La reprise économique (...)

La reprise économique restera modérée en 2015

Les perspectives de croissance en France pour 2015 s’améliorent légèrement, mais tous les secteurs n’en bénéficieront pas. Quant à l’environnement international, il va connaître des évolutions différenciées selon les zones économiques, d’après les économistes de la banque LCL.

Une activité « un peu plus allante que celle de 2014 », selon les termes de Rodolph Bernard, responsable marketing de la banque LCL.

Ce 20 janvier, à Paris, les économistes de l’établissement bancaire présentaient la 42e édition de leur étude de prévisions pour l’année à venir, secteur par secteur en France, et au niveau international.

Pour la France, le PIB, produit intérieur brut, devrait croître de l’ordre de 0,9% l’an prochain. En 2013 et 2014, la croissance annuelle a été de 0,4%, rappelle Axelle Lacan, économiste chez LCL. Mais pour l’année qui s’annonce, si les problèmes structurels subsistent, comme l’important taux de chômage et une dette publique élevée, le contexte s’améliore. Et ce, grâce à un pétrole moins cher et à un euro plus faible, qui devraient jouer en faveur de l’activité économique. « Pour 2015, les contraintes de l’année précédente devraient diminuer un peu », estime Axelle Lacan. Toutefois, les rythmes de croissance trimestriels restent modestes. Du côté de la consommation des ménages, les économistes anticipent une légère accélération, soutenue par le redressement du pouvoir d’achat, malgré un taux de chômage élevé. Sur ce sujet « on attend un repli laborieux à partir de 2016 », précise Axelle Lacan.

Au chapitre de l’investissement, celui des ménages devrait poursuivre son recul, alors que celui des entreprises pourrait connaître un léger mieux, notamment en raison de conditions de financement très favorables. Par ailleurs, pour Axelle Lacan, « le redressement de la profitabilité des entreprises » s’annonce, sous l’effet de la conjonction de divers facteurs favorables : elles vont bénéficier des prix bas du pétrole, de la monté en puissance du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), ainsi que des 4,5 milliards d’euros d’allègement de charges associés à la mise en œuvre du Pacte de responsabilité. Le commerce extérieur, dont le déficit avait pesé sur l’activité l’an dernier, devrait se redresser grâce à la conjonction de l’augmentation de la demande mondiale et de la dépréciation de l’euro.

Évolutions sectorielles très contrastées

Certains secteurs d’activité devraient particulièrement profiter de la conjoncture en 2015, à en suivre les économistes de LCL. En tête, la construction navale civile pourrait connaître une progression de l’ordre de 20%. La construction aéronautique, de 5%. Plus modestement, l’industrie automobile devrait consolider sa reprise avec une production en augmentation de 1,5% des voitures particulières et véhicules légers. Quant aux industries agroalimentaires, elles devront se contenter d’une progression de 0,5%. Mauvaises nouvelles en revanche, pour les secteurs du bâtiment et des travaux publics : pour le premier, les économistes de LCL prévoient une baisse de 2,9% de l’activité en volume, succédant à celle de 3,9% en 2014. En effet, les mesures de relance du gouvernement ne devraient commencer à prendre effet qu’en 2016. Les mises en chantier de 2015 devraient continuer à baisser, en ce qui concerne les maisons individuelles. Toutefois, l’activité de construction de logements neufs devrait voir sa baisse ralentir, contrairement à celle du bâtiment neuf non résidentiel qui subirait l’évolution inverse. Une tendance due à un cycle électoral qui demeure défavorable à la commande publique, et à l’investissement privé qui tarde à reprendre, estiment les experts. Seule prévision moins sombre : les activités de l’entretien-rénovation devraient se stabiliser, grâce à l’aide fiscale prévue pour améliorer la performance énergétique de ce type de travaux. Quant aux travaux publics, les analystes de LCL prévoient une baisse de l’activité de 3%, après une année 2014 à -4%.

Dynamiques croisées en Europe et dans le monde

Au niveau de la zone euro, la reprise devrait rester modeste en 2015, et ce en dépit d’une série de conditions favorables, comme la baisse du prix du pétrole et celle de l’euro, qui permettent de regagner en compétitivité, ainsi que des conditions financières accommodantes attendues. La consommation devrait reprendre. En revanche, en raison d’un manque de lisibilité et de visibilité, « le maillon faible de la reprise semble être l’investissement des entreprises, comme aux Etats-Unis », prévient Isabelle Job-Bazille, directrice des études économiques du groupe LCL. Outre-Atlantique, en effet, c’est ce facteur qui inquiète, d’autant que l’an dernier, une partie de cet investissement était corrélé à l’extraction de pétrole par des moyens non conventionnels, un secteur qui perd son attractivité avec la baisse du cours mondial de cette matière première.

Pour autant, la reprise devrait se poursuivre. « Il s’agit d’une reprise plus autonome, plus auto-entretenue », commente Isabelle-Job Bazille. Pour l’économiste, c’est la consommation privée qui devrait progressivement tirer la croissance. Et ce, malgré une situation du marché du travail qui demeure très marquée par le chômage longue durée, les emplois précaires et le faible taux de participation à la vie active. Cet indicateur signale la sortie des individus du marché du travail et des statistiques. Pour autant, la tendance à la baisse de l’endettement des ménages pourrait ouvrir la voie à une augmentation des demandes de crédit ainsi qu’à un redressement du marché immobilier. Quant aux perspectives des pays émergents, « la reprise est disparate », commente Isabelle Job-Bazille. Au-delà des dynamiques politiques et sociales propres à chaque pays, qui pèsent parfois lourd, les perspectives des pays exportateurs de biens manufacturiers ont peu à voir avec ceux producteurs de matières premières. Ces derniers, parmi lesquels le Brésil, la Russie ou encore l’Afrique du sud risquent de passer une année difficile. En revanche, les premiers, pour l’essentiel asiatiques, devraient être bien placés pour tirer profit de la demande mondiale.

Photo de Une : Photos Libres

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