Le grand retour des (...)

Le grand retour des trains de nuit

Ceux qui regrettent aujourd’hui la quasi disparition des trains de nuit et le romantisme de ces voyages au son des boogies (woogie) n’ont sans doute pas connu le charme tonitruant des groupes d’appelés du contingent qui partaient en permission et le faisaient savoir haut et fort pendant que vous tentiez de fermer l’œil. Ni la présence olfactive des chaussettes du voisin de la couchette du dessus, parce qu’évidemment, les cabines se partageaient avec des inconnus, et qu’à cette loterie de hasard, vous n’aviez pas toujours la chance de tirer le bon numéro...

Mais il ne faut pas non plus oublier le plaisir de débarquer par un petit matin lumineux après une traversée nocturne du pays. Par exemple, vous dégustiez votre premier cappuccino à une table du buffet de la gare de Venise, avec en toile de fond la Sérénissime qui se réveillait doucement... Il y a bien des nostalgiques de ce train démarrant de Nice vers 22 heures et qui repartait de la Ferrovia Santa Lucia en début de soirée. Ces horaires vous faisaient "gagner" deux nuits, ce n’était pas rien pour une courte escapade.

Une toile ferrée sur l’Europe

Il n’est pas dit que l’avion aura le dernier mot. D’abord parce que le train est beaucoup plus "écologique", et cela compte pour la clientèle jeune, ensuite parce qu’il est confortable d’arriver en plein centre-ville sans avoir à trimbaler ses bagages depuis l’aéroport après un "vol bétaillère".
S’il ne reste plus actuellement en service en France que deux lignes nocturnes (entre Paris et Briançon et entre Paris et les Pyrénées Orientales), au niveau européen quatre compagnies (française, suisse, allemande et autrichienne) viennent de s’entendre pour créer de nouvelles liaisons "by night" d’ici trois ans.
Si le projet arrive bien... en gare, on pourra donc dormir sur ses deux oreilles tout en roulant entre Paris et Vienne dès la fin de 2021 ; entre Paris et Berlin à partir de décembre 2023.
Malheureusement, rien encore au départ de la Côte d’Azur...
D’autres liaisons intra-européennes sont sur les rails : Zurich-Amsterdam fin 2021 ; Zurich-Rome fin 2022 ; Bruxelles-Berlin fin 2023 et Barcelone-Zurich fin 2024. La toile continue donc à s’étendre avec les villes de Venise, Graz (Autriche), Munich et Hambourg qui sont déjà desservies au clair de lune.
Pour les amateurs azuréens, la connexion la plus proche est donc Milan, mais ce n’est pas vraiment pratique, sauf à vouloir séjourner dans la capitale lombarde avant d’embarquer.

Le luxe sur rail...

Restent les palaces sur rail, comme le Venice Simplon-Orient Express, qui vous emmènera dans le confort et le luxe depuis Londres jusqu’à Paris, Venise, Berlin, Vienne, Prague, Budapest et Istanbul. Vous y croiserez peut-être des écrivains ou le fantôme d’Agatha Christie, des diplomates et des hommes d’affaires. Aucun risque de voyager avec un passager ayant des chaussettes titillant vos narines ! Mais il vous faudra y mettre le prix : à partir de 17 000 euros pour un Paris-Istanbul à l’été 2021.
Quand on aime, on ne compte pas, et comme pour ce tarif on n’a même pas besoin de composter son billet, pourquoi se priver...

Photo de Une : Embarquement pour une traversée nocturne d’une partie de l’Europe...© DR

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