La culture économique (…)

La culture économique et financière, talon d’Achille de l’entrepreneuriat

Juste avant le début d’une mission confiée par Olivia Grégoire, le médiateur national du crédit Frédéric Visnovsky a rencontré des entrepreneurs locaux le 27 mai au siège de l’UPE06.

Il va bientôt sillonner la France en compagnie du médiateur des entreprises, Pierre Pelouzet, pour échanger avec des entrepreneurs. Frédéric Visnovsky a dévoilé la primeur de ses futures interventions à une trentaine de chefs d’entreprises réunis à Saint-Laurent-du-Var. Cette tournée des médiateurs, à l’initiative de la ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, vise « d’une part (à) mieux faire connaître les dispositifs existants de détection et de soutien aux entreprises en difficulté, et d’autre part, appréhender les opportunités et les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre de ces dispositifs  », selon un communiqué de presse du 14 mai. « La mission prévoit également l’établissement d’un diagnostic de la situation économique et financière des très petites, petites et moyennes entreprises françaises. Dans cette perspective, les deux médiateurs iront à la rencontre des chefs d’entreprise dans plusieurs départements au cours des prochains mois ».
Première étape à Rennes le 31 mai. Les entrepreneurs présents au siège de l’UPE06 ont ainsi eu droit à une sorte d’avant-première. Après sa présentation, M. Visnovsky a répondu à leurs questions et interrogations. Il a également écouté les témoignages d’experts-comptables, administrateurs judiciaires et magistrats de tribunaux de commerce. Il a alors été frappant de constater, à les entendre, le manque de culture financière et économique de certains dirigeants de TPE/PME, mais aussi d’ETI, et notamment de préoccupantes lacunes quant à la gestion financière. Avec des chefs d’entreprise qui confondent chiffre d’affaires et trésorerie et d’autres qui n’ont jamais entendu parler d’un plan prévisionnel de trésorerie. Tout sauf une surprise pour M. Visnovsky, qui ne jette pourtant pas la pierre aux ignorants.

« Pas de permis d’entreprendre »

« Il y a un permis de conduire ou un permis de chasse mais il n’y a pas de permis d’entreprendre. Tout le monde n’a pas la capacité de gérer une entreprise », a-t-il relevé. « On forme les jeunes mais on ne forme pas les entrepreneurs », a complété le médiateur du crédit en référence à la stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière (EDUCFI), dont la Banque de France a la responsabilité et qui permet la délivrance d’un passeport EDUCFI aux élèves de 4e, de Segpa et de 3e prépa-métiers. Pour les chefs d’entreprise, «  l’information existe mais le problème, c’est de la trouver. Et le chef d’entreprise n’a pas le temps de chercher », reconnaît-il.
Le directeur départemental de la Banque de France dans les Alpes-Maritimes, Philippe Billard, a rappelé qu’il existait un jeu de société, Aventure entrepreneur (une version en ligne est également disponible) permettant de « comprendre l’importance de la gestion financière d’une entreprise  ». Pour Pierre Ippolito, président de l’UPE06, la formation est « un vrai sujet » et il compte bien s’en emparer. Il a émis l’hypothèse d’un permis d’entreprendre qui pourrait être délivré par la CCI, sur le modèle de ce qui se fait pour les agents immobiliers avec la carte professionnelle, obligatoire pour exercer. Il a également rappelé que jusqu’à la loi PACTE de 2019, il existait une formation obligatoire pour tous les artisans. Mais ce stage de préparation à l’installation (SPI), avec des notions de gestion commerciale et de gestion d’entreprise, est désormais facultatif. Dans la salle de l’UPE06, un chef d’entreprise a mis en avant l’importance d’être tout le temps «  en veille », «  d’autant qu’on touche à tout : le juridique, le social, le psychologique… Il ne faut pas se reposer uniquement sur l’avocat ou l’expert-comptable  ».

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Un site et un mail à retenir, un outil à découvrir

Parmi les nombreux sites d’information à destination des entrepreneurs, celui de la Banque de France, mesquestionsdentrepreneur.fr, semble assez incontournable, pour au moins trois raisons : sa fiabilité, son exhaustivité et son ergonomie, avec une page d’accueil très claire et très simple (six rubriques : créer une entreprise ; gérer une entreprise ; développer une entreprise ; reprendre, transmettre, cesser ; surmonter des difficultés ; espace enseignants-accompagnateurs). La Banque de France met également à disposition des chefs d’entreprise, gratuitement, un outil de diagnostic économique et financier : OPALE (Outil de positionnement et d’analyse en ligne des entreprises). Il est accessible depuis avril dans l’espace personnel dirigeant sur le site internet de la Banque de France. Enfin, pour les dirigeants qui souhaitent témoigner de leurs difficultés éventuelles pour accéder aux dispositifs d’accompagnement, ils peuvent écrire à l’adresse suivante : [email protected].

Visuel de Une : Philippe Billard, Frédéric Visnovsky et Pierre Ippolito ©S.G