Masques : explications

Masques : explications embarrassées à l’Assemblée

En Europe, le SRAS avait été un avertissement sans frais. Juste une trouille bleue de voir débarquer cette « grippe » qui est finalement restée délimitée à l’Asie, ne faisant officiellement qu’un bon millier de morts. A l’époque – nous étions en 2003 – les autorités chinoises avaient d’abord commencé par nier cette épidémie qui aurait pu porter atteinte à l’image du régime avant de prendre des mesures d’hygiène très strictes : interdiction de cracher, obligation de se laver régulièrement les mains, de passer sur des paillassons, mise en quarantaine de quartiers entiers à Pékin avec des sas d’entrée et sortie contrôlés, distribution de matériels pour mesurer sa fièvre, etc.

Et bien sûr, nous y voilà : distribution de masques à la population. Près de vingt ans plus tard, force est de constater que nous n’avons rien appris de cet épisode du SRAS, que nous n’en avons tiré aucune leçon de bon sens. Non seulement les pharmacies ne disposent pas de masques à distribuer à la population, mais nous ne disposions même pas d’un stock de base pour les médecins, infirmières, ambulanciers de nos hôpitaux.
Il n’est pas étonnant que la colère des soignants ait été relayée ce matin par les parlementaires de tous bords lors de la séance exceptionnelle de questions-réponses au gouvernement organisée à l’Assemblée nationale.

Nos représentants ont souligné que les protections annoncées à coup de clairon ne sont «  toujours pas arrivées », le gouvernement étant obligé de reconnaître des « difficultés logistiques » dans la distribution. Voilà de quoi rassurer les policiers et gendarmes chargés de faire respecter le confinement et toutes les personnes qui travaillent au contact du public.
Dans l’urgence, cinq millions de masques de l’armée ont tout de même été déstockés. Ils seront bien utiles. Édouard Philippe a chiffré à 100 millions le nombre de masques disponibles en France.

Le nouveau ministre de la Santé, Olivier Véran, a rappelé que «  jusqu’en 2011, et ensuite jusqu’en 2013 - c’était une autre mandature - il y a eu jusqu’à un milliard de masques de stock d’État  ». Ensuite, « il a été décidé » que ce stock « n’était plus indispensable, tant les capacités de production mondiales de masques étaient désormais intenses ».

Intenses peut-être, mais insuffisantes sûrement, alors que 155 pays en ont besoin en même temps.

Autre enseignement : le Premier ministre a écarté la mise en place d’un dépistage généralisé du coronavirus en France qui, selon lui, ne servirait à rien, sinon à paralyser les moyens d’analyses.

Visuel de Une : illustration DR

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