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Honoré Colomas : "la moitié des communes du 06 vont mourir !"

Le président de l’association des maires des Alpes-Maritimes lance un cri d’alarme avant la tenue du 1er salon des élus et décideurs publics de Mandelieu-la-Napoule.
Par la voix d’Honoré Colomas, président de l’Association départementale des maires et présidents de communauté des Alpes-Maritimes, les élus azuréens s’inquiètent pour l’avenir de leurs communes alors qu’ils tiennent cette semaine à Mandelieu-la Napoule leur assemblée générale à l’occasion du 1er Salon des maires, élus locaux et décideurs publics. Entre intercommunalités, métropoles et fusions forcées, les élus sont peu optimistes sur le devenir des 35 500 communes de France et encore moins sur celui des 163 communes du département, dont 120 sont rurales. Pour les Petites Affiches, Honoré Colomas fait le point.

Inquiétudes autour de la réforme de la taxe d’habitation

Face à la difficulté des maires à alerter l’opinion publique au travers des grands médias, le président de l’association des élus du 06 n’hésite pas à parler de "colère sourde" pour dire que les élus sont "révulsés" par ce que leur prépare le gouvernement. "La moitié des communes vont crever", s’étrangle Honoré Colomas. Il résume ainsi les conséquences des dernières décisions gouvernementales en matière de financement des collectivités territoriales.
En ligne de mire, l’annonce récente de la diminution du nombre d’emplois aidés, faite en milieu d’été et sans préavis, qui remet en question le financement de postes pourtant indispensables au lien social, tels que la livraison des repas aux personnes âgées, pour ne citer qu’un exemple.
Les maires s’inquiètent aussi du projet de réforme de la taxe d’habitation. "Si, en année 1, l’État s’engage à compenser à 100% la perte de revenus engendrée par l’exonération de cette taxe pour la plupart des ménages, nous craignons qu’il s’agisse là d’une mesure destinée, les années suivantes, à geler le montant de cette taxe" poursuit le représentant des élus azuréens. "On déplore d’autant plus cette initiative gouvernementale que la taxe d’habitation est la seule pour laquelle les maires ont le pouvoir d’en décider de l’assiette". Ainsi, selon eux, la décision de l’État n’est pas une simple mesure d’économie "mais une entrave de fait à nos prérogatives et à notre souveraineté. C’est un plan de contrôle des territoires".

Démocratie ou technocratie ?

Les maires affirment que la grogne est générale et dépasse tout clivage politique gauche/droite "en mettant dans l’embarras et rendant financièrement exsangues toutes les communes, et en particulier les plus petites et les plus modestes, où vivent pourtant une majorité de Français".

Au-delà des revendications concrètes, les maires des Alpes Maritimes voient dans les mesures à venir la poursuite d’un processus visant à ne prendre en compte que la population et non le territoire. "Quid alors du devenir des communes rurales, peu peuplées mais administrant un territoire immense ? Quid de l’aménagement du territoire qui est pourtant, depuis toujours, une excellence française ?" s’interroge Honoré Colomas.
Plus largement, les maires considèrent qu’en s’attaquant aux élus dont la population se sent la plus proche "c’est un pan entier de la démocratie républicaine qui fait place peu à peu à la technocratie. En relevant sans cesse les seuils de population minimale, pour les cantons ou les intercommunalités, c’est la notion-même de village qui est en train, peu à peu, d’être rayée de la carte. Notre colère et nos craintes n’ont rien de spécifique aux Alpes-Maritimes", précise Honoré Colomas. "Le constat est le même un peu partout dans le pays. Nous déplorons que nos difficultés soient aussi peu reprises par nos instances nationales".
Message transmis à François Baroin, président de l’Association nationale des maires de France, à qui il est reproché de "relayer si peu les préoccupations de la base. Dans ce contexte, le salon de Mandelieu-la-Napoule prend tout son sens. Des inquiétudes canalisées émergera enfin un discours audible".
Si l’intention de cet événement est avant tout de se réunir, se rencontrer, s’informer et échanger, nul doute qu’il sera aussi l’occasion de faire connaitre les inquiétudes. L’intitulé du débat de la matinée laisse peu de place au doute : "L’avenir de la commune. Notre département est-il le seul dont les élus s’inquiètent ? " Les élus de proximité espèrent être - enfin entendus...

Propos recueillis par Emmanuel DEUN

LE SALON DES MAIRES DES ALPES MARITIMES EN BREF

Le salon de l’Association des maires et présidents des Communautés des Alpes-Maritimes (AMF 06) est dédié aux actions et aux préoccupations des collectivités et des organismes publics. Il est le rendez-vous des élus et des décideurs qui préparent l’avenir de nos communes et de nos territoires. Lieu d’échanges et de rencontres avec les entreprises, ce salon des maires permettra aux décideurs publics de trouver ensemble des réponses à leurs questions (solutions techniques, produits innovants etc.)
Au Centre-Expo Congrès de Mandelieu-la-Napoule.

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