Mesdames et messieurs,

Mesdames et messieurs, veuillez donc ne pas trop agréger...

Un an de gilets jaunes qui n’ont peut-être pas encore dit leur dernier mot.... La colère des étudiants précarisés, traumatisés par le suicide de l’un d’eux à Lyon. Les paysans, lassés des attaques à leur endroit, alors que beaucoup n’arrivent plus à joindre les deux bouts, tandis que les prix des produits alimentaires continuent à s’envoler dans les grandes surfaces, sans répercussion chez les producteurs. La quasi totalité des syndicats de la SNCF et de la RATP qui appellent à la grève à partir du 5 décembre pour les retraites. Des frétillements de débrayage à Air France, jamais en retard dans les luttes. Les médecins, infirmières, personnels soignants du public qui n’en peuvent plus des fermetures de lits, des agressions aux urgences, des salaires "plancher". Les enseignants, lésés par la même réforme des retraites, sur le point de faire l’école buissonnière. Les routiers, qui sont prêts à ne plus être "sympas". Même les agents des Impôts qui sont remontés contre une nouvelle carte des services publics. Et pour faire bonne mesure, les avocats, notaires, experts-comptables et tous les régimes spéciaux qui se préparent à une nouvelle grande marche sur le pavé parisien...
Dans cette cohorte des professions, il n’y aurait gère que les dentellières du Puy et les réparateurs de sabots en bois qui ne se sont pas encore fait entendre. Cela fait peu, et c’est bien pourquoi Édouard Philippe avance sur la pointe des pieds, sur un terrain miné, prêt à exploser à la première étincelle...

La grande trouille du gouvernement, c’est l’agrégation de tous ces mécontentements.

La peur d’un blocage de type 1995 lorsque toute la France a été "mise à pied" pendant trois semaines, sans trains ni avions, les raffineries de pétrole bloquées, l’économie à l’arrêt.
L’état de nos finances laisse à l’exécutif des marges de manœuvres de l’épaisseur d’un papier à cigarette. Sur les ronds-points, les "conquêtes" de l’année dernière (prime de fin d’année, baisse ou suppression de la TH, etc. qui représentent tout de même 20 milliards) ne sont pas considérées comme un bonus mais comme un simple rattrapage, et encore bien tardif.
Selon un sondage Odoxa paru la semaine dernière, 69% des Français jugent même le mouvement des "gilets jaunes" justifié, ce qui en dit long sur les attentes et l’état d’exaspération d’un pays qui a vu se creuser la pire des inégalités : ceux qui sont bien au chaud avec un travail normalement rémunéré qui permet de vivre, et les autres de plus en plus précarisés, qu’ils soient chômeurs, en fin de droits, petits retraités, travailleurs pauvres. Il faudra du doigté pour réussir à passer cet hiver...

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