Être jeune et entrepreneur

Être jeune et entrepreneur : une bonne "Initiative" !

Ils sont jeunes, ils sont entreprenants, ils ont aussi su mettre toutes les chances de leur côté pour réussir leur lancement. Comment ? En s’appuyant sur la solide expérience des bénévoles d’Initiative Nice Côte d’Azur qui les ont guidés pas à pas, en analysant leur projet, en le remettant parfois en question, et en participant au financement. Une longue maturation avant le décollage, qui conduit devant l’avocat, l’expert-comptable, le banquier, pour partir avec de bonnes chances de réussite.

Pop-up : efficace !

L’autre jour, au premier étage de Nice Etoile, beaucoup de monde pour assister au couper de ruban du "pop-up", la boutique éphémère d’Initiative, dont les locaux sont mis à disposition par la galerie commerciale. Elle permet aux jeunes entrepreneurs de montrer leurs produits et services pour un premier contact avec la vraie clientèle. Premier succès aussi, puisque les quatre entreprises présentes ont réalisé le samedi en cumulé un chiffre d’affaires de 4 000 euros.
D’autres prendront ensuite le relais, par rotation d’un mois, sur ce banc d’essai grandeur nature et superbement aménagé. Outre les surfaces de vente et d’exposition, il comprend aussi un espace de "microworking" où les gens peuvent venir travailler entre deux rendez-vous, un autre d’animation avec des ateliers digitaux pour des réunions dédiées à l’entrepreneuriat, des après-midi conseils pour particuliers et entrepreneurs. Ainsi qu’un espace d’exposition puisqu’à chaque session de nouveaux exposants un artiste est également invité.

C’est la troisième année que ce concept innovant de "pop-up" est abrité à Nice Etoile. Il est passé de 20 mètres carrés en 2017, à 50 l’an dernier et 200 mètres carrés cette année ! Une performance réalisée en deux mois seulement et saluée par Valérie Ammirati, présidente d’Initiative Nice Côte d’Azur, Franck Martin, conseiller municipal de Nice, délégué au commerce, Philippe Desjardins, président de la Fédération du commerce et de l’artisanat, et par de nombreux acteurs économiques du territoire.

Des exemples

Véritable lieu d’expérimentations, ce "pop-up" permettra aussi au consommateur de vivre une expérience unique à chacun de ses passages grâce à des QR codes et à des visites immersives. Les entrepreneurs de leur côté bénéficieront d’un retour client pour faire évoluer leur offre.

Ci-dessous l’exemple d’autres jeunes de la Métropole qui se sont également lancés dans la création d’entreprises avec Initiative, et qui... ne le regrettent pas !

Fabrice a tout misé sur Xocoalt

C’est un littéraire qui s’est perdu dans le chocolat. On l’écouterait parler pendant des heures du produit, de son commerce créé il y a presque dix ans et devenu une adresse réputée, alors qu’on lui prophétisait - au mieux - de végéter dans un créneau déjà encombré par les franchises et d’autres artisans solidement installés.
Mais Fabrice Zuppo est du genre coriace. Il a multiplié les formations : BEP de cuisine au lycée hôtelier de Nice, CAP de cuisine végétarienne, CAP de pâtisserie au CFA de Carros suivi d’un Bac commercial. Esprit curieux, touche-à-tout, il a multiplié les collaborations pour se former, avec toujours la même petite idée en tête : "je voulais créer mon entreprise".
Le chocolat étant sa religion, il a poursuivi sa formation chez un "couverturier-torréfacteur" qui a ouvert un centre de formation international. Il a payé de sa poche - cher - des stages qu’il a voulu personnalisés et centrés sur ses besoins.2005 et 2006 : étude de faisabilité, business plan, soutien d’Initiative Nice Côte d’Azur (alors "Fier Entreprendre") auprès de qui il demande - et obtient - le maximum d’aides pour se lancer : 30 000 euros. Un prêt d’honneur qui fera levier (x10 !) auprès des banques lui permettra de boucler les 300 000 euros d’investissement.
Ainsi est née "Xocoalt", boutique de la rue Alberti au design soigné. Fabrice Zuppo y vend ses chocolats originaires de dix-huit pays, tous sélectionnés avec le souci environnemental en plus de leur typicité de goût.
Alchimiste des fourneaux, il les prépare dans son atelier de Carros, et a embauché un responsable production, un responsable boutique et un apprenti pour faire tourner l’entreprise. Qui marche bien : "+ 8,2% de chiffre d’affaires l’an passé à effectif constant".
Et maintenant ? "Au départ, je m’étais fixé comme objectif de revendre après dix ans car je ne veux surtout pas prendre le risque de m’ennuyer. M’y voilà, j’y pense sérieusement et j’ai un nouveau projet de création d’entreprise. Mais pour l’instant, c’est top secret !".

