La CCI Nice Côte d'Azur

La CCI Nice Côte d’Azur ne veut laisser personne sur le bord de la route de l’IA

Aux côtés de l’Institut EuropIA et de la MIA, la Chambre se mobilise pour rendre l’intelligence artificielle accessible à toutes les entreprises du territoire.

« Aujourd’hui, l’intelligence artificielle n’est pas seulement un outil pour les chercheurs ou pour les grands groupes, cela touche tout le monde et tous les domaines d’activité, que ce soit le commerce, le tourisme, la santé ou l’industrie », expose Laurent Londeix, délégué régional Orange Provence Côte d’Azur et co-président de la commission numérique de la Chambre de commerce et d’industrie azuréenne. «  Ce peut être un hôtel qui veut attirer plus de touristes ou une PME de l’industrie qui a une solution innovante et qui veut connaître le marché le plus pertinent auquel s’adresser. Les usages sont multiples », a-t-il ajouté, juste avant une conférence intitulée «  L’intelligence artificielle et votre entreprise. Comment l’IA peut-elle être intégrée facilement dans votre entreprise ? ». Cette conférence, organisée à la CCI Nice Côte d’Azur avec l’Institut EuropIA, association de promotion et de débats autour des sujets de l’IA, et la Maison de l’intelligence artificielle, espace public dédié à l’IA et à ses applications, s’est déroulée devant 70 participants le 17 octobre. « Avec l’intelligence artificielle ce qui est complexe c’est que beaucoup de choses sont dites, à peu près tout et n’importe quoi  », a souligné l’autre co-président de la commission numérique de la CCI, Emmanuel Souraud. « À la CCI, nous sommes des gens très pragmatiques. Nos conférences servent à dédiaboliser, à démystifier, à faire comprendre aux chefs d’entreprise, de TPE majoritairement, ce qu’est l’intelligence artificielle, ce qu’elle peut leur apporter et comment ils peuvent s’en servir  ».

« Très utile »

Laurent Londeix ©S.G

Pour Laurent Londeix, «  les plus grands groupes maitrisent souvent bien les outils numériques, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de nos membres. Et nous avons développé pour cela des formations spécifiques. Avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle, notamment avec l’explosion depuis un an de ChatGPT, il nous a semblé important de pouvoir expliquer quels sont les bénéfices potentiels pour nos entreprises des Alpes-Maritimes de cet outil mais aussi les limites. On voit que c’est très utile mais encore ‘jeune’ donc à utiliser avec précaution et à bon escient. Pour une entreprise, ces outils permettent réellement des gains de productivité et peuvent venir aider au quotidien des entreprises ». La commission numérique de la CCI 06 s’est fixé trois objectifs prioritaires : accompagner les entreprises azuréennes dans leur accélération business et leur transition numérique, identifier et soutenir les entreprises à potentiel dans leur financement et leur développement et développer l’effort local de formation et de recrutement dans le domaine du numérique. « La commission souhaite faire d’autres conférences sur d’autres thématiques, en particulier sur ce que l’IA peut apporter au monde de l’immobilier », a complété Laurent Londeix. «  L’idée est de pouvoir régulièrement animer l’ensemble du monde économique maralpin grâce à ce type de conférences ».

Les bénéfices et les limites de l’IA générative

Un conseil prodigué lors de la conférence IA et entreprise du 17 octobre : vérifier les sources des informations récoltées par IA .... ©V.N

Au cours de la conférence à la CCI, Yves-Marie Le Bay, docteur et ingénieur en IA, a présenté les bénéfices de l’utilisation d’une IA générative comme ChatGPT, basée sur le langage. Le premier d’entre eux est « l’optimisation des processus », c’est-à-dire toutes les tâches qui sont répétitives et chronophages dans une entreprise, comme certaines tâches de comptabilité par exemple. L’IA peut également être «  une aide à la prise de décision », notamment en fournissant des analyses à partir de données très conséquentes. Pour M. Le Bay, l’IA représente aussi un atout pour « améliorer l’expérience client ». « Avant les chatbots répondaient souvent à côté, aujourd’hui ils sont beaucoup plus performants ». L’expert de l’IA a reconnu que de nombreux emplois allaient disparaître, surtout dans les métiers administratifs et juridiques pour les tâches d’assistance et de secrétariat, mais que ces pertes seraient contrebalancées par des créations d’emplois
Du côté des limites il a évoqué les biais : ceux de confirmation (les généralisations incorrectes), d’association (l’amplification de biais culturels), d’interaction (l’apprentissage sans contrôle) et les biais d’hallucinations lorsque l’IA invente des sources et crée de fausses informations. Le Dr Le Bay a terminé son intervention en donnant quelques conseils. « En ayant recours à l’IA dans votre entreprise, vous allez générer de l’anxiété. Les employés vont avoir peur de l’IA. Pour ne pas en avoir peur, il faut se former, comprendre. Ensuite, il faut créer une culture IA dans votre entreprise en faisant des formations ou en participant à des concours ».

Utilisation : Soyez « prompt » !

Pour Laurent Londeix co-président de la Commission numérique de la CCI "ChatGPT c’est très utile mais encore ‘jeune’ donc à utiliser avec précaution et à bon escient." ©S.G

Alexandre Genette, médiateur à la Maison de l’intelligence artificielle et également intervenant lors de la conférence de la CCI, a mis en avant l’importance du prompt à l’heure d’utiliser un agent conversationnel. Le prompt est le texte rédigé lors d’une demande à ChatGPT par exemple. Pour Alexandre Genette, il convient de fixer un rôle à ChatGPT (« en tant qu’expert… »), de fournir un contexte, de contrôler la source et de préciser le ton (« poli  », « formel », « enjoué »…) et la forme de la réponse (tweet, article, tableau…). Il a également conseillé de décomposer un problème complexe en plusieurs étapes et de donner des exemples de réponses dans la question. Pour gagner en pertinence, le médiateur de la MIA a recommandé d’ajouter une source comme un rapport ou une présentation que l’IA sera à même de synthétiser dans sa réponse. Ce prompt est également très important pour générer des images.
Alexandre Genette a tenu à souligner que ChatGPT n’était pas intelligent au sens d’intelligence humaine. « Nous avons une pensée, ChatGPT ajoute juste les mots selon les probabilités. Il n’a pas une conscience globale de ce qu’il écrit, c’est pour cela qu’il peut écrire des énormités mais de manière parfaitement juste grammaticalement ».

« Un territoire particulièrement gâté »

Vue extérieure de la MIA ©S.G

« On a la chance d’être sur un territoire qui est particulièrement gâté en termes d’acteurs de l’intelligence artificielle », a commenté Laurent Londeix, en ouverture de la conférence, puisque nous sommes l’un des quatre sites en France qui a eu le label Institut interdisciplinaire d’Intelligence artificielle (3IA) et qui nous permet de rassembler effectivement sur ce département beaucoup de recherches et beaucoup d’entreprises qui travaillent autour de l’IA ». Ces 3IA ont été mis en place dans le cadre de la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle annoncée par le président de la République Emmanuel Macron en mars 2018. Outre le 3IA Côte d’Azur à Nice, il y a le MIAI (Multidisciplinary Institute in Artificial Intelligence) à Grenoble, le PRAIRIE (PaRis Artificial Intelligence Research InstitutE) à Paris et ANITI (Artificial and Natural Intelligence Toulouse Institute) à Toulouse. Deux acteurs très importants étaient présents à la conférence de la CCI : l’Institut EuropIA, créé en 2019 par Marco Landi, et la Maison de l’intelligence artificielle, inaugurée le 10 mars 2020 par le président du Conseil départemental Charles Ange Ginésy. « Nos missions sont de deux ordres  », a expliqué Christian Tordo, vice-président de l’Institut EuropIA. « Le premier c’est de faire comprendre l’intérêt de l’intelligence artificielle pour les entreprises mais pas uniquement, pour le grand public également, pour qui cela reste un peu mystérieux. Le deuxième c’est de mettre en évidence la dimension de l’intelligence artificielle par rapport à l’humain  ». L’Institut EuropIA fait partie des organisateurs du Festival international de l’intelligence artificielle de Cannes (WAICF) qui connaîtra en février prochain sa troisième édition. L’institut organise régulièrement des conférences de haut niveau sur le sujet, baptisés IA Dates. Cédric Villani, mathématicien de renom (médaille Fields en 2010), ancien député et auteur d’un rapport sur l’IA, sera l’un des prochains invités. L’actuelle directrice de la MIA Isabelle Galy a indiqué qu’elle s’était vu confier une mission «  assez impressionnante  » par Charles Ange Ginésy, celle « d’acculturer l’ensemble des habitants des Alpes-Maritimes à ce qu’est l’intelligence artificielle », ciblant prioritairement les collégiens, « nos futurs talents ». « Nous sommes là pour aider l’écosystème à se mettre en relation et à se mettre en relation aussi avec son public », a ajouté Isabelle Galy à l’attention du public de la conférence. « Vous êtes des chefs d’entreprise, vous êtes des décideurs et vous avez besoin de savoir quels sont les possibles avec ces intelligences artificielles ».

L’Europe salue l’accord du G7

La Commission européenne, par la voix de sa présidente Ursula von der Leyen, s’est récemment félicitée de l’accord entre les dirigeants du G7 sur des principes directeurs internationaux en matière d’IA et sur un code de conduite volontaire destiné aux développeurs. « L’intelligence artificielle comporte d’immenses avantages potentiels pour les citoyens et l’économie », a-t-elle déclaré. « Néanmoins, l’accélération des capacités en matière d’IA s’accompagne également de nouveaux défis. Déjà pionnière en matière de réglementation avec sa législation sur l’IA, l’Union contribue également à mettre en place des garde-fous et à définir une gouvernance en matière d’IA à l’échelle mondiale. Je salue avec satisfaction l’adoption par le G7 des principes directeurs internationaux et du code de conduite volontaire, qui reflètent les valeurs de l’UE consistant à promouvoir une IA digne de confiance. J’appelle tous les développeurs d’intelligence artificielle à signer et à mettre en œuvre dès que possible ce code de conduite ».


Photo de Une ©V.N

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