Emploi cadre : les (...)

Emploi cadre : les jeunes en difficulté selon une enquête de l’Apec

Si l’emploi cadre a dans l’ensemble limité la casse en 2020, les jeunes diplômés ont subi de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire, selon les résultats d’une enquête présentée vendredi 7 mai par l’Apec Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et Corse.

"Les résultats sont meilleurs que ce qu’on pensait mais il faut être très prudents car cela bouge vite", a prévenu Anthony Fumard, délégué régional pour l’Apec Paca et Corse. "La situation est nettement plus compliquée pour les jeunes", a assuré Julie Roynette, responsable de centre à Nice.

En décembre 2020, le nombre d’offres publiées sur apec.fr pour des postes de cadres situés en Paca et Corse a baissé de 14% par rapport à décembre 2019. Sur la même période, la baisse a atteint 40% pour les offres accessibles aux jeunes diplômés.
"On observe un phénomène d’embouteillage" alors que le quart de la promotion des diplômés 2019 est toujours sur le marché du travail, a analysé Julie Roynette. "C’est un sujet critique. On s’est mobilisé avec l’Opération objectif premier emploi. Mais la deuxième vague de jeunes diplômés va arriver" a abondé Anthony Fumard, précisant que c’était "difficile aussi pour les seniors".
Au niveau national, l’emploi cadre a enregistré en 2020 un recul de 19% (228 700 recrutements) par rapport à 2019 (281 300). Il avait reculé plus fortement en 2009, de 28%, après la crise des subprimes de 2008. Pour 2020, "on a eu très peur, on s’attendait à être à -30 ou -40 %" a confié Anthony Fumard.

Logique à deux vitesses


Pour la région Paca et Corse, la chute a été moins marquée qu’au niveau national, avec un recul des recrutements de 15% (14 730, contre 17 250 en 2019). Cette chute est surtout due au premier confinement (17 mars - 11 mai 2020) avec une baisse de 61% des offres publiées sur apec.fr par rapport à la même période en 2019.
Sur le terrain, Steve Platteau, consultant Apec en relations entreprises, a "pu voir un certain nombre d’entreprises qui ont dû se séparer de collaborateurs. Et d’autres qui ont investi dans le recrutement pour se développer. C’est une logique à deux vitesses. L’industrie est le secteur qui est en train d’exploser chez nous. Grasse en bénéficie, Carros également", selon le consultant. Pour 2021, les perspectives sont encourageantes même si l’emploi cadre ne devrait pas retrouver son niveau d’avant crise. Il est prévu 247 000 recrutements, 8% de plus qu’en 2020 mais 12% de moins qu’en 2019. En Paca et Corse, le redémarrage devrait être moins marqué avec une hausse estimée à 3%. Les métiers les plus recherchés concernent l’informatique (19%), le commercial et marketing (17%), les études - R&D (16%) et la production industrielle, chantier (12%). Bonne nouvelle pour les jeunes : la moitié des recrutements en Paca/Corse concernerait les cadres avec moins de cinq ans d’expérience. Mais il ne s’agit que d’une estimation et cette relative embellie ne devrait pas suffire à satisfaire tous les diplômés récents (2019 à 2021).

Recrutements : des témoignages encourageants


Derrière les chiffres, négatifs pour 2020, incertains pour 2021, il y a des trajectoires encourageantes.

Césarine Briolay DR

Césarine Briolay, âgée de 26 ans et diplômée en octobre 2020, vient juste de trouver du travail. Titulaire de deux diplômes niveau bac+3, en histoire de l’art et de guide-conférencière, elle n’a pas trouvé dans le secteur touristique. Elle confie : "J’avais l’impression d’être perdue sur les sites de recherche d’emplois, d’être une goutte d’eau dans un océan de candidats. On demande beaucoup d’expérience. J’étais inscrite à Pôle emploi et on m’a conseillé l’Apec". Accompagnée par un conseiller, Césarine Briolay s’est inscrite à un événement de recrutement sans CV, organisé par la Mission locale et l’Apec, baptisé "Only Skills". Elle a eu trois entretiens et trois propositions d’embauche. Elle a décroché un CDD d’un mois dans le secteur bancaire, au Crédit Agricole. Si tout se passe bien et si cela lui convient, elle pourrait être prolongée.
De son côté, l’entreprise Ecoat, dont le siège est à Grasse, "recrute pas mal", selon Olivier Choulet, son co-fondateur. Cette start-up, qui fabrique des polymères avec des matières premières d’origine naturelle pour ensuite intégrer la composition de peintures, a été fondée il y a 10 ans.
Composée à 80% de cadres, elle poursuit son développement et devrait voir ses effectifs passer de 28 à 35 d’ici la fin de l’année. "Nous n’avons pas de difficultés de recrutement pour des postes standards mais pour des postes plus spécifiques, cela devient compliqué. On passe par l’Apec et Linkedin", explique Olivier Choulet, qui préfère recruter des collaborateurs "plus jeunes" afin de pouvoir les former aux particularités de l’entreprise.

De gauche à droite : Anthony Fumard, délégué régional Apec Paca et Corse, Julie Roynette, responsable de centre et Steve Platteau, consultant relations entreprises. DR S.G

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