David se frise les moustaches

Bienvenu sur la Côte d’Azur, le "Ch’ti" David Caddeo, 30 ans, a installé en sortie de Saint Martin-du-Var sa boutique de coiffure et de barbier intitulée "Barb’r Shop". Pas du genre à couper les cheveux en quatre, il y travaille six jours sur sept dans son salon pour épointer, couper, tailler et plus généralement s’occuper des messieurs qui veulent être beaux et sentir bon quand ils sortent...
Mais on ne s’improvise pas barbier. Pour pouvoir exercer, il faut être titulaire d’un BEP coiffure, diplôme que David a obtenu au CFA de Carros. Puis il a travaillé pendant une année dans un grand salon franchisé, le temps de mûrir son projet d’installation.
"Dès le départ, je voulais m’installer à mon compte". Il pousse donc la porte d’Initiative Nice Côte d’Azur qui croit en ce projet et qui lui permettra de poser rapidement son enseigne sur la façade.
"J’ai repris la boutique d’un coiffeur qui avait cessé d’exercer depuis plusieurs années. Il n’y avait donc pas de fond de commerce ou de droit au bail, ce qui a limité l’investissement de départ. Ensuite, j’ai tout refait, du sol au plafond, et voilà".
Si son activité surfe bien sûr sur la mode de la barbe - tout bon hipster se doit de ressembler à Victor Hugo ou à un ZZ Top - cette activité moustachière ne représente pourtant que 25% de son activité. Le reste étant réalisé par la coiffure traditionnelle.
"Le chiffre d’affaires croit régulièrement depuis le début. Les hommes du secteur ont retrouvé le chemin de cette boutique" se réjouit le jeune entrepreneur qui, à son tour, forme un jeune, Mathieu, qui a préparé au CFA de Carros un CAP de coiffeur et va entamer un parcours BEP. "Maintenant, je dois consolider. J’envisage l’année prochaine de faire des travaux pour installer de nouveaux postes de coiffage et de rationaliser l’espace". Et pourquoi pas aussi d’embaucher, pour continuer à se développer. En attendant, les fêtes de village de l’été lui donnent beaucoup de travail, les messieurs voulant se montrer à leur avantage.
Pour les clients fidèles, il a instauré une carte VIP permettant de venir "autant de fois que l’on veut" et sans rendez-vous.

Alexis, très vite le pied au plancher

Alexis Bens : à une lettre près... Ce jeune homme de 24 ans a évidemment choisi un fourgon luxueux de la marque étoilée pour son activité de VTC qu’il a démarrée le 15 mai à Nice. Auparavant, il avait monté tout seul son business plan - en s’aidant avec un site sur internet - mais s’était fait recaler par Initiative Nice Côte d’Azur, qui le jugeait insuffisant, susceptible de l’envoyer droit dans le mur. Pas de quoi décourager ce Montpelliérain d’origine, qui a remis son cœur à l’ouvrage, jusqu’à la création de sa SASU en mars et le bouclage des crédits nécessaires à l’acquisition de son outil de travail.
Alexis ne cherche pas les petites "courses" comme tant de VTC qui travaillent avec des applications numériques. "Je veux faire des prestations de luxe, établir une vraie relation avec les clients, devenir leur point de contact et de confiance pour chacun de leurs voyages sur la Côte".
Présomptueux ? Malgré son jeune âge, il s’est préparé de longue date à cette activité positionnée sur le haut du panier. Plusieurs mois passés à Miami et Orlando lui ont permis de parler anglais couramment. Il a ensuite été voiturier ou serveur dans des palaces de Genève (le Four Seasons), de Saint Barth et de Monaco. De quoi beaucoup apprendre du métier, de la psychologie de cette clientèle particulière pour qui le prix a (beaucoup) moins d’importance que la prestation qui doit être exceptionnelle. Le fourgon noir de Benjamin a embarqué ses premiers clients à l’occasion du Festival de Cannes. "Je propose un programme de visites qui peut aller jusqu’à un semaine complète". Pour "recruter", il dispose de contacts dans les hôtels et compte beaucoup sur le bouche-à-oreille pour nourrir ses bons de commande.
Il sait que rien n’est gagné. Il va attendre un peu de l’expérience en cours avant d’envisager d’embaucher un autre chauffeur pour développer son entreprise.
Et alors que l’on a souvent trop vite fait de dire du mal des banques, il est intéressant de préciser que Benjamin n’a eu aucune difficulté à obtenir ses crédits. Il n’a plus maintenant qu’à se concentrer sur la bonne conduite de son entreprise.

