de la viabilité de votre projet de création ?!
Financièrement la bourse a permis de doubler le capital de la société. Mais c’était surtout un moyen de gagner en visibilité et d’enfin officialiser ma position d’entrepreneur.

Entrepreneuriales 2014 – Prix Jeune Entreprise – Christophe DESCLAUX (Reador)

En novembre 2014, nouveau prix : Prix de la jeune entreprise innovante remis par l’UPE06 aux Entrepreneuriales : Est-ce que ce prix mettant l’accent sur l’innovation était la preuve que vous aviez fait les bons choix stratégiques ?
Lors du concours des Entrepreneuriales je testais un nouveau pitch largement plus axé marché et avec un business model efficace.
Plus qu’une validation sur l’innovation ce fût surtout une validation de la viabilité du projet et la confirmation qu’il fallait se lancer et créer la société ! En plus j’ai visité l’Allianz Riviera !

Vous avez immatriculé votre société en février 2015 : pourquoi avoir fait le choix d’une SAS ? Avez-vous un Expert Comptable depuis le début du projet ou réussirez-vous pour le moment à gérer cela tout seul ?
Impossible de s’en sortir seul ! J’ai immédiatement cherché un Expert comptable, un Avocat et du conseil externe pour monter la structure. Le choix de la SAS s’est fait tout seul, je ne connaissais que des startups SAS dans le coin, j’ai donc préféré gagner du temps et ne pas étudier le problème...

Avez-vous souffert d’un manque d’accompagnement précis inhérent à votre secteur d’activité technique et expert ?
Non, je suis hyper fier et satisfait d’être accompagné par l’incubateur PACA-EST mais aussi officieusement par d’autres personnes qui m’apprennent au quotidien énormément.

Quel a été votre frein le plus compliqué à gérer pour débuter la création et auquel vous n’aviez pas pensé ?
Devoir signer P-DG sur les docs officiels ! Venant d’une famille « ouvrière » et disons le, un brin syndicaliste, ça fait toujours drôle d’en parler en famille mais j’ai le soutien unanime de mon entourage.

Quel est le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?
Parler de mon projet. La startup est à des années lumières de ce que j’imaginais il y a deux ans, et c’est uniquement grâce à mes échanges avec d’autres acteurs.

La société aujourd’hui

Entrons à présent dans le vif du sujet ! Présentez nous Reador et les spécificités de son algorithme plus précisément

Enfin ! Je me demandais justement si Les Petites Affiches était un magazine People.

Reador est propulsé par son algorithme dédié, il scrute les réseaux sociaux (Twitter Facebook Instagram) en profondeur pour, non seulement ne rien rater, mais aussi mieux percevoir ce qui se dit en ligne, les émotions, les centres d’intérêts et les tendances qui sont en vogue.

Ainsi il suffit à nos clients de quelques minutes pour mettre en place leurs propres journaux sociaux.

Pourquoi votre startup va réussir ?

Reador se distingue des autres solutions sur trois points essentiels :
- La pertinence de l’information récupérée : Reador, à la différence d’autres solutions, exploite des technologies sémantiques pour comprendre le sens de chaque message sur internet. Grâce à une analyse poussée des méta-données il remonte en masse les informations grises issues du web social. Il permet aux Community Managers une amélioration qualitative de leur reporting mensuel, du relationnel clients et une maîtrise fine de leur e-reputation.
- L’exploitation de technologies de DataViz permet de visualiser les tendances liées aux marques avec une granularité temporelle ajustable à souhait en fonction des actions comm’ ou des tentatives de buzz.
-  L’analyse d’émotions précise et indépendante : nous avons fait le choix de ne pas nous reposer sur d’autres APis tels que sentiment140 ou la searchAPI de Twitter. Cette indépendance nous permet d’améliorer au quotidien notre outil et d’apporter à nos clients une précision bien plus importante dans la classification des messages. Reador offre aussi un gain de temps dans la découverte des messages négatifs à fort potentiel d’emballement et un suivi efficace de l’évolution de l’e-reputation.

Pouvez-vous nous expliquer votre modèle économique ?
La plateforme est disponible gratuitement grâce à notre offre gratuite qui permet à nos utilisateurs novices de prendre en main l’outil et de visualiser les premières informations grises. La version pro en abonnement mensuel permet de créer autant de journaux que désirés, et d’avoir accès aux analytics sur tous les réseaux sociaux.

Nous nous rémunérons aussi sur les partenariats tissés avec d’autres sociétés pour l’exploitation de nos APIs.

Votre marché est-il forcément international ?
Oui !

Votre site internet est bilingue français/anglais : ce développement a-t-il été déterminant dans votre conquête des marchés internationaux ?
Oui, c’est une évidence, quand Hootsuite nous a accepté au sein de son programme de partenariat nous avons immédiatement traduit le site pour préparer cette affluence de visiteurs du monde entier.

Votre logo et votre site ont une identité très personnelle ! Avez-vous fait appel à une graphiste pour créer ces éléments de votre marque ? Et quels messages souhaitiez-vous immédiatement transmettre via ces identifiants visuels ?
En adepte du DIY j’ai fait la première version du logo que j’adore.
Mais en août 2014 on a décidé avec l’agence de com’ avec laquelle nous travaillons de relifter le logo pour le simplifier et pour lui donner des couleurs plus sexy. Le message que l’on souhaite faire passer ? Pas grand chose, je voulais un truc funky et clairement reconnaissable et ça marche très bien !

Qu’est ce qui a déterminé le choix du nom Reador ?
Le logo ! Une fois que j’avais mon super dino il fallait bien trouver un nom de produit qui rime avec notre dinosaure. Plus sérieusement à l’époque je positionnais le produit comme une alternative à Google Reader, j’ai donc choisi un nom le plus proche possible en gardant une différentiation suffisante pour passer les filtres de l’INPI.

Avez-vous eu des difficultés pour trouver des locaux professionnels ?
A vrai dire ce fut certainement le plus facile dans la création de la société. L’incubateur nous loue des bureaux au sein du Business Pôle sur Sophia Antipolis.
C’est un lieu fabuleux avec énormément d’autres startups et un foisonnement de projets hallucinants.

Et vos bureaux ? Open space, baby foot et jeux vidéos ?
Hélas on n’a pas vraiment la place pour tout ça :(. Par contre c’est thé à volonté avec de superbes lumières et néons verts !

Vos concurrents sont-ils plutôt français ou étrangers ?
Nous avons quelques concurrents en France mais le gros de la concurrence vient essentiellement des Etats-Unis.

Comment vous différenciez-vous ?
C’est tout simple, là où nos concurrents analysent 140 caractères nous en analysons plusieurs milliers en allant fouiller dans les liens placés dans les tweets. Cette précision nous permet de fournir à nos clients une solution largement plus puissante de filtrage de contenus.

Parlons CM ! Et vous Monsieur le facilitateur de Community Manager, comment les réseaux sociaux sont inclus dans votre stratégie de communication commerciale ? Quel community manager êtes-vous ?!
J’ai décidé très vite de séparer mon compte “perso” @descl3 du compte de la société @readornet. Pour avoir une vraie liberté sur ce que je peux dire en ligne.
En terme de publication je suis du genre à passer 5 minutes à rédiger un tweet lors d’un event, à relire 20 fois le contenu pour ne pas me tromper. La qualité du contenu est hyper importante, mais répondre aux sollicitations l’est tout autant. D’ailleurs pour la petite histoire on s’est rencontré sur Twitter pour organiser cet entretien !
En général j’aime bien teaser la communauté avant les events ou pour les moments clés de la société. Et je m’appuie aussi sur le blog et une mailinglist “privée” de toutes les personnes importantes au projet que j’aime bien informer.

Enfin sur Hootsuite j’aime bien passer du temps à tripoter l’outil pour me le configurer aux petits oignons. Et supprimer directement après mes feeds car je les trouve inutiles...

Parlons French Tech ! En juin 2014 vous décrochez une Bourse FRENCH TECH décernée par la BPI : ce label Entreprise Innovante française est- il important au niveau mondial ?
Non, hélas il est encore trop récent pour vraiment être un atout lors de nos discussions à l’étranger. Par contre la bourse nous permet au quotidien de faire valoir la qualité de notre projet à la fois technologiquement mais aussi en terme d’innovation d’usage.

Parlons Recherche et développement ! Vous êtes sur un secteur très évolutif et qui nécessite des développements permanents : comment s’organise votre R&D ? Avez-vous d’autres projets que Reador ?
Effectivement c’est un secteur qui évolue à une vitesse folle. Nous travaillons sur plusieurs axes d’améliorations de l’outil. Je préfère cependant ne pas tout dévoiler maintenant. Mais pour les plus geeks d’entre vous qui comprendront certainement, nous nous lançons dans l’exploitation de la librairie OpenCV afin de nous amuser sur Instagram ;).

Parlons succès et buzz ! Vous venez juste de signer un partenariat avec le géant HOOTSUITE !

Comment s’est passée la mise en relation ?
La mise en relation s’est très bien passée en fait. On a commencé à bosser avec l’équipe Hootsuite en fin d’été 2014. Ont suivi 2 mois de discussions sur les scénarios d’usage de notre intégration. Puis on nous a permis d’accéder aux API’s et l’on a commencé à bosser à fond.
Ce fut très instructif : le fonctionnement d’une énorme société type Hootsuite, tout est normé, documenté. La quantité de docs internes que j’ai dû lire lors du développement est hallucinante.

Qu’est ce que ce partenariat va changer dans votre société ?
Il nous apporte une magnifique référence client qui permet de justifier auprès d’autres acteurs notre légitimité. De plus notre cible étant les Community Managers il était évident que nous devions être intégrés sur des plateformes telles que celle-ci.

Vos objectifs pour les deux ans à venir ?
Top secret :(

On définit souvent la start up par le fait qu’elle est juste créée et n’a pas de passé : cet accord est-il votre première marche vers une phase de maturité de votre société ?
Oui cette première référence est un énorme coup de pouce pour notre startup. La signature nous a permis de rentrer en contact avec d’autres sociétés qui nous intéressent et qui se sont montrées à leur tour très intéressées par nos solutions.

L’entrepreneur Christophe Desclaux

Ingénieur informatique spécialisé dans les technologies du web sémantique

Votre plus grande satisfaction depuis l’immatriculation ?
Hootsuite ! Mais, je vais avoir l’air de me répéter à force !

Avez-vous rejoint des réseaux d’entrepreneurs pour partager et enrichir votre expérience ?
Oui c’est un très bon moyen d’échanger sur nos problématiques communes et de s’enrichir des erreurs des autres. J’ai aucun souci à partager sur les erreurs commises sur le projet et, ce type de rassemblements permet de prendre du recul sur notre projet.

Votre regard sur entrepreneuriat féminin ?
Il est INDISPENSABLE ! Je suis toujours frustré de voir aussi peu de femmes qui créent des boites alors qu’elles sont pleines de créativité, d’organisation et de bon sens. C’est encore pire dans les startups tech...

Pourriez-vous être salarié ?
Tant qu’il y a du Challenge tout est possible, j’ai surtout envie de relever des défis et ce mode de fonctionnement marche aussi bien en étant salarié qu’entrepreneur. Et le facteur stress serait surement plus simple à gérer en tant que salarié non ?

La phrase qui vous caractérise le mieux vous et votre projet, une citation qui vous parle, un titre que vous aimez ?

Après autant de questions je manque de créativité... voici une idée sérieuse :

"Propulsé par son algorithme dédié, Reador scrute les réseaux sociaux en profondeur et aide les Community Managers non seulement à ne rien rater, mais aussi à mieux percevoir ce que pensent leurs communautés, via l’analyse de leurs sentiments, centres d’intérêts et les passions qui les animent."

Et une idée moins sérieuse

READOR N’EST PAS UN DINOSAURE COMME LES AUTRES ! C’est un informativore de la famille des “Data Glutonis”. Son appétit est insatiable et ses résultats uniques en leur genre...

Découvrir Reador et essayer une page https://www.reador.net/
Découvrir Hootsuite https://hootsuite.com/fr-fr/

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