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Fleur Pellerin mise sur l’innovation de la presse

A l’occasion de la remise du rapport de Jean-Marie Charon sur la presse et le numérique, Fleur Pellerin a présenté, le 2 juin, les grands axes d’une large réforme sur le soutien de l’État à la presse.

Réforme. Lancement d’un fonds d’aide à la création de médias et réorientation des aides directes et indirectes à la presse : telles sont les mesures phares présentées le 2 juin par Fleur Pellerin, à l’occasion de la remise du rapport du sociologue des médias Jean-Marie Charon sur « Presse et numérique, l’invention d’un nouvel écosystème ». « Je veux être aux côtés de la presse qui expérimente et qui invente », a plaidé la ministre en détaillant l’architecture d’une réforme dont le but est de « garantir la pérennité économique des titres et la qualité du travail des journalistes dans le respect absolu de leur indépendance ».

L’auteur du rapport sur "Presse et numérique", Jean-Marie Charon (à droite) avec son équipe © Thibaut Chapotot / MCC

« J’ai souhaité développer le pluralisme » (Fleur Pellerin)

Pluralisme. Pour cela, il a fallu d’abord mettre à plat le système des aides à la presse. Malgré un montant important – en 2015, le soutien à la presse représente 820 millions d’euros, dont 130 millions d’aide directe et 130 millions d’aide postale – les aides directes n’étaient pas accessibles à certains titres car les critères d’éligibilité étaient trop restrictifs. « J’ai souhaité développer le pluralisme, a affirmé Fleur Pellerin, en étendant les aides directes aux hebdomadaires, aux mensuels, voire aux trimestriels, qui ne la percevaient pas jusqu’alors ». Grâce à cette « avancée majeure », des titres comme Charlie Hebdo, Le 1, Causette ou Society pourront bénéficier d’ici fin juin, lors de la publication du décret, de cette aide réservée jusqu’alors aux seuls quotidiens de la presse générale d’information.

Cohérence. Pour les aides indirectes, la ministre de la Culture et de la Communication a annoncé « deux choix importants ». En premier lieu, le taux de TVA réduit à 2,1 % continuera de s’appliquer à toutes les familles de presse. « C’est en cohérence avec le combat que je mène au niveau européen pour préserver cette TVA réduite que nous avons voulue pour l’édition et la presse », a-t-elle observé. Autre décision : Fleur Pellerin a décidé de redéfinir les critères d’éligibilité « de l’aide postale en veillant à diriger cette aide vers les familles de presse qui relèvent de l’information et de la connaissance du citoyen, et de la presse de la connaissance et du savoir ». Parce que « l’argent public, comme l’a noté le dernier rapport de la Cour des comptes, n’a pas vocation à aider la presse de loisirs et de divertissement, il m’a semblé juste et pertinent que les sommes allouées à ces aides postales pour la presse de loisirs soient réorientées vers l’aide à l’émergence et l’innovation », a commenté la ministre.

« Inventer la presse de demain » (Fleur Pellerin)

Innovation. Dernier échelon de la réforme, celle-ci devra favoriser « l’émergence » et « l’innovation ». Reprenant à son compte plusieurs des préconisations du rapport remis par Jean-Marie Charon, notamment sur les modes de financements mixtes plus propices, selon le sociologue, à « favoriser l’innovation », la ministre a indiqué trois pistes pour soutenir « la presse de demain ». D’abord, l’ouverture de l’accès au fonds stratégique à des « acteurs plus nombreux ». Ensuite, la mise en place d’un fonds d’aide à la création de médias, une aide qui serait limitée dans le temps. « Trois années me semblent la bonne durée pour accompagner les besoins d’investissements et de fonctionnement des structures émergentes ». Enfin, la création d’incubateurs, comme l’a préconisée J.M. Charon, pour accueillir des structures produisant de l’information, par exemple des pure players d’information, des labs d’entreprises de presse ou des start-up. « Je vais réunir l’ensemble des acteurs intéressés pour répondre à cette question : comment l’État peut-il se mettre au service des entrepreneurs de la presse de façon utile et efficace ? Le Club des Innovateurs, récemment créé, peut servir de base à ce projet, pour rassembler les expertises et les soutiens croisés, publics et privés ».

Photo de Une : Le 2 juin, Fleur Pellerin a reçu les éditeurs de presse © Didier Plowy / MCC

http://www.culturecommunication.gouv.fr

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