Mots de passe et impairs…

Mots de passe et impairs…

Il faut croire que, comme tout un chacun, les présidents des États-Unis rapportent un peu de boulot le soir à la maison après leur journée dans le bureau ovale. On a ainsi retrouvé chez Trump et chez Biden des dossiers qui n’avaient rien à faire-là, empilés sous la poussière du garage. Cela pose problème quand les documents sont « classified » et même pour certains « secret défense » alors qu’ils se trouvaient sans précaution particulière à la portée du premier venu, comme le jardinier ou la femme de ménage.
Pour la France, alors que nous utilisons généralement des mots de passe trop faciles à deviner par les hackers, on espère que le code de l’arme atomique n’était pas « Bernadette » du temps de Chirac, « Carla mon amour » du temps de Sarkozy, et encore « Rue du cirque » pour Hollande. Quant à Emmanuel Macron, on lui suggère respectueusement de changer son mdp si d’aventure il avait choisi « Bribri » ou « Réforme des retraites »...

Gardons-nous bien de mésestimer Harry. Voici un garçon qui, à 38 ans seulement, s’est déjà montré capable de pondre 500 pages de « mémoires » quand sa grand-mère, la très aimée Queen Elisabeth II, n’a pas réussi en plus de 70 ans de règne à laisser derrière elle le moindre écrit, pas même une recette de tarte à la rhubarbe.
Ce garçon à la chevelure de feu a été traumatisé au seuil de l’adolescence par la perte de sa mère, la très gracieuse Lady Di. Dans les conditions abominables que l’on sait, et ce qu’il a pu lire, entendre et voir sur ce fait divers tragique a évidemment laissé des traces et des rancœurs impossibles à digérer. Le succès de librairie de ses mémoires, doublées d’une série télévisée, est à mettre sur la franchise souvent maladroite et parfois déplacée de ses propos.
Dans les chaumières du Devon comme dans les quartiers chics de Londres, on n’ignore plus rien de la perte de son innocence avec une dame plus âgée. On se régale avec gourmandise qu’il dézingue à tout-va son proche entourage en n’épargnant personne, jusqu’à son père, le très nouveau Charles III, à peine assis sur le trône. Ce n’est pas vraiment du niveau d’un membre de la famille royale, de ce duc de Sussex, comte de Dumbarton, également fait baron Kilkeel en 2018, titre créé sur-mesure par Elisabeth II à l’occasion de son mariage avec Meghan.
Le tirage de son bouquin et le ruissellement de livres sterling et de dollars qu’il engendre vont contribuer au maintien du niveau de vie du « puîné » qui mène grand train dans sa cabane au Canada de 1 400 mètres carrés habitables où il entretient un personnel nombreux. Certes, Harry ne montera jamais sur le trône d’Angleterre, privilège réservé à son frère ainé, le pas très glamour William, et aux trois enfants de ce dernier. Harry peut en concevoir de l’amertume, cela se comprend.
En France, monarchie républicaine, on sait depuis le départ de François Hollande de l’Élysée qu’un président « ne devrait pas dire ça » lorsqu’il se lâche sur des confidences. Outre-Manche, un prince de sang ne devrait pas « écrire cela » pour tenir son rang, même s’il ne fait plus partie des « Royals ».
Après ce déballage, les tabloïds britanniques et les ménagères espèrent bien sûr une suite tout aussi croustillante.
Car on aime jamais rien tant que détester ce que l’on a adoré.

Jean-Michel CHEVALIER

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