Éviter la déconfiture (...)

Éviter la déconfiture du déconfinement "quoiqu’il en coûte"

Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, fut assez calomnié dans l’affaire dite "du sang contaminé" pour savoir mieux que quiconque l’injustice et la cruauté du monde politique. D’autres avant lui avaient déjà goûté à ce poison, d’autres après lui se verront proposer le hanap de ciguë lorsque l’on sera enfin sorti de cette crise majeure.

D’ailleurs, des médecins et des infirmiers ont déjà annoncé leur intention de déposer plainte contre des responsables gouvernementaux pour mise en danger de la vie d’autrui. Fantassins de première ligne, ils dénoncent le fait d’avoir été envoyés à la guerre sans protection.

Même réaction de la part des proches de pensionnaires décédés dans les EHPAD, persuadés qu’une autre gestion de la pandémie aurait - sans doute ou peut-être - épargné de la grande faucheuse un plus grand nombre de papys et de petites mamies.
"S’agissant de la responsabilité juridique, notre boussole pour en traiter doit être le droit et tout le droit. Si les juges doivent être saisis, il est essentiel, de quelque point de vue qu’on se place, que la sérénité de leurs travaux soit assurée" commentait Laurent Fabius dans le Figaro (samedi 18 et dimanche 19 avril).
Si d’aucuns en appellent à la nécessaire "union nationale" sanitaire pour terrasser le Covid-19, au plan politique on constate que nous nous trouvons plutôt dans une sorte de désunion globale, pas exempte d’arrières pensées.
Sur les bancs de l’Assemblée et du Sénat, les critiques sont parfois aussi acerbes que les petites phrases assassines lâchées dans la presse. Un défouloir, qui est peut-être nécessaire, pour faire baisser un peu la pression, au moins momentanément. Car le bilan est terrifiant : en France le coronavirus a déjà rayé de la carte l’équivalent d’une ville comme Vence. Il est à craindre que l’on ne soit pas encore arrivé avec cette cochonnerie au solde de tous comptes avant de revenir un jour à des temps nouveaux de croissance et d’insouciance.

En attendant, d’aucuns pronostiquent déjà une sortie de confinement difficile.
Elle le sera en particulier pour les professionnels, privés de tout ou partie de revenus, et qui pour certains perdront leur outil de travail malgré les mesures exceptionnelles mises en place pour amortir le choc tant que se peut. Mais lorsque l’on tombe d’une telle hauteur...
Le problème avec les Cassandre, c’est lorsque l’Histoire leur donne raison. Une pandémie comme celle-ci était, paraît-il, prévisible, mais l’on vient seulement de s’en rappeler.

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