MIPIM 2015 : une révolutio

MIPIM 2015 : une révolution immobilière digitale et collaborative

La 26ème édition du salon international des professionnels de l’immobilier (Mipim) qui s’est déroulée à Cannes du 10 au 13 mars 2015, a attiré près de 22 000 participants originaires de 93 pays dont 4 500 investisseurs. Un rendez-vous incontournable placé cette année sous une thématique-phare : la Ville de demain, combinant numérique et économie du partage.
« Le digital a un réel impact sur de nombreux secteurs tels que la santé, la communication, la finance ou le divertissement. Même si elle n’est pas la première concernée par la révolution digitale, l’industrie de l’immobilier se doit de s’interroger sur la manière dont elle pourra s’adapter à son tour aux grands mouvements actuels de notre société. », confirme en préambule Filippo Rean, directeur de la division immobilier chez Reed MIDEM. 

La Ville Collaborative 2.0 : quel modèle d’urbanisation à horizon 2050 ?

2 % de la surface de la terre sont occupés aujourd’hui par les villes. D’ici 2050, elles accueilleront 70 % de la population mondiale et seront à l’origine de 80 % des émissions de CO2. Pour anticiper ces enjeux démographiques, environnementaux, économiques et sociaux, les Etats se sont orientés depuis 10 ans vers un nouveau modèle de ville durable intelligente et hyperconnectée : les « smart cities ».
L’économie numérique urbaine est désormais irriguée par des Big Data aux flux d’informations multisectoriels toujours plus volumineux, accessibles en Open Data aux citoyens via la smart mobilité et par des smart grids ou réseaux de distribution d’électricité intelligents au fort potentiel de croissance à l’international.… Un mouvement qui semble inéluctable.

La Ville « intelligente » amorce une nouvelle étape de sa mutation.
Dans sa quête de transparence, de coopération collective et d’autonomie, elle devient collaborative et met désormais l’accent sur le dialogue direct et les relations tissées entre administrations et citoyens à travers une multiplicité d’applications et de plateformes numériques de proximité au service de ses habitants.

Paris, Lyon et Nice, trois smart-cities pionnières aux usages innovants

Paris qui impose désormais des clauses d’Open Data aux entreprises postulant pour les marchés publics, se distingue par deux expériences originales. La première, lancée en 2007, au sein de la Cité internationale universitaire invitant artistes, architectes, paysagistes, urbanistes et riverains à imaginer ensemble la ville du futur sur la base des nouvelles technologies a donné naissance à une trentaine de projets à la croisée de l’art et du développement urbain. La seconde expérience est à l’initiative d’Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine. La Ville soutient depuis 2001 le développement du numérique qui représente aujourd’hui 40% de ses emplois locaux. Elle a initié en Avril 2012 un projet expérimental, Issygrid ®, visant à tester l’optimisation des consommations et des productions d’énergies renouvelables pour réduire la facture énergétique au sein de deux quartiers « Seine Ouest » et « Fort d’Issy ».Le projet piloté par Bouygues Immobilier rassemble 10 grands acteurs industriels et des start-up innovantes. Du diagnostic initial au pilotage opérationnel du quartier, le développeur-opérateur urbain, chef de file d’une nouvelle génération de bâtisseurs s’engage ainsi aux côtés des administrations publiques en faveur du mieux vivre ensemble. « Nous nous positionnons comme partenaire des collectivités pour les accompagner dans la gestion optimisée des quartiers qui doivent désormais conjuguer mixité sociale, efficience énergétique, éco-exemplarité et responsabilisation citoyenne, flexibilité d’usage et services de proximité numériques. », explique Éric Mazoyer, Directeur Général Délégué Bouygues Immobilier.
A terme, l’expérimentation concernera au quotidien 2 000 logements, 5 000 habitants 160 000 m2 de bureaux et 10 000 employés.

Chantre de la transition énergétique et des smart grids, le territoire lyonnais favorise de son côté les entreprises qui s’engagent dans la voie du Big Data et accueille un nombre remarquable d’expérimentations et de démonstrateurs : Lyon Smart Community (avec le NEDO) ; Greenlys ; Smart Electric Lyon ; Watt & Moi ; le déploiement expérimental de Linky ; le projet européen "Transform" en partenariat avec Amsterdam, Copenhague, Vienne, Gene et Hambourg, etc.
Portée par cette dynamique, Lyon confirme son statut de 1er marché régional immobilier français et d’Eurocité performante aux côtés de ville comme Barcelone, Bruxelles et Amsterdam. Elle génèrerait à elle seule plus de 870 millions d’euros d’investissements dont 26% provenant de fonds internationaux pour financer un parc immobilier tertiaire en forte progression depuis 10 ans (45%). Parmi ses projets mis à l’honneur cette année : Lyon Part-Dieu, Lyon Confluence, Lyon Carré de Soie et Lyon Gerland.

Nice lance son smart innovation center

Sous l’impulsion de Christian Estrosi et en lien étroit avec l’Université Nice Sophia-Antipolis, la métropole Nice Côte d’Azur, classée parmi les cinq premières smart cities mondiales, inaugure au cœur de l’Ecovallée une plateforme collaborative unique en France. Installé à l’IMREDD(Institut Méditerranéen du Risque de l’Environnement et du Développement Durable) au sein d’un showroom de 300 m², le smart innovation center, futur Eco-Campus de la Plaine du Var, a pour vocation de permettre au monde de l’Université et de la recherche de travailler en synergie avec des industriels leaders en matière d’innovation et de ville intelligente (Veolia, IBM, m2ocity, Orange,). Le Monitoring Urbain Environnemental (MUE) sera l’une des premières applications présentées : à travers le déploiement d’un réseau de près de 3 000 capteurs sur un territoire de 160 hectares à Nice Ouest, des données d’ordre environnemental seront collectées (qualité de l’air, bruit, eau et énergie, gestion des déchets…) et traitées pour tester une vingtaine de nouveaux services et améliorer ensuite les services aux habitants, aux entreprises, aux collectivités.

Transports et smart mobility

La Ville doit également intégrer dans son développement urbain une politique de transports durable, multimodale et alternative. Paris lors du MIPIM a présenté dans cette perspective ses travaux de valorisation urbaine au sein du Grand Paris autour des gares et sites industriels ainsi que les projets immobiliers connexes de la ligne 15 Sud du Grand Paris Express dont en avant-première : l’écoquartier de Louvres et Puiseux en milieu périurbain avec 3300 logements pour les salariés du Grand Roissy sur trois sites, EuropaCity futur quartier des loisirs du Grand Paris qui proposera sur 80 hectares, un alliage inédit de loisirs, de culture, de commerce et d’hôtels dans le Triangle de Gonesse, Terre d’avenir à Sevran, dédié aux pratiques et à l’économie du sport et le Grand Stade de rugby à Ris-Orangis / Bondoufle. L’offre foncière et immobilière très compétitive confortée par l’attractivité aéroportuaire du Grand Roissy devrait contribuer à développer viviers d’emplois autour du secteur logistique et économie d’échanges. Une dynamique francilienne au service du rayonnement international de la capitale et de la qualité de vie de ses habitants.
Pour ajuster l’offre de transports au quotidien en interaction avec les usagers, le numérique et le smartphone en particulier -61% de mobinautes en France en 2014 selon le cabinet Deloitte- sont devenus les outils incontournables des collectivités. « Afin de faire face à la mobilité croissante des ménages et des marchandises engorgeant la circulation intra-urbaine et influencer le comportement responsable des usagers, nous allons dès fin mars 2015 expérimenter diverses applications de mobilité intelligente auprès des familles, notamment le co-voiturage et le park-sharing dans le cadre du trajet domicile-école. » a ainsi annoncé lors du Salon Eric Legale, Directeur Général d’Issy média.

Espace collaboratif Nextdoor
Espace collaboratif Nextdoor

Economie collaborative : quels nouveaux enjeux pour les citoyens et les entreprises ?

Les concepteurs de villes intelligentes doivent avant tout se mettre au service des citoyens et s’adapter à leurs besoins ainsi que l’ont rappelé les intervenants du débat sur la révolution digitale urbaine dans le cadre des Matins de l’Economie. Claire Martin, directrice de la Fondation Renault, revient ainsi sur l’expérience du télétravail au sein du constructeur automobile : « Nous avons donné la possibilité à nos salariés de travailler jusqu’à quatre jours chez eux, mais l’isolement relationnel les incite à n’y rester que deux jours. » Bouygues Immobilier sous la marque Nextdoor propose en ce sens une solution innovante : des espaces de travail collaboratifs intelligents en milieu urbain, dédiés aux salariés nomades des entreprises, télétravailleurs, TPE et PME afin d’accompagner leur développement au sein du tissu économique local.

Pour Philippe Morel, Président de Nextdoor, « ils préfigurent le bureau de demain, pensé et conçu pour les utilisateurs et leurs nouveaux usages ». Ces espaces professionnels aux standards élevés, flexibles, identitaires et mutualisés, sont en effet dotés de bureaux privatifs et partagés, de salles de coworking et de réunions modulables. Ils intègrent aussi tous les services et espaces collaboratifs adaptés aux nouvelles formes de travail : casiers personnels, call box avec isolation phonique, coins café et restauration, business lounge, bibliothèque, salle de brainstorming, salons, terrasses et jardin. Nextdoor permet également aux utilisateurs de bénéficier d’un emplacement de parking, d’une domiciliation, d’une conciergerie d’entreprise, de durées d’engagement libres. Le premier immeuble Nextdoor, implanté au sein du pôle tertiaire d’Issy-les-Moulineaux,ouvrira ses portes le 1er juin 2015, avant un déploiement sur tout le territoire national.

Fin du greenbusiness ?

La Ville de Hambourg en Allemagne a su démontrer qu’il n’en était rien. A travers son IBA ou vitrine internationale d’architecture et d’urbanisme illustrant la ville européenne du XXIe siècle, elle a présenté 7 projets immobiliers écologiques et durables aux matériaux inédits : Maison algues équipée d’un système énergétique intelligent basé sur la biomasse des algues , Smart is gree, dotée d’une façade à énergie positive tout au long de l’année, Cubes en bois , Soft House et sa façade textile intelligente captant la lumière du soleil , Maisons Hybrides, Water houses avec et sur l’eau, voire symphonie végétale aérienne, à l’instar du projet immobilier de One Central Park à Sydney conçu par l’architecte Jean Nouvel , l’un des lauréats des MIPIM Awards 2015.

Water house
One central park - Jean Nouvel Patrick Blanc - Photo copyright Murrayfre

Marchés immobiliers émergents 2015 : l’Europe et l’Amérique du Nord

En termes de représentativité, détrônant la Russie sponsor d’honneur ces dernières années après un long leadership du Moyen-Orient, l’Europe et l’Amérique du Nord se sont fortement imposées avec pour têtes de pont : l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique et les Pays-Bas, les États-Unis et le Canada. L’offre immobilière se concentre désormais sur les infrastructures logistiques (transports urbains notamment) dans le cadre de vastes programmes urbains. Selon le cabinet de conseil en opérations immobilières Cushman & Wakefield, les investissements dans le secteur devraient augmenter de 11% en 2015 pour atteindre 1 200 milliards d’euros. Grands absents de cette édition 2015 : l’Asie principalement la Chine et l’Inde privilégiant désormais une édition qui leur est entièrement dédiée en décembre.

Cette 26 ème édition confirme avec une affluence en hausse par rapport à 2014 une embellie raisonnée du marché immobilier international plus centré sur le développement harmonieux et cohérent de son écosystème urbain…

Photo de Une : vue d’ambiance MIPIM 2015 Crédit Dominique Ruffat

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