Benjamin n’a pas tardé à mettre la pression

Parce qu’il connaissait l’ancien vendeur de journaux de la Libération à Nice, parce que celui-ci y avait créé un rayon "bières", et enfin parce qu’il est passionné par ce breuvage houblonné et par le vin : pour toutes ces raisons, Benjamin Durand a repris la boutique dans laquelle il vend 330 références de bières parmi lesquelles celles qui sont brassées dans les Alpes-Maritimes. La "Cave Libération" propose aussi une sélection de vins des trois couleurs, français ou étrangers, de petites bouteilles "de soif" à partager pour quelques euros entre amis autour d’une socca, mais aussi les meilleurs crus de nos terroirs, selon son envie du moment et son budget.
Benjamin a démarré son projet en octobre 18, créé sa SASU en février et ouvert sa boutique le 11 mai. Un parcours "sous pression", qui n’a pas rebuté celui qui s’est formé dans la grande distribution commerciale.
"C’était pour moi une belle occasion de m’établir à mon compte. Je bénéficie de l’effet du marché de la Libération voisin, la bière et le vin étant très complémentaires. J’ai conservé la vente de Nice-Matin pour rester un point de rencontre dans le quartier".
Benjamin sait faire mousser ses produits. Il les aime, les cajole, en parle bien (et longtemps). Il apprécie de faire partager ses coups de cœurs, et aussi d’écouter les demandes de ses clients pour les guider vers de nouvelles découvertes.
"Je n’ai pas du tout la même clientèle que les franchisés. Pour la bière, ce sont surtout des jeunes qui veulent goûter des nouveautés ; pour les vins des personnes déjà plus sûres de leur choix". Plutôt satisfait de ses débuts, le caviste-biériste (néologisme !) regarde déjà vers l’avenir. En l’occurrence vers le... sous-sol de sa boutique, un local propre mais brut de décoffrage qu’il envisage d’emménager pour ouvrir de nouveaux rayonnages.
Bien sûr, il ne regrette pas du tout cette aventure entrepreneuriale, et maintenant que le bouchon est lancé...

Quentin : rien n’arrête le jeune poissonnier !

Rien n’arrête un poissonnier : en juillet 2017, Quentinhttps://www.facebook.com/quentinlep... saisissait l’opportunité d’un pas-de-porte disponible dans la rue Bonaparte pour y installer ses étals. Lui, le "Parisien", formé dans de belles adresses du métier, ne s’épanouissait plus dans son dernier poste chez un grossiste réputé de Rungis. Il est donc venu accrocher son panonceau, ici, à deux pas du "Marais" niçois. Une expérience que ce jeune homme ne regrette pas, même si le chemin de l’entrepreneuriat est bordé d’oursins bien piquants.
À trente ans, Quentin s’en est mis gros sur le dos. La transformation du magasin, l’installation des chambres de réfrigération et du matériel représentent un investissement important. "Le prix d’une belle villa". Alors, il ne faut pas se louper, surtout que la période de remboursement des crédits est courte, de cinq à sept ans. Donc, il faut savoir s’entourer pour mettre toutes les chances de son côté. "Une seule banque a accepté de me suivre dans ce projet. Il a aussi fallu convaincre les propriétaires. Ce fut une bataille permanente parce que l’on me prenait un peu pour un farfelu" confie t-il aujourd’hui.
Farfelu ? C’était bien mal le connaître. Plutôt du genre carré, précis, courageux, méthodique et... excellent communicant. "J’aime la relation avec le client. J’ai maintenant un socle d’habitués qui reviennent et me font confiance. J’apprécie de faire découvrir des produits nouveaux, que je suis le seul à proposer, ayant noué des relations avec des fournisseurs haut de gamme que je connais depuis mon époque de Rungis".
Pragmatique, Quentin n’a pas hésité à revoir sa copie en cours de route. Il a abandonné, pour un temps du moins, le rayon traiteur pour se concentrer uniquement sur le poisson, les coquillages et crustacées. "Parce que les plats préparés sont chronophages et que je devrais réaliser de nouveaux investissements, alors pour l’instant je fais une pause".
Son aventure a séduit le Rotary Club de Nice, qui récompense chaque année de jeunes entrepreneurs pour la pertinence de leur projet. Mais pas de quoi faire tourner la tête à Quentin, qui garde le cap comme tout bon marin : "On n’est jamais arrivé, j’avance par étape, la route est toujours devant soi".

Photo de Une : Valérie Ammirati et les élus lors de l’inauguration du Pop Up Store qui permet à de jeunes entrepreneurs de disposer d’un espace de vente à des conditions préférentielles. DR

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