La Chine à la veille (...)

La Chine à la veille d’une très grave crise

Le ralentissement de l’activité en Chine se confirme au premier trimestre 2015. Mais surtout, le pays fait face à une bulle immobilière qui menace d’exploser et d’emporter avec elle le système bancaire…

La croissance de l’économie chinoise est tombée, au premier trimestre 2015, à 7 % sur un an. Ce chiffre peut paraître bon aux yeux des Européens, habitués à des taux de croissance à peine positifs, mais il révèle en fait que le modèle économique chinois s’essouffle et va se trouver confrontée à une très grave crise.

La relance par les infrastructures

Pour faire face à ce ralentissement économique qui peut mettre à mal le fragile équilibre socio-politique de ce vaste pays, les autorités publiques ont misé sur des politiques de grands travaux, notamment dans les secteurs ferroviaire et immobilier. Mais force est de constater que l’industrie traditionnelle, à forte intensité de main-d’œuvre et d’énergie, stagne désespérément, moyennant quoi l’investissement en outils, et plus généralement en biens d’équipement, marque le pas. On assiste même à des sorties de capitaux de plus en plus nombreuses, depuis quelques mois.

Une perte de compétitivité-coût

Même si les velléités de lutte contre la pollution peuvent expliquer en partie la fermeture de certaines usines vétustes, les raisons de la stagnation industrielle sont à chercher essentiellement du côté de la compétitivité-coût de la Chine. En effet, les coûts salariaux unitaires ont beaucoup augmenté, progressant de 9 % par an, dans l’industrie depuis le début des années 2000 ! Dès lors, contrairement à une idée reçue, la Chine a définitivement perdu son avantage compétitif, qui faisait d’elle l’atelier à bas coût du monde.
Et ce, sans soutenir pour autant la consommation des ménages, qui reste l’une des plus faibles au monde puisqu’elle ne représente que 35 % du PIB. C’est que le calcul du gouvernement, qui espérait que ces augmentations salariales se muent en hausse de consommation, a buté sur plusieurs réalités qui poussent les ménages chinois à épargner : absence d’une véritable sécurité sociale, nécessité d’une épargne préalable pour acheter un bien immobilier, etc.

Une dégradation de la balance commerciale

Par ailleurs, cette dégradation de la compétitivité-coût, en l’absence d’une montée en gamme rapide et généralisée, a inévitablement conduit à une dégradation de la balance commerciale et des délocalisations vers d’autres pays à coûts plus faibles. Mais c’est là un moindre mal, puisqu’après avoir battu des records insoutenables (excédent commercial de 9 % du PIB en 2009, contre 3 % en 2013), le modèle économique chinois basé sur les exportations devra tôt ou tard se rééquilibrer sur sa composante demande intérieure. C’est d’ailleurs précisément ce que recherche le gouvernement chinois en augmentant les salaires, en restructurant le système de protection sociale et créant diverses incitations à l’investissement local…

Une bulle immobilière sur le point d’exploser !

Mais si l’investissement intérieur se résume uniquement à l’immobilier, alors on peut craindre en plus d’une productivité en berne, la formation d’une bulle. Et ce d’autant plus que les collectivités locales se financent de plus en plus souvent par la cession de terrains aux promoteurs privés. Il n’est donc pas étonnant que, au vu des capitaux que la construction immobilière a engloutis ces dernières années (15 % du PIB !), les prix de l’immobilier ont fini par tutoyer des sommets, ce qui est la caractéristique d’une gigantesque bulle immobilière.
Et depuis quelques mois, on observe une chute généralisée des prix, tant dans l’immobilier commercial que dans l’immobilier résidentiel, qui, conjuguée à une multiplication des surfaces immobilières qui ne trouvent pas acheteur, laisse présager l’explosion très prochaine de cette bulle.

Un système bancaire et financier défaillant

Or, cette bulle immobilière a été financée par une hausse phénoménale du crédit bancaire, accordé par les banques d’État mais surtout par des structures financières privées opaques (shadow banking), qui proposent des conditions, certes plus souples, mais des taux très élevés. Nul ne connaît donc le montant exact de l’endettement en Chine, mais l’agence de notation Fitch a estimé que la dette totale, privée et publique, serait passée de 131 % du PIB en 2008 à 218 % à la fin 2013 ! Voilà pourquoi, face à ces risques, les autorités chinoises ont décidé de mettre le système bancaire et financier sous perfusion, notamment en injectant des fonds dans les principales banques du pays pour éviter la crise de liquidité.
Et que dire des risques sociaux et politiques qui peuvent découler de l’explosion d’une telle bulle immobilière ou de l’effondrement du système bancaire ?

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