Londres devrait appeler

Londres devrait appeler Marx au gouvernement...

Même dans ses pires cauchemars, le général de Gaulle n’aurait pu imaginer une "chienlit" aussi parfaite que la situation politique actuelle chez nos voisins d’un Royaume qui n’a plus d’Uni que le nom.
Car il faut être au moins Grand Breton, et donc doté d’un sens inné de l’humour grinçant, pour réussir à organiser un tel bazar !

Grande gueule, le conservateur iconoclaste Boris Johnson a claironné fort en faveur du Brexit jusqu’à ce que celui-ci soit voté, d’une courte tête, mais voté quand même, nonobstant les Écossais et les Irlandais du Nord qui auraient voulu rester dans l’Europe. À la suite de quoi, Johnson a - courageusement - démissionné, refilant la cocotte sous pression et prête à exploser à cette pauvre Theresa May, qui n’en peut plus d’avaler des chapeaux ressemblant à ceux portés par sa Gracieuse Majesté.

C’est un petit peu comme si l’on avait confié le destin de l’une des premières puissances du monde à Marx. Je veux parler bien sûr de Groucho. Dans "Une nuit à Casablanca" (1946), le Brother déjanté est le directeur - sans aucune autre compétence que sa folie - d’un hôtel dans lequel des Nazis ourdissent un complot pour récupérer un magot. Le film est très drôle, contrairement à ce qui se passe à Londres. Mais la situation est à peu près identique : Groucho au volant, qui conduit à toute berzingue, en fonçant droit dans le mur.

On pensait qu’il n’y avait que lui pour se placer dans des situations aussi totalement inextricables... Mais non, on peut compter sur le gouvernement et le parlement des bords de la Tamise pour imaginer le scénario absurde d’un peuple convoqué aux urnes pour élire des députés européens qui ne le seront sans doute pas pour cause de Brexit...

En son temps, Churchill avait déjà annoncé qu’entre le grand large et l’Europe, son pays préfèrerait toujours le grand large. Ce n’était pas seulement un bon mot sur un choix politique, mais une prophétie qui est malheureusement - en train de se réaliser.
Certes, la Grande-Bretagne n’a jamais été vraiment "européenne", préférant sa Livre à notre Euro, jouant de son exception jusqu’à la caricature. Mais c’est un grand pays, qui part à la dérive vers un grand large plus qu’incertain, avec lequel les 27 ont noué des liens économiques puissants. Cela me fait penser à ce mythique bulletin météo de la BBC annonçant qu’une grosse dépression avait accumulé les nuages et le brouillard sur la Manche, et qu’en conséquence "le continent est isolé". Au point où ils en sont, nos amis d’Albion n’ont plus qu’à faire brûler un cierge. Et appeler à un gouvernement d’union nationale avec Groucho Marx comme Prime minister, Laurel aux finances, Hardy aux affaires étrangères, WC Fields à la santé, et les Monthy Pythons chargés des relations avec l’Europe...

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