Le train des Merveilles

Le train des Merveilles reprend vie : La ligne Nice-Breil-Tende rouverte

Après la tempête Alex et 15 mois de travaux, la ligne Nice-Breil-Tende rouvre au public. Habitants et élus saluent un chantier emblématique de solidarité et de résilience.

«  Quand je dis que j’ai sauvé la ligne, on a sauvé la ligne. Attention, c’est un travail collectif  », déclare le ministre des Transports, Philippe Tabarot, alors que le premier train depuis 15 mois s’élance de la voie G de la gare de Nice-Ville vers Breil-sur-Roya et Tende. À bord, élus, habitants et représentants des travaux célèbrent l’achèvement d’un chantier de 74 millions d’euros, un effort collectif financé majoritairement par la région Sud, l’État et la SNCF. La ligne Nice-Breil-Tende, inaugurée en 1928 et surnommée « train des Merveilles » depuis 2002, relie les vallées des Paillons et de la Roya au littoral et à l’Italie.
Lors de la cérémonie en gare de Breil-sur-Roya, Renaud Muselier, président de la région, rappelle le rôle central de la ligne dans la vie des vallées après la tempête Alex en 2020 : «  Dans ce moment terrible, la solidarité nationale et régionale n’a pas fait défaut : dans l’urgence pour aider les sinistrés et organiser le ravitaillement de la vallée par hélicoptère mais aussi par la voie terrestre grâce au train ! » Il a souligné le soutien financier de sa collectivité, qui a couvert 54,5 millions d’euros du chantier, ainsi que l’implication de l’État, de la SNCF, de la métropole Nice Côte d’Azur et des communautés locales.

« Ligne de vie »

Le maire de Breil-sur-Roya, Sébastien Olharan, évoque lui l’importance symbolique et pratique de cette ligne : «  Cette ligne est une ligne de vie. Notre vallée a besoin de reposer sur ses deux jambes : la route et le rail. Elle peut survivre avec une seule, mais pour vivre et se développer, elle a besoin des routes et des rails. »
Le chantier a permis la consolidation de tunnels, la sécurisation de douze ouvrages en terre, le remplacement d’un pont-rail et la rénovation de plusieurs sections de voie. Huit rames ont été modernisées pour améliorer confort et performance environnementale, et six gares ont été rénovées pour accueillir les voyageurs dans de meilleures conditions.
Dès la réouverture, la fréquence est renforcée : un train par heure entre Nice et Breil, et un train toutes les 30 minutes entre Nice et Drap, avec des circulations saisonnières jusqu’à Tende. Philippe Tabarot insiste sur la mobilisation collective et rappelle la portée stratégique du projet : «  La région a été formidable en termes de financement, les équipes SNCF Réseau également, et c’était indispensable. Ce n’était pas simplement moderniser ou régénérer une ligne comme une autre. C’est une ligne particulière, internationale, qui menaçait de fermer depuis de nombreuses années. »

©Régis Cintas Flores

Fréquence et fiabilité

Et tandis que quelques habitants réclament déjà davantage de trains vers Tende, le ministre assure que le dossier ne s’arrête pas là : «  Ce n’est pas terminé. Nous allons poursuivre la modernisation au-delà de Breil vers Cuneo et Vintimille, avec des financements de la France, de l’Italie, probablement de la région et de l’Europe. L’idée est d’aller le plus rapidement possible pour augmenter la fréquence et améliorer la fiabilité de la ligne. Les financements européens pourront se débloquer à partir de 2027. » Au-delà des chiffres, la journée marque un retour à la continuité. «  Aujourd’hui, nous tournons une page et écrivons un nouveau chapitre », conclut Philippe Tabarot.
Pour les vallées, le train des Merveilles n’est pas seulement de retour, il reprend sa place dans le quotidien, entre désenclavement, mémoire collective et promesse de développement.

Photo de Une ©Lara Balais