Entreprise individuelle

Entreprise individuelle : Plus de facilités mais des complications à venir

Pour Yves Bailleux, expert-comptable et commissaire aux comptes au sein de Gestion France Entreprises, si la loi du 14 février 2022 a amélioré la protection des patrimoines du chef d’entreprise lors de la création d’une entreprise individuelle (EI), des zones d’ombre apparaissent quant à la définition du patrimoine professionnel.

Cette loi, dite « Loi en faveur de l’activité professionnelle indépendante », entrée en vigueur le 15 mai 2022 et qui a rendu impossible la création de nouvelles EIRL, «  a facilité la détermination du patrimoine professionnel puisque désormais ce patrimoine professionnel n’est plus à déclarer. Il est simplement déterminé par son utilité à l’activité », a résumé M. Bailleux à l’issue d’une présentation éclairante effectuée le 26 janvier dernier au siège de la BPMED, à Nice, aux côtés de Laurent Talon, également expert-comptable au sein de GFE. «  Il n’y a plus de déclaration, plus de formalités. Pourtant, on a vu qu’il y avait quelques difficultés puisque les biens utiles à l’activité ne sont pas évidents à repérer. En outre, il y a le cas des biens mixtes, des biens indivis, de la résidence principale… », a-t-il ajouté. Si l’activité est florissante, tout ira bien. En revanche, le jour où les premières difficultés apparaitront il pourrait y avoir « des problématiques d’identification du patrimoine professionnel  », prévient M. Bailleux. «  L’actif comptable de l’entreprise ne va pas toujours englober la totalité des biens susceptibles d’être le gage des créanciers » et « des créanciers vont essayer de faire entrer des biens personnels dans le patrimoine professionnel, en arguant du fait qu’ils sont utiles à l’activité professionnelle même s’ils ne sont pas pour autant enregistrés comptablement dans le patrimoine professionnel  ».

Pour l’heure, il est encore tôt mais à n’en pas douter, des problèmes d’identification de l’actif professionnel se poseront, notamment pour les biens professionnels par destination c’est-à-dire les biens personnels que l’entrepreneur décide de mettre au service de son activité professionnelle « avec un usage répété ou prolongé  » comme un garage personnel, un véhicule personnel, etc. L’une des problématiques les plus épineuses développée par M. Bailleux dans sa présentation, concerne la partie de la résidence principale utilisée à des fins professionnelles : « Quels seront les droits effectifs des créanciers professionnels sur cette partie de résidence personnelle ?  », interroge Yves Bailleux, précisant qu’en pratique il ne parait pas possible de la découper…

Photo de Une : Yves Bailleux et Laurent Talon lors de la présentation à la BPMED ©S.G

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