Le bâtiment et les travaux

Le bâtiment et les travaux publics ont (enfin) retrouvé des couleurs dans les Alpes-Maritimes

Les investisseurs n’aiment pas l’incertitude et les années électorales comme 2017 - présidentielles et législatives - sont rarement propices à la construction neuve, à la rénovation et aux travaux publics. Mais l’an dernier a fait exception à cette règle non écrite, et le président du BTP des Alpes-Maritimes n’a pas caché sa satisfaction de pouvoir faire état d’un vrai
retour à la croissance.

"On revient de loin" reconnaît Philippe Gautier, qui chiffre à 150 000 le nombre d’emplois perdus en France sur la période 2013 - 2016.

"Beaucoup de petites entreprises, souvent artisanales, qui en étaient à la deuxième ou troisième génération n’ont pas résisté".

Mais les vents mauvais sont derrière nous et, pour les Alpes-Maritimes, la météo est au beau fixe, avec des carnets de commandes bien remplis pour les 22 200 salariés du secteur. "Nous avons créé 300 nouveaux emplois sur le département, ainsi que 200 postes en équivalent temps plein". Il y a belle lurette que le BTP n’avait été en mesure de communiquer d’aussi bonnes nouvelles.
Avec 9 100 logements autorisés pour 7 900 mis en chantier l’an passé, le neuf est en croissance de + 40% par rapport à l’année précédente. Pour les professionnels, cela est du à une fiscalité avantageuse (maintien du prêt à taux zéro et du dispositif Pinel) malgré des prix de vente qui restent élevés, surtout pour les actifs, avec un mètre carré vendu 5 300€.
Les grues et bétonnières sont de retour partout dans le département, avec des programmes importants dans toute les villes. Et même à l’Ariane à Nice, avec des programmes de 500 logements, secteur où l’on n’avait plus construit depuis longtemps, et dans la vallée du Paillon avec un millier de logements.

Du mieux pour le BTP

Les travaux publics connaissent aussi une embellie avec une activité en hausse de 6 %, surtout pour les routes, le terrassement et les canalisations. "Il y a un effet tramway de Nice" sur ces chiffres prévient le vice-président Pierre Mario. Le secteur est soutenu également par les promotions privées. Conséquence : l’emploi qui avait fortement décru ces dernières années s’est stabilisé vers huit mille postes, l’intérim progressant de 20%.

Le BTP estime cependant qu’il faudra attendre la confirmation de cette croissance pour que ces postes se transforment en CDI durables. Mais la commande publique, qui représente 75% de l’activité du BTP, connaît "une baisse structurelle" avec des dotations de l’État en berne, des inquiétudes sur la compensation de la taxe d’habitation. Conséquence : les entreprises du 06 "s’exportent" dans la région et même au delà pour conserver un bon volume
d’activités.

À RETENIR

- Année 2018 : Dans un contexte politique "stabilisé", et malgré la hausse des volumes, la profession estime que les prix sont encore trop bas. Ils
impactent négativement les trésoreries et les capacités d’investissement.

- Prélèvement à la source  : "Un vrai sujet d’inquiétude" car "compliqué" et faisant peser sur l’entreprise des coûts (logiciels comptables), des problèmes de confidentialité et de responsabilité.

- Logement : Devrait connaître un environnement encore favorable avec le maintien du dispositif
Pinel, des taux bas. Il est encore trop tôt pour
mesurer l’impact de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) qui remplace l’ancien ISF, mais il est considéré comme "stigmatisant" et peu favorable.

- La rénovation et l’entretien n’ont pas redécollé malgré des taux de TVA incitatifs. Quatre cents entreprises sont labellisées RGE dans le département et ont été formées aux nouvelles techniques par la Fédération du BTP. Le secteur se heurte à la solvabilité limitée des ménages.

Photo de Une :Philippe Gautier et Pierre Mario ont présenté un bilan globalement positif de l’activité 2017 et de bonnes perspectives pour 2018. (JMC)

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