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Gérard Larcher : il défend les élus de terrain "qui ne sont plus respectés"

Président du Sénat, troisième personnage de l’État, Gérard Larcher était en visite ce jeudi dans les Alpes-Maritimes. Il a en effet entrepris une tournée des territoires pour rencontrer les élus dont il veut se faire le porte-parole auprès de l’exécutif, troublé qu’il est par les démissions de maires qui se sont multipliées cet été parce qu’ils "subissent une recentralisation, sans dialogue possible avec l’État". (Voir notre dossier consacré à ce sujet LPA de la semaine dernière).

"Faire remonter"

Sa première étape a été pour le Conseil départemental où il a été reçu par Charles-Ange Ginésy, les élus de cette collectivité et de nombreux maires qui ont profité de sa visite pour écouter le président des Sages et, pour certains, faire "remonter" leurs difficultés vers Paris où tout se décide.
"Sans les maires, les Alpes-Maritimes où vivent un million d’habitants sur 20% du territoire serait un corps creux. Le Conseil départemental apporte aux communes une force qui leur permet de se développer" a expliqué en
préambule Charles-Ange Ginésy, citant la fibre, les équipements routiers, les subventions accordées pour plus de la moitié des dossiers d’investissements conduits par les villes et villages. "Pour nous, le Département est une conception moderne, adaptée au temps, même si elle doit se moderniser" a reconnu l’élu maralpin, se montrant inquiet du développement des Métropoles au détriment d’autres collectivités.
"Les démissions des maires sont un mauvais signe. Il est absurde de vouloir réformer notre pays en se coupant des territoires. Les intercommunalités doivent être un choix délibéré d’adhésion, pas imposé" a martelé Charles-Ange Ginésy, citant l’exemple du pôle métropolitain créé entre Cannes, Antibes, Grasse et Cap d’Azur.

"Recentralisation forcée"

Devant le préfet Georges-François Leclerc, il a rappelé que le Conseil départemental a refusé de signer le pacte financier avec l’État "car nous n’acceptons pas cette forme de tutelle et de recentralisation forcée". Il a aussi parlé des autres sujets qui fâchent, comme le poids financier de l’APPA, du RSA et des mineurs non accompagnés, qui représentent 140 M€ de dépenses cette année pour le CD-06 alors que ces charges devraient relever de l’État.
"Je suis venu vous écouter" a prévenu Gérard Larcher. "Je connais vos difficultés, il faut reconstruire des relations de confiance entre le gouvernement, les collectivités territoriales et le parlement. Une des clés de la réussite, c’est de rétablir une relation de respect et de considération envers les élus".

Le président du Sénat, en termes courtois, n’a pas caché son agacement sur la méthode de travail choisie par le gouvernement qui a réuni cet été la conférence des territoires sans y inviter les maires, conseillers généraux et régionaux pourtant intéressés au premier chef.
"Les maires ont le sentiment d’être relégués, abandonnés, les conseillers municipaux de ne servir à rien dans les intercommunalités. Ce sont pourtant ces élus qui soutiennent la République". Un dialogue nourri s’ensuivit avec la salle. Puis Gérard Larcher a continué sa visite dans notre département en se rendant chez Mane, spécialiste mondial des arômes, en tenant une réunion publique au Rouret avec les maires de ce secteur, en rencontrant le maire et président de la Métropole de Nice Christian Estrosi, et, en fin de journée, en participant à un débat avec les étudiants de Science-Po au Palais sarde.
L’occasion d’aborder d’autres points d’actualité comme le "plan pauvreté", la réforme de la taxe d’habitation, etc. "Il faut redresser le pays tous ensemble, quelles que soient nos sensibilités, c’est un devoir d’État mais cela ne peut se réaliser contre les élus du territoire" a t-il conclu.

Quelques petites phrases de Gérard Larcher au CD-06

- "Les maires sont les élus qui restent à portée d’engueulade, c’est pourquoi les Français les apprécient et leur font confiance".
- "Le rôle d’un Département ne se limite pas à être un guichet social".
- "Peut-on imaginer le plan pauvreté sans que les Conseils départementaux, les CCAS, les associations soient consultés ? J’ai fait savoir au président que, s’il n’y a pas une vraie consultation, il n’y aura pas de plan".

Photo de Une : À la tribune du Conseil départemental, Gérard Larcher et le président Ginésy ; à gauche les sénateurs Mmes Giudicelli et Estrosi-Sassone, et MM. Leroy et Leleux. (DR JMC)

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