Nous vivons une époque

Nous vivons une époque formidable, le savez-vous ?

Il suffit de jeter un œil sur un journal "d’avant" la guerre du coronavirus pour se rendre compte à quel point nous sommes aujourd’hui bien "tranquilles pépère" dans un monde quasi idéal.

Vous ne me croyez pas ?

Alors permettez moi de vous rafraîchir la mémoire pour vous rappeler deux exemples parmi tant d’autres de ce que l’on devait supporter au quotidien sans broncher. Vraiment, en ces temps d’avant le 8 mars, la vie n’était pas facile, et on l’a déjà oublié. Il y aura de quoi raconter à nos petites enfants !
Figurez-vous que, les lumières à peine éteintes sur la 45ème soirée des César, l’on continuait à s’étriper dans les coulisses de l’événement. Après Roman Polanski, artistiquement récompensé, médiatiquement condamné, voilà que tous les regards se sont tournés sur l’animatrice de la soirée, Florence Foresti, qui a tenté l’humour pour détendre une atmosphère plombée. Il aurait été plus sage de faire une marelle dans un champ de mines ! D’après ses chers collègues du show business, elle est passée de "courageuse" à "minable", puis de "écœurée" à "écœurante", de "hyène" à "antisémite".
N’en jetez plus !
Autre drame, et pas des moindres : en football, les clubs privés de recettes sont obligés de baisser drastiquement le salaire des joueurs pour ne pas tirer le rideau. Dur, dur ! Mais comment Neymar, Messi et les autres stars du ballon rond vont-ils s’en sortir avec leurs seules indemnités de chômage partiel ? Aucun syndicat pour les défendre ! Les tribunes populaires des stades sont, à juste raison, scandalisées par ce drame social. Quand les
premiers de cordée du terrain vert sont à Pôle emploi, ceux qui ne disposent que du RSA ont en effet du souci à se faire...
Comme le 11 septembre, la soirée Foresti et le sort de Messi marqueront durablement les esprits. Dans vingt ans, quand les mères de jeunes enfants se demanderont s’il est bien prudent de faire vacciner bébé contre le
Covid parce que l’on dit sur les réseaux sociaux que cela peut provoquer une chute des cheveux (le cousin de ma voisine l’a rapporté en toute confidentialité, parce qu’il le sait de source sûre pour travailler à l’hôpital, au service de la blanchisserie), on dira : "tu sais, l’année où le salaire de Neymar a été revu à la baisse".

Alors ne me parlez pas des tickets de rationnement de nos grands pères, de leur ventre vide trois jours sur quatre, de leur peur permanente de visites domiciliaires et des bombardements.
Tout cela n’est rien à côté des drames que nous vécûmes juste avant ce confinement qui nous permet un peu de "souffler", terme mal choisi, je vous
l’accorde.

J.-M. CHEVALIER

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