Députée, confinée, affairée

Députée, confinée, affairée : Alexandra Valetta-Ardisson debout sur le pont

Elle n’est sortie de chez elle que trois fois depuis le début du confinement, et seulement pour des déplacements en vue "d’effectuer des achats de première nécessité dans les établissements dont les activités demeurent autorisées", case 2 de l’attestation dérogatoire. En clair, la députée LREM Alexandra Valetta-Ardisson ne s’est mise en marche - au sens propre - que pour acheter de quoi nourrir sa proche cellule familiale, c’est-à-dire son époux et son chien, comme elle confinés dans leur logement de Menton. N’allez surtout pas croire que cette hyperactive profite du moment pour se relâcher, ce n’est pas son genre. Peut-être même qu’elle en fait encore un peu plus qu’en temps ordinaires, mais différemment.

"C’est compliqué, il a fallu s’organiser, chambouler les emplois du temps et les habitudes, mais on y arrive" explique celle dont les journées commencent désormais par une visioconférence avec ses collaboratrices Erika, Céline et Audrey, elles aussi confinées à leurs domiciles. "On échange sur tout ce qui s’est passé depuis notre dernier contact, on prévoit la journée, et on y va".
élue aimant faire du terrain et multiplier les contacts directs en temps ordinaires, Alexandra Valetta-Ardisson s’applique en ce moment à "faire remonter" dans les ministères les préoccupations que lui confient ses interlocuteurs azuréens. Et à faire "redescendre" de Paris les informations vers les administrés. "Nous allons à la pêche aux infos chaque jour, c’est un service pratique que l’on rend. C’est aussi une façon de lutter contre les fake news".

Newsletter quotidienne

Qui sait, peut-être que la députée de la 4ème circonscription des Alpes-Maritimes se sentira l’âme d’une journaliste à la fin de cette période si particulière ? "Chaque matin, nous ’checkons’ les informations sur les sites de tous les ministères et sur le Journal Officiel. Nous recherchons aussi ce qui va être annoncé et nous composons une newsletter qui est largement distribuée aux socioprofessionnels du département, aux élus, etc. Nous aurions pu nous contenter de reprendre et diffuser la lettre du groupe parlementaire, mais nous avons préféré faire la nôtre, sur mesure, pour coller aux besoins des Azuréens".
Pour clarifier ce maelström d’infos, de décrets, de circulaires, d’ordres et de contre-ordres - plus de cent vingt mesures fiscales et sociales depuis le début de la crise - la députée et son équipe réalisent aussi régulièrement une récapitulation. Elle reste aussi à la manœuvre le week-end, un moment
médiatiquement fort, pendant lequel le gouvernement et les oppositions communiquent beaucoup.
Jamais son téléphone n’a autant "chauffé" puisque, confinement oblige, l’essentiel de son activité parlementaire passe désormais par ce moyen de communication et par internet. Comme la plupart de ses collègues députés, elle est dans sa circonscription, l’activité législative étant très réduite. Ce qui n’empêche pas la Mentonnaise de continuer à poser à distance des questions écrites au gouvernement.

Visioconférence : pratique, économique, écolo...

Si elle a bien une satisfaction, c’est celle de ne pas travailler pour rien : sa newsletter est lue jusqu’à 1 400 fois par jour ! Elle est prisée des syndicats professionnels, des entrepreneurs, des indépendants et des maires qui en reprennent souvent le best of sur le site de leur commune. Ces élus de proximité viennent aussi à la "pêche aux infos" auprès de la députée. Les questions posées peuvent paraître dérisoires vues depuis Paris. Du genre : "j’habite en ville, mais j’ai mon jardin à la campagne : puis-je m’y rendre ?"
Mais Alexandra Valetta-Ardisson connaît toute la valeur d’une réponse circonstanciée, lorsque la même famille cultive depuis quatre générations le même lopin de terre...
Le contact reste permanent avec l’Assemblée, les technologies du numérique
facilitant les échanges : "nous avons tenu à deux cents députés une visioconférence avec le Premier ministre et cela a parfaitement fonctionné. Voilà qui donne à réfléchir pour l’après-crise : il est donc possible de travailler efficacement avec moins de dépenses de fonctionnement, moins de déplacements, donc moins de pollution. C’est une leçon à retenir..." Même chose sur le plan local : Alexandra Valetta-Ardisson vient de tenir la réunion de découpage de la carte scolaire par visio avec l’Inspecteur d’Académie. Député frontalière avec Monaco et l’Italie, elle échange aussi souvent avec le sous-préfet de l’arrondissement sur des sujets intéressant les trois états.
"Je passe mes journées au téléphone. J’aide les gens à se débrouiller, ce n’est pas toujours simple".
Finalement, il n’y a que son mari, en télétravail lui aussi à la maison, qui peine à établir le contact en direct avec son épouse toujours branchée sur la 4G. Avec une telle activité, pas de quoi s’ennuyer pour le couple, ni instaurer de la friture sur la ligne...

Jean-Michel CHEVALIER

Photo de Une DR

deconnecte