En terre sauvage, un (…)

En terre sauvage, un tiers-lieu… : Les Fines Roches bien plus qu’un camping

Sur les Fines Roches coule l’Estéron, une rivière calme et douce. Ici pas d’aménagement de l’homme ou si peu : un camping qui se perd dans la verdure et qui offre au visiteur une autre voie.


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« Le tiers-lieu*, c’est une palette de nuances, ça va du coworking en ville jusqu’au tiers-lieu nourricier qui fait du maraîchage. L’étiquette tiers-lieu est assez vaste mais je dirais qu’il y a toujours un mécanisme d’hybridation entre du travail, du vivre ensemble et une espèce de troisième lieu où tu veux offrir la convivialité et sensibiliser aux thématiques de transition. »
C’est pour tendre vers cet idéal que Jean-Marc Manivet a repris le camping des Fines Roches et créé l’association des amis de l’Estéron. Quand on arrive aux Fines Roches, on peut être campeur, ami, bénévole, contributeur, salarié ou tout cela à la fois avec cette sensation immédiate d’être de la famille.

Josepha et Noan ©Marine Einaudi

Josepha et Noan, des Bretonnes fraîchement diplômées d’une école d’ingénieur voyagent en Workaway** et se sont arrêtées pour une quinzaine de jours au camping. Elles donnent un coup de main en cuisine, à l’entretien, entre 3 et 5h par jour en échange du gîte et du couvert. Toutes deux expérimentent « une démarche pour se questionner sur notre place dans la société, notre manière de vivre, de consommer. L’idée est de découvrir des lieux inspirants pour construire notre avenir en sortant du cadre études-famille-travail. »

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Inventer un nouveau modèle

Yousra, « designeuse » dans l’innovation durable, se définit comme une nomade à vélo qui s’est posée quelques temps pour partager des moments enrichissants et donner un coup de main sur un chantier participatif du camping (cette semaine-là : construire un enclos pour les chèvres). Il y a les gens de passage et ceux qui ont choisi d’être salariés comme Manu : « C’est un mode de vie plus qu’un boulot. L’idée du collectif et de s’associer pour vivre et travailler ensemble m’a plu. » « Les Fines Roches c’est un endroit d’expérimentation, comme un laboratoire. Ce qui nous tient à cœur c’est d’établir un modèle économique viable qui prenne soin des collaborateurs. L’idée c’est de casser le schéma du tout travail mérite salaire. Si tu as du temps, tu peux l’offrir à un projet auquel tu croiws et vivre l’activité comme un plaisir. » Michel Hirschowitz est membre des amis de l’Estéron, il est venu animer un camp climat et prend sa place en cuisine quand cela est nécessaire. Comme Jean-Marc, il souhaite bousculer les repères classiques et inventer un nouveau modèle. Le postulat de départ du projet est que chaque salarié a des besoins différents. Établir des contrats de travail pour tous afin qu’il y ait une équité entre les statuts et les choix des membres.

Camp climat ©ME
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Vivre sobrement

« On est dans un camping, on vit avec moins d’eau, d’électricité, une tente, on diminue notre confort. C’est dans cette sobriété que naît le lien avec les autres  », relève Jean-Marc Manivet. De cette reconnexion à la nature découle une volonté de la protéger. Et la petite communauté des Fines Roches s’y emploie, avec, entre autres, l’organisation d’un camp climat.
Les participants cogitent pour renforcer les capacités d’action et apprendre à vivre plus sobrement. Maria a calculé son empreinte carbone : «  Je vais lister mes objectifs et être encore plus vigilante sur ma consommation.  »
Toute l’année, le camping est soucieux de s’inscrire dans cette démarche avec d’autres initiatives comme son Repair Café, sa ressourcerie de matériaux du bâtiment et cette volonté de toujours poursuivre ses efforts pour préserver la biodiversité de l’Estéron.
Et avoir la chance d’observer une biche en train de se désaltérer à la rivière ou de perdre son regard dans la Réserve internationale de ciel étoilé (RICE) de cette terre sauvage.

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Qu’est-ce qu’un Tiers lieu ?
*Le terme vient des États-Unis : third-place. Il a été défini au départ par le sociologue Ray Oldenburg à la fin des années 80 : lieu où les personnes se plaisent à sortir et se regrouper de manière informelle, situé hors du domicile (first-place) et du lieu de travail (second-place).
** Workaway est un réseau mondial qui met en relation des voyageurs prêts à donner un coup de main avec des hôtes qui ont besoin d’aide pour leurs projets ou leurs activités.

Photo de Une Au centre Jean-Marc Manivet et quelques bénévoles du camping ©ME