Philippe Gautier « La (...)

Philippe Gautier « La reprise espérée en 2016 reste fragile »

Le BTP a encore perdu de l’activité et des emplois mais les prévisions sont plus favorables pour cette année. Une tendance qui reste à confirmer

- Quelle est la situation globale du BTP dans le département ?
Le bâtiment vient de connaître des années difficiles et 2015, a encore vu une baisse d’activité, surtout dans les travaux publics. En quatre ans, nous avons perdu 20% du volume d’affaires.

- Ce qui s’est traduit en perte d’emplois ?
Evidemment, 3000 postes disparus depuis 2012, dont 800 équivalents temps plein en 2015. Il n’y a pas eu de licenciements secs, mais des non-renouvellement de départs à la retraite et des salariés basculés en formation. Quelques entreprises, malheureusement, ont été défaillantes. Notre activité représente 22 500 emplois. Il faut rajouter les intérimaires, mais c’est très variable d’un mois à l’autre, nous n’avons pas de statistiques fiables.

- Donc un tableau assez sombre ?
Pour 2016, il semble qu’il y ait un début de reprise, mais c’est fragile. Le PTZ est élargi, il permet dorénavant de financer jusqu’à 40% d’un logement neuf et des travaux dans l’ancien. C’est une bonne mesure gouvernementale. Les taux d’intérêt sont très bas, les conditions sont donc favorables. Mais le manque de visibilité à long terme ne favorise pas la confiance, indispensable pour que les ménages s’engagent dans des investissements.

- La multiplication des recours ?
Beaucoup sont abusifs ! Ils ralentissent les projets de plusieurs mois, voire de plusieurs années, quand ils ne les font pas capoter. Un permis de construire sur deux est attaqué ! Pour éviter cette situation, il faudrait que les gens faisant ces recours cautionnent auprès du tribunal, ce qui éviterait les abus.

- Comment se portent les travaux publics ?
il y a peu de projets. A cause de l’Etat qui baisse ses dotations aux collectivités. La ligne 2 du tram va donner du travail, je l’espère, à nos entreprises pendant deux ans, mais il faut que nos élus tiennent leurs engagements du Small Business Act, c’est à dire que les « petits » marchés doivent revenir préférentiellement aux entreprises locales. Il y a du potentiel, avec le campus de l’apprentissage, les digues du Var…

- Avez-vous un plan d’attaque ?
A la fédération, on voudrait recenser les projets rapides et peu coûteux, qui faciliteraient la vie de nos concitoyens comme la 202-bis qui sortirait directement à Saint-Laurent du Var, ou la finition de la pénétrante Cannes-Grasse.

- La concurrence ?
Des entreprises de Roumanie, Bulgarie et Pologne viennent travailler chez des particuliers. Pour nous, la concurrence est déloyale car au niveau des charges salariales, c’est le jour et la nuit et on ne peut pas s’aligner. Ensuite, il y a le détachement de salariés, nous sommes bombardés par les sociétés d’intérim de ces pays qui nous proposent des maçons, carreleurs ou peintres à prix cassés, mais les conditions ne respectent pas la légalité. Quant aux autoentrepreneurs, c’est l’ubérisation de notre société…

- La relève est-elle assurée ?
Le centre de formation du bâtiment d’Antibes avait 1200 apprentis il y a quelques années, maintenant c’est 800. Dans des sections comme peinture, carrelage, menuiserie, c’est dramatique. Les jeunes ne sont plus attirés, n’ont plus de projet personnel. Il faut se poser les bonnes questions. Les acteurs de la société doivent se poser les bonnes questions.

Son parcours
-  Né à Nice en 1952
-  Marié, père de deux enfants
-  DUT Techniques de Commercialisation
-  Dirigeant associé de l’entreprise Giani, 40 salariés, La Trinité
-  Conseil de Prud’hommes, administrateur Assedic et CAF
-  Président de la FTP-06 depuis 2015

Légende photo : Philippe Gautier préside la Fédération-06 du BTP qui représente 700 entreprises et 1300 salariés. (Photo JMC)